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LA TOUR de Guillaume Nicloux : la critique du film

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Nom : La Tour
Père : Guillaume Nicloux
Date de naissance : 2022
Majorité : 08 février 2023
Type : sortie en salle
Nationalité : France
Taille : 1h29 / Poids : NC
Genre : Thriller, Fantastique

Livret de Famille : Angèle MacHatikAhmed Abdel Laoui

Signes particuliers : Guillaume Nicloux revisite le confinement dans une parabole extrême et nihiliste.

Synopsis : Au cœur d’une cité, les habitants d’une tour se réveillent un matin et découvrent que leur immeuble est enveloppé d’un brouillard opaque, obstruant portes et fenêtres – une étrange matière noire qui dévore tout ce qui tente de la traverser. Pris au piège, les résidents tentent de s’organiser, mais pour assurer leur survie ils succombent peu à peu à leurs instincts les plus primitifs, jusqu’à sombrer dans l’horreur…

 

NOIR C’EST NOIR, IL N’Y A PLUS D’ESPOIR

NOTRE AVIS SUR LA TOUR

On a vécu une situation inédite, logiquement elle a inspiré du monde. Le confinement n’aura pas tardé à titiller bien des visions d’artistes. Entre autres, Dany Boon avec son horrible comédie 8 rue de l’humanité, Jean-Pierre Jeunet avec sa fable SF ratée Bug, Adam Mason et Michael Bay avec le thriller américain Songbird ou encore le virtuel Connectés, le Lock Down de Doug Liman, la série The Morning Show… A la liste vient se rajouter tardivement Guillaume Nicloux avec une vision bien plus radicale. Loin de l’humour de Dany Boon, loin du sarcasme de Jeunet, le cinéaste livre une fable très très sombre, très très féroce, très très déprimante.

Les habitants d’une tour de banlieue se rendent compte soudainement qu’un étrange et opaque « brouillard » mortel vient de recouvrir leur immeuble. Ils ne peuvent plus sortir, ils sont piégés. Les jours vont passer, puis les semaines et les mois. Et les instincts humains vont se réveiller.
Noir c’est noir, il n’y a plus d’espoir disait Johnny. Guillaume Nicloux aurait pu se servir du tube du rocker comme leitmotiv pour son thriller horrifiant. Car le noir total dehors va bel et bien détruire tout espoir dedans. C’est une vision totalement désespérée de l’humanité que nous offre à voir Nicloux avec La Tour. Au fur et à mesure que les jours et semaines passent, au fur et à mesure que l’enfermement devient de plus en plus dur, le cinéaste imagine ce que peut faire naître une situation d’urgence, de folie et de survie. Et Nicloux ne nous épargne rien de l’horreur que produit le cheminement de son récit extrapolant certaines petites dérives du confinement en version extrême. On riait jaune de la pénurie de PQ, on rit beaucoup moins quand le manque de nourriture et d’eau vient à pousser les antagonismes dans leurs plus profonds retranchements. D’un pessimisme terrifiant, La Tour tente une réflexion pertinente sur l’humanité, son égoïsme et ses instincts primaires, mais celle-ci sombre parfois dans un certain simplicisme quand le film vient taper ses propres limites narratives. Quand c’est le cas, vient un sentiment d’essoufflement inhérent à la durée d’un long-métrage qui cherche des idées pour faire vivre un huis-clos replié sur lui-même. Nicloux a pourtant des intentions et des choses à dire, étoffant son discours en amenant toute une métaphore sociétale sur la lutte des classes, la tentation du repli communautariste, les mécanismes de construction d’un affrontement social quand les parties sont acculées, quand la peur grignote les bases fragiles de la solidarité. En résulte un geste de cinéma rare, provocateur et audacieux… mais déséquilibré. Car derrière son profond nihilisme anxiogène destiné à soutenir la folle noirceur d’un propos frontal, on ne peut s’empêcher de trouver que l’idée générale était intéressante mais que l’exécution enchaîne finalement des banalités, ne trouvant rien d’autre à faire que de pousser jusqu’au-boutisme pour éviter de radoter ce que l’on a bien compris depuis longtemps. La Tour commençait bien puis se perd en chemin.

 

Par Nicolas Rieux

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