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KAAMELOTT – PREMIER VOLET d’Alexandre Astier : la critique du film

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Carte d’identité :

Nom : Kaamelott – Premier volet
Père : Alexandre Astier
Date de naissance : 2020
Majorité : 21 juillet 2021
Type : sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 2h00 / Poids : NC
Genre : Comédie, Aventure

Livret de Famille : Alexandre Astier, Lionnel Astier, Alain Chabat, Guillume Galliene, Géraldine Nakache, Christian Clavier, Clovis Cornillac, Antoine de Caunes, Jean-Christophe Hembert, Franck Pitiot, Thomas Cousseau, Joelle Sevilla..

Signes particuliers : Alexandre Astier rate le virage du cinéma.

 

 

C’EST PAS FAUX… (MAIS PRESQUE)

NOTRE AVIS SUR KAAMELOTT – PREMIER VOLET

Synopsis : Le tyrannique Lancelot-du-Lac et ses mercenaires saxons font régner la terreur sur le royaume de Logres. Les Dieux, insultés par cette cruelle dictature, provoquent le retour d’Arthur Pendragon et l’avènement de la résistance. Arthur parviendra-t-il à fédérer les clans rebelles, renverser son rival, reprendre Kaamelott et restaurer la paix sur l’île de Bretagne ?

Les fans trépignaient d’impatience depuis si longtemps… Qu’ils soient rassurés, cette fois c’est la bonne, on y est. Lancé en 2009, la concrétisation de Kaamelott Le Film aura pris un sacré paquet de temps en raison d’un conflit juridique d’abord, puis ensuite de la difficulté à trouver des financements pour un projet mine de rien onéreux et de surcroît si périlleux (reconnaissons que la série est quand même « particulière » et possiblement très hermétique pour les non-initiés). Puis est arrivée la pandémie qui a encore repoussé la sortie d’un an. C’est donc douze ans après l’idée et cinq ans après sa mise en chantier que le premier volet de l’adaptation de Kaamelott arrive en salles. Un premier volet de ce qui devrait, normalement, être une trilogie. On insiste sur le « normalement ».

Alexandre Astier jouait sur un fil avec cette adaptation cinématographique de son bébé télévisuel. Réussir à recréer sur deux heures l’esprit de la série tout en parvenant en mettre en scène un film qui pourrait s’ouvrir à un public élargi (adressé qu’aux fans, le projet serait bien trop casse-gueule) était clairement la chose la plus compliquée que l’acteur-réalisateur avait à braver. Et allez savoir si c’est une volonté de jusqu’au-boutisme ou si c’est que la finalité est partiellement loupée, mais avouons que le résultat ne parvient pas à cet équilibre. Trop de choses ne vont pas dans cette adaptation ciné de Kaamelott, tellement que les condenser part dans tous les sens.

En premier lieu, oui Kaamelott est fait pour les fans de la série. Non, il ne parvient pas à s’ouvrir à ce fameux nouveau public (qui, s’il vient en touriste curieux, sera sacrément largué dans un univers abscons et lunaire). On peut tout voir dans ce constat, le succès d’Astier d’avoir su garder la personnalité de son travail et la spécificité de son univers sans rien concéder ni sacrifier, l’échec d’un film qui risque fort d’aller droit dans le mur et ainsi de mettre en péril ses suites programmées. Car si une chose est certaine, c’est que les néophytes en matière de délires kaamelottiens ne vont strictement rien piger de ce qui se déroulera sous leurs yeux. L’univers est trop perché pour être appréhendé ainsi, à la volée en deux heures et sans vaseline. D’autant plus que question « écriture », on ne peut pas dire que ce film Kaamelott soit un franc succès de manière générale tant il manque d’équilibre à tous les niveaux.

On connaît la chanson, adapter une série au cinéma n’a jamais été chose simple. Adapter un travail aussi singulier que Kaamelott encore plus. Sur la fin de sa diffusion sur M6, Alexandre Astier était déjà passé d’un format court de 5-6 minutes à des épisodes de trois quarts d’heure. Et déjà là, l’humour s’était fortement affaibli face aux velléités quasi « cinématographiques » de l’auteur. Kaamelott était devenu plus sérieux, plus sombre, moins drôle, plus lourd, plus arythmique. La version cinéma est un gigantesque accroissement de cette problématique. Deux heures qui en paraissent trois, voilà à quoi ressemble le film. Qu’on soit fan ou non, Kaamelott – premier volet souffre d’une écriture plombée par une absence totale de rythme et d’équilibre narratif. Si l’entame se défend bien tant dans le rire que dans la gestion du conte, la pelote se délite très vite. Kaamelott va mettre près d’une heure à lancer son histoire. Une heure d’agencement, d’introduction progressive de tous les personnages attendus un à un. Pas loin d’une heure avant que l’on comprenne ce que le film va vraiment raconter et comment. Pas loin d’une heure avant que l’on sorte de l’effet « enchaînement de petites saynètes comiques ». Et quand il va -enfin- se lancer, un autre problème va se mettre en travers de sa route.

