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LES ESTIVANTS de Valeria Bruni Tedeschi : la critique du film

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La Mondo-Note :

Carte d’identité :
Nom : Les Estivants
Mère : Valeria Bruni Tedeschi
Date de naissance : 2018
Majorité : 30 janvier 2019
Type : Sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 2h08 / Poids : NC
Genre : Comédie dramatique

Livret de famille : Valeria Bruni Tedeschi, Pierre Arditi, Valeria Golino, Riccardo Scamarcio, Noémie Lvovsky, Yolande Moreau, Laurent Stocker…

Signes particuliers : Présenté à la Mostra de Venise, un film long et dense, qui alterne le bien et le moins bon tout au long de sa balade estivale.

LA VIE ET LA FAMILLE SELON VALERIA BRUNI TEDESCHI

LA CRITIQUE DE LES ESTIVANTS

Synopsis : Une grande et belle propriété sur la Côte d’Azur. Un endroit qui semble hors du temps et protégé du monde. Anna arrive avec sa fille pour quelques jours de vacances. Au milieu de sa famille, de leurs amis, et des employés, Anna doit gérer sa rupture toute fraîche et l’écriture de son prochain film. 

Cinq ans après Un Château en Italie, la comédienne Valeria Bruni-Tedeschi est de retour à la réalisation d’un long-métrage de cinéma avec le film choral Les Estivants, une comédie dramatique réunissant dans son sillage, une impressionnante distribution parmi laquelle Valeria Golino (fabuleuse et qui survole la distribution), Riccardo Scamarcio, Pierre Arditi, Yolande Moreau, Noémie Lvovsky, Laurent Stocker ou encore Vincent Perez. Pour nous introduire dans sa nouvelle fantaisie, Valeria Bruni-Tedeschi incarne une réalisatrice qui vient de se faire plaquer au pied des vacances. Quand elle arrive dans la maison familiale sur la Côte-d’Azur, c’est une femme blessée qui va devoir se débattre dans un monde où chacun doit affronter les zones d’ombre de sa vie.

Valeria Bruni-Tedeschi se raconte t-elle dans Les Estivants ? Oui et non, mais plutôt oui que non. De son aveu, la cinéaste voit son nouveau film comme une « autobiographie inventée », reconnaissant volontiers la contradiction de l’expression, mais y voyant pourtant un bon moyen d’expliquer ce qu’incarne ce nouvel effort qui raconte un peu le monde dans lequel elle évolue, qui fait souvent référence à sa vie, qui s’inspire même de plusieurs moments fondateurs de son parcours, mais sans jamais faire preuve d’une fidélité disciplinée vis à vis de la réalité. Une réalisatrice à la recherche de financements pour son nouveau long-métrage, une famille riche, une sœur qui attire le regard, une mère pianiste, un père qui a été dans les affaires, un frère mort du sida, une séparation douloureuse, un chanteur d’opéra, une fille adoptive d’origine africaine… Beaucoup d’éléments dans Les Estivants renvoient directement à la vie de l’actrice-réalisatrice, et pourtant le film n’est pas une véritable autobiographie. Disons plutôt que Les Estivants est une sorte de thérapie fictionnelle, à travers laquelle Valeria Bruni-Tedeschi projette certaines choses tout en espérant qu’elles parleront aux spectateurs et qu’ils y trouveront potentiellement des liens universels disséminés tout au long de la balade. Car même si une pointe de bobo-nombrilisme végète autour de ces Estivants, le film parle en creux de la famille, de ces retrouvailles où chacun essaie de montrer un autre visage en cachant les fêlures et les soucis qui rongent dans l’obscurité. Que l’on riche ou pauvre, les petits malheurs de la vie sont finalement les mêmes pour tout le monde et l’argent n’a jamais été un couvre-chef protégeant des pluies d’emmerdes. Ils sont juste un peu différents et encore, pas toujours. Et ce qui est sûr, c’est que face aux démons intérieurs, on est souvent bien seul et c’est justement cette triste solitude que le film essaie d’observer avec une patte tour à tour caustique, tragique, poétique ou fantaisiste.

Chronique familiale foisonnante où le rire épouse l’amertume et où l’amusement côtoie le deuil, la création ou la séparation, Les Estivants suit un chemin qui lui est propre avec une liberté assez séduisante et décalée. Une liberté qui est à la fois la force d’un film sublimé par un univers très personnel et singulier, et son principal frein quand on ressent cette impression de voir Bruni-Tedeschi mal maîtriser son cheval qui s’emballe. Par moments, le mariage des tons perturbe, agace même, et dans ces moments justement, Les Estivants ressemble à un effort bohème un peu foutraque qui s’auto-amuse en quittant toute réalité pour s’enfermer dans son monde marginalement lunaire. Comme quand il s’essaie à la tentative de commentaire socio-politique par exemple, lequel tombe complètement à plat tant il a du mal à s’intégrer dans un métrage qui lutte pour mettre de l’ordre dans ses idées. Mais au final, le plus gros problème du film n’est pas tant ce côté joyeux bazar désordonné, mais le fait que l’on se demande sans cesse si les existences de ces personnages nous intéressent vraiment. Elles divertissent peut-être vaguement de loin par moments, mais de là à vraiment accrocher notre curiosité, il y a un gouffre que Valeria Bruni-Tedeschi ne parvient pas à franchir faute de réussir à nous emmener dans son monde.

BANDE-ANNONCE :

Par Wilfried Rennahan

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