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Père : Le Garçon
Date de naissance : 26 mars 2025
Type : sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h37 / Poids : NC
Genre : Documentaire, Comédie dramatique, Docu-fiction
Livret de famille : Damien Sobieraff, Nicolas Avinée, Isabelle Nanty, François Berléand…
Signes particuliers : Intéressant.
Synopsis : Tout débute avec les photos d’une famille. Une famille inconnue, qu’on a l’impression pourtant de connaître. Au centre : ce garçon. Qui est-il ? Quelle est son histoire ? Et si chaque individu était aussi le héros involontaire d’un conte ? Une enquête familiale vertigineuse, où réalité et fiction se mêlent jusqu’à se confondre parfois.
ET SI L’ON ETAIT TOUS LE HEROS DE NOTRE PROPRE HISTOIRE ?
NOTRE AVIS SUR LE GARCON
Et si chaque vie était l’héroïne de sa propre histoire, de son propre conte ? Commençons comme un conte alors… Il était une fois un lot de photos dénichées sur une brocante. Presque 200 clichés d’une famille lambda, semble t-il des années 70 ou 80. Sur la plupart des photos, un petit garçon que l’on voit grandir au fil des images. Comment ces photos de famille se sont retrouvées là ? Pourquoi avoir abandonné cette pile de souvenirs à des inconnus ? Quelle peut bien être l’histoire de cette famille ? Et notamment celle de ce petit garçon que les clichés montrent grandir sur plusieurs décennies ? Piqués dans leur curiosité, la réalisatrice Zabou Breitman et le documentariste Florent Vassault vont alors se lancer dans une grande aventure, faire un film hybride mélangeant deux idées. Durant plus de deux ans, chacun de son côté va diriger sa part du film. D’un côté, Florent Vassault va se lancer dans une invraisemblable enquête, essayer de retrouver les protagonistes de ces vieilles photos, essayer de retrouver ce petit garçon qui doit être âgé maintenant, essayer de reconstituer ce puzzle mystérieux. Sans la moindre indication pour l’aider, Florent Vassault va investiguer pendant plus de deux années comme un vrai détective privé. Et il va filmer son enquête de longue haleine. Ce sera l’une des deux moitiés du film. De l’autre côté, Zabou va prendre les clichés et imaginer une fiction à partir d’eux, imaginer fictivement comment ces photos ont pu être prises. Elle va raconter une histoire imaginée sur ces inconnus anonymes. Avec entre autres, Isabelle Nanty ou François Berléand.

Étrange, vous avez dit étrange ? Comme c’est étrange… Le Garçon est effectivement un objet filmique étrange, ou plutôt original dira t-on. Docu-fiction d’un nouveau genre, Le Garçon essaie de saisir ce qu’il y a de plus universel dans nos vies. Ces vieilles photos dénichées dans une brocante titillent quelque-chose, un vieux souvenir diffus. La photo de ces parents assis dans le jardin, celle de ce père accroupi aux côtés de son petit garçon, celle de cette mère devant son vieux papier peint à motifs, celle de cette famille en vacances… On a l’impression de les connaître ces photos, peut-être parce qu’on a tous eu ces photos, ce type de photos ayant figé des instants que tout le monde (ou presque) a vécu. C’est toute la force du film coréalisé par Zabou et Florent Vassault. En essayant de reconstituer l’histoire d’un mystérieux petit garçon tout ce qu’il y a de plus banal, le duo raconte nous, eux, lui, elle, vous. Ce petit garçon, c’est tout le monde et comme tout le monde, il a forcément une histoire qui peut être passionnante. Car au fond, toutes les histoires ne sont-elles pas passionnantes ? Certaines sont extraordinaires, d’autres plus ordinaires, mais toutes ont un point commun, des moments de vie faits de décisions, de choix, de bonheurs, d’événements ou de drames. Sous leurs et nos yeux, l’histoire de ce garçon en photo prend vie. De manière fictive chez Zabou, de manière réelle chez Vassault, lequel essaie de retracer son parcours, de la Normandie à Paris en passant par la Bourgogne ou l’Alsace.

Fiction et documentaire se mêlent et s’entremêlent dans cette œuvre hybride, palpitante dans l’enquête de l’un, émouvante dans l’interprétation fictive de l’autre. Et le spectateur d’être suspendu à un vrai suspens : qu’est devenu cet enfant des photos ? Où est-il ? D’où vient-il ? Qu’a t-il fait de sa vie ? Il serait coupable de dévoiler le fin mot de l’histoire mais ce qui est sûr, c’est que l’on est vite épris par l’envie de savoir, comme l’ont été Zabou et Florent Vassault. Tout au long de ce voyage dans l’intimité d’une famille ordinaire entre interviews d’inconnus, cavale aux quatre coins de la France où saynètes fictives, Le Garçon philosophe sur la vie, la mort, les souvenirs, l’oubli. Magnifique, intelligent, universel. Conjointement, Zabou et Vassault signent un docu-fiction passionnant qui aurait pu être parfait si les deux directions du film avaient été mieux équilibrée. C’est le seul regret. Le Garçon arbore une construction audacieuse mais maladroite et parfois confuse dans sa narration et son montage. Les deux versants ont beau se répondre, on se rend vite à l’évidence : c’est l’enquête de Vassault qui intéresse le plus dans l’affaire. L’idée d’avoir imaginé la vie de ces gens sur la base des photos est pourtant intéressante car le résultat de Zabou finira -au final- par se confronter et se comparer à la réalité de l’enquête de Vassault. La cinéaste était-elle proche de la vérité ou très loin du compte ? On a hâte de le savoir mais ces éléments fictifs prennent logiquement de la place… au détriment d’autre chose. En l’occurrence de cette enquête morcelée et ponctuée de trop nombreuses ellipses qui empêchent de bien en comprendre la conduite par Vassault. Bilan, Le Garçon est aussi formidable qu’il est frustrant. Il y avait probablement un meilleur équilibre à trouver entre les parts de documentaire et de fiction, plus de l’enquête réelle et la fiction juste en soutien. Car au final, la conduite de cette enquête documentarisée laisse un léger arrière goût de frustration.
Par Nicolas Rieux