L’humour, si efficace sur les quelques minutes d’un format court, va devenir terriblement lourd et cacophonique sur les deux heures d’un film de cinéma. D’autant que ce premier volet est beaucoup trop long de base, alourdi par des sous-trames qui n’apportent strictement rien (à commencer par les flashbacks sur la jeunesse d’Arthur qui auront peut-être une utilité dans la suite de la trilogie si elle advient, mais qui ici à échelle de ce premier film, ne font que le ralentir l’ensemble sans rien lui apporter). Au-delà de l’humour, c’est aussi la (ou les) volonté(s) d’Astier qui ébranle fortement son travail. On le sent désireux de signer un vrai film de cinéma, pas juste une comédie moyenâgeuse, pas juste un « Kaamelott le film », pas seulement une extrapolation longue durée des pastilles télévisuelles. Mais quel film veut-il livrer au juste ? Par moments, on sent Astier le cul entre deux chaises, d’un côté contraint de se ranger dans l’univers et l’humour de Kaamelott parce que c’est ce que le public attend (et il le sait), de l’autre animé par le désir d’aller ailleurs, de s’en affranchir pour bâtir un grand film d’aventure teinté de mysticisme et d’étrangeté. Dans ces moments-là, quand il la joue un peu plus « perso » en mettant de côté les attentes de sa « fan base » et alors que l’esthétique se met au diapason, on aurait presque l’impression que l’acteur-cinéaste essaie de proposer sa vision personnelle du Excalibur de John Boorman. Un, n’est pas Boorman qui veut. Deux, ce n’est pas forcément ce que souhaitent les fans. Trois, cette volonté s’entrechoque avec sa consœur la comédie et le mariage marche très mal dans une entreprise qui semble partir dans tous les sens entre bordélique, chaotique et audaces mal maîtrisées.

Il y a des choses dans cette adaptation de Kaamelott. Tout le monde qui revient, des moments très drôles (l’entame, des saynètes par-ci par-là), des instants nostalgiques, une excellente entame avec Guillaume Gallienne puis Alain Chabat, de beaux plans non dénués de cinéma, des ambitions aussi, et enfin une connexion évidemment travaillée entre l’œuvre et les fans. Mais la finalité -indigeste au possible- marche pas. Triste de voir que finalement, Astier n’a pas su réaliser l’impossible. Car oui, au fond, on se demande si adapter Kaamelott au cinéma ne relevait pas de l’impossible ?

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

3 thoughts on “KAAMELOTT – PREMIER VOLET d’Alexandre Astier : la critique du film

