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FALCON LAKE de Charlotte Le Bon : la critique du film

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Nom : Falcon Lake
Mère : Charlotte Le Bon
Majorité : 07 décembre 2022
Type : sortie en salle
Nationalité : France, Canada
Taille : 1h40 / Poids : NC
Genre : Drame

Livret de Famille : Avec Joseph EngelSara MontpetitMonia Chokri

Signes particuliers : Donc Charlotte Le Bon n’est pas que belle à croquer, irrésistiblement drôle, délicieusement gentille ou très bonne comédienne, elle est aussi une véritable réalisatrice bourrée de talent. 

Synopsis : Une histoire d’amour et de fantômes.

 

 

 

CHARLOTTE A TOUT BON

NOTRE AVIS SUR FALCON LAKE

On l’a connue miss météo pimpante et irrésistiblement drôle sur Canal+, certains ont pu découvrir son formidable travail d’artiste plasticienne, on l’a vue comédienne accomplie capable de tous les grands écarts (le drame avec La Marche, la comédie avec l’hilarant Libre et Assoupi, chez Robert Zemeckis ou excellente en doublage avec le Pixar Vice Versa). Aujourd’hui Charlotte Le Bon prouve qu’elle a encore en réserve d’autres cordes à son arc. Falcon Lake est son premier long-métrage en tant que metteur en scène et décidément, le talent de la délicieuse québécoise n’a manifestement pas encore révélé toutes ses limites. Comme si toutes ses expériences artistiques passées l’avaient amenée là, Falcon Lake ressemble à l’éblouissant épanouissement d’une artiste pluridisciplinaire.

On ne l’attendait pas vraiment, soyons honnêtes. Et pourtant, belle surprise, Charlotte Le Bon s’invite dans la sélection des meilleurs films de l’année. Sur le papier, on serait tenté de se dire « Encore un film qui parle des premiers émois de l’adolescence sur fond de passage à l’âge adulte… ». Une ritournelle tellement usitée, vue, revue et re-revue. Mais cette thématique si labourée, Charlotte Le Bon la retravaille à sa manière avec une œuvre étonnante de maîtrise, de singularité et de personnalité. Une œuvre, librement adaptée d’un roman de Bastien Vivès (Une Sœur) aux contours artistiques marqués, en 4/3 et tournée en pellicule 16 millimètres, donnant ainsi un vrai cachet à cette réalisation faussement modeste et réellement enivrante. Le pitch est énigmatique. Falcon Lake est « une histoire d’amour et de fantômes« . Cela veut tout et rien dire et on n’en saura pas plus. Mais cette formule intrigante est une invitation à pousser la porte d’un petit mystère qui se révèle vite séduisant. A quoi s’attendre ? Un drame intimiste ? Une romance adolescente ? Un film fantastique cérébral à base de fantômes métaphoriques ? Les bases sont celles d’un film d’épouvante avec une maison isolée, des bois et un lac soi-disant maudit. Mais n’allez pas croire que Charlotte Le Bon nous emmène sur le terrain d’un film de genre classique. La cinéaste compose une œuvre d’auteur forte d’une subtilité obsédante. Une œuvre d’auteur jamais prétentieuse, bien au contraire. L’humilité et la sincérité qui l’animent n’ont d’égale que le plaisir constant qu’elle procure avec son métissage des genres et des tons, parfaitement enchevêtrés dans un Tout au charme indéniable, voire indéfinissable.

Pour un premier film dont l’allure paraît très estampillée Deauville ou Sundance (il a été récompensé à Deauville d’ailleurs), Falcon Lake emporte dans une ballade toute en finesse, bercée par une sublime poésie mélancolique et un doux onirisme chatoyant. Étrangeté et onirisme, deux termes qui qualifiaient déjà bien Judith Hotel, le premier court-métrage de Charlotte Le Bon réalisé en 2018. À ces termes à nouveau de la partie, s’ajoutent cette fois troublant et émouvant. Falcon Lake évolue avec grâce entre le teen movie sensible et l’appel lointain d’un fantastique évasif et vaporeux, qui officie comme une légère brume matinale rôdant sur des lieux à l’étrangeté poétique et enivrante.

Par intermittence, Falcon Lake fait penser au A Ghost Story, le chef-d’œuvre de David Lowery. Pour cette poésie et cet onirisme évoqués, mais aussi pour son parfum d’ambiguïté, son exploration des sentiments d’amour et de mort, son rythme lancinant (voire hypnotique) et son imagerie quelque part entre le film indé américain émotif et la brumaille d’Edgar Allan Poe. Enchaînant les scènes toutes plus justes les unes que les autres (bien aidé par deux jeunes comédiens formidables), Falcon Lake nous berce dans un regard sur l’entre-deux entre la préadolescence et l’adolescence, en titillant notre curiosité sur sa finalité, laquelle nous cueille finalement avec une profonde émotion. Petit miracle de cinéma tour à tour tragique ou lumineux, Falcon Lake est une merveille, de ce genre de film qui continue de hanter bien après la séance.

Par Nicolas Rieux

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