  1. Personnellement, j ai adoré le film ! Le fait qu il faille connaitre la série pour l apprécier ne m a pas dérangé, et contrairement à vous je pense que la fanbase est suffisamment conséquente pour assurer sa réussite, alors pas de soucis de ce côté là. Le contraire m aurait sans doute ennuyé car j ai vu et revue la série 1000 fois. Là j avais la sensation de continuité, c était agréable. Comme si la série ne s était pas arrêté et c est ce que j espérais. Je l ai trouvé très bien mené, très porté sur le symbolique (tout ce que j aime et Astier excelle en la matière de mon humble avis), ce qui peut peut être donné l impression que l écriture est mal gérée si on n y ai pas assez sensible, mais je ne pense pas que ce soit objectivement le cas. Du moins, chez moi, ça a fait sens et j ai adoré ! L humour, je ne l ai pas trouvé lourd du tout. En revanche, le mélange humour/sérieux aurait pu être un peu plus fuide c est vrai, on a le côté humour surtout au debut, ce qui donne l impression de revenir aux premières saisons de Kaamelott. Ça a son côté agréable aussi, on replonge vite dans l univers, ça c est réussi ! Mais, comme les dernières saisons étaient plus sombres, je m attendais à une ambiance du même ordre d entrée de jeu, cela m a un peu surprise, elle est arrivée un peu plus tard et effectivement avec quelques petits soucis de fuidité au niveau de la transition parfois (pas pour toutes les scènes). Mais, sans doute suis-je moins sévère dans mon jugement, tous les autres points positifs ont arrangé ça et ça ne m a pas gêné plus que ça. Les flashbacks ne m ont pas du tout dérangé non plus, ils ont apporté du sens aux sentiments d Arthur. Je ne me suis pas dit qu ils serviraient plus tard comme s ils n avaient aucun sens ici. Au contraire, ils avaient toute leur place, je les ai vu comme l une des origines de certaines appréhentions d Arthur dans ses relations et comportements. Ça vient rappeler qu Arthur reste un personnage torturé par son passé en fin de compte, c était important à rappeler, comme la scène sur la table vers la fin… Et ça a pris encore plus de sens au moment de la confrontation avec Lancelot ! D ailleurs, ça m amuse toujours autant de voir comme Lancelot ne comprend rien à la complexité/sensibilité d Arthur. En finalité, je n ai pas été déçue car ce que j attendais c était un retour de l ambiance particulière de Kaamelott et certains approfondissements. On part tout de même d une bonne déchéance pour la plupart des persos, l ambiance est lourde, c est la déprime, le sans espoir. Pour moi ce premier film devait servir à reposer les bases pour racoller à la série, tout en annonçant le game. Et je trouve que c est réussi, j ai hâte de voir le deuxième volet qui je pense est le film prévu pour réellement avancer scénariquement parlant. Bien qu il y ai des avancés par ci par là dans celui-ci, notamment au niveau relationnel, tout de même. Bref, moi je suis ressortie conquise, avec la sensation que ça valait le coup d avoir attendu si longtemps ! X)

  2. Excellente analyse, cela colle parfaitement à mon ressentie global.
    En tant que fan de Kaamelott, j’ai été très déçu de ce film. Un point qui n’a pas été mentionné, c’est la laideur affligeante des costumes (mention spéciale pour l’armure de Lancelot), bien qu’on en trouve certains dans le lot qui soient très beaux (l’armure d’Arthur notamment). Autre chose, qui m’a assez choqué, est la mollesse du combat de fin. J’attendais beaucoup plus de vivacité, de finesse et de chorégraphie, et je ne comprends pas pourquoi avoir laissé la table de la salle occuper 1/3 de l’écran…

    1. J ai trouvé les costumes fabuleux en ce qui me concerne xD ! Très artistiques, originaux et très beaux, même celui de Lancelot qui lui collait bien à la peau ! Il faisait le bel empoté avec… ça lui va bien. C était le costume contraignant, qui donnait l impression « balais dans le cul » et je pense que ce n est pas un hasard connaissant Astier ;). Lancelot est perdu dans ses obsessions, il ne fait pas grand chose dans le film si ce n est le névrosé, ce costume lui allait parfaitement en ce sens !… c est symbolique. Pareil pour la table mentionnée, c est symbolique aussi d après moi. Arthur qui s allonge dessus pour se laisser aller à ses vieux démons… il fallait qu elle soit grande et robuste pour donner l impression qu il met tout ce qu il a dessus, tout le poids qu il porte en lui. Elle représente aussi tout ce qu il a accomplit jusqu ici d après moi, la table ronde, son statut de roi, tout ce qui fait qui il est mais le bouffe aussi d une certaine manière. S abandonner dessus, c était, à mons sens, montrer l affection qu il a pour tout ce que le chateau, sa vie depuis qu il est roi, etc… ont pour lui et en même temps tout le poids qu il est prêt à abandonner de nouveau. C est pourquoi ça ne m a pas choqué qu elle prenne tant de place, elle est bien plus importante que le combat Arthur/Lancelot qui en finalité n en est pas un, pas encore. Donc moi, ça ne m a pas choqué qu il soit mou: Arthur n a pas envie de se battre, pas encore. On voit bien tout le long de ce film qu il ne reprend la bataille que pour les autres, ceux qui croient en lui, ceux qui ont l espoir. Et même s il est en colère contre Lancelot, il n a pas envie véritablement de le tuer, pas encore. A mon sens, Lancelot le renvoit à une vieille blessure narcissique, il n est pas prêt à en découdre et la mollesse du combat le montre. Car après tout, je pense que Lancelot n est pas prêt à tuer Arthur non plus. Il a eu 1000 occasions de le faire et chaque fois il prend trop son temps, il rechigne. Ça sera bien plus épique dans les prochains films lorsqu ils se motiveront je pense xD.

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