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DUNE de Denis Villeneuve : la critique du film

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Carte d’identité :

Nom : Dune – Part One
Père : Denis Villeneuve
Date de naissance : 2020
Majorité : 15 septembre 2021
Type : sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 2h36 / Poids : NC
Genre : Science-fiction

Livret de Famille : Timothée Chalamet, Rebecca Ferguson, Oscar Isaac, Zendaya, Javier Bardem, Jason Momoa, Josh Brolin, Stellan Skarsgard, Stephen Henderson, Dave Bautista, Charlotte Rampling…

Signes particuliers : Une œuvre d’une puissance exceptionnelle, à la fois somptueuse à l’oeil, palpitante pour le cœur et stimulante pour l’esprit.

 

 

DENIS VILLENEUVE DANS L’IMMENSITÉ DE LA SF

NOTRE AVIS SUR DUNE

Synopsis : L’histoire de Paul Atreides, jeune homme aussi doué que brillant, voué à connaître un destin hors du commun qui le dépasse totalement. Car s’il veut préserver l’avenir de sa famille et de son peuple, il devra se rendre sur la planète la plus dangereuse de l’univers – la seule à même de fournir la ressource la plus précieuse au monde, capable de décupler la puissance de l’humanité. Tandis que des forces maléfiques se disputent le contrôle de cette planète, seuls ceux qui parviennent à dominer leur peur pourront survivre…

Bon sang qu’on l’aura attendu ce Dune de Denis Villeneuve, promesse d’un énorme spectacle virtuose dépoussiérant le classique (semi-raté) de David Lynch et entendant redonner corps et âme à l’œuvre de Frank Herbert. Porté par une hype grandissante, Villeneuve, toujours plus ambitieux, poursuit donc dans la SF gigantesque après son Blade Runner 2049 en s’attelant à un projet périlleux. Périlleux car Dune a toujours eu cette réputation d’œuvre monumentale considérée comme inadaptable. Jodorowsky s’y est cassé les dents dans les années 70, David Lynch n’a pas été en franche réussite dans les années 80 et l’on ne parlera même pas de la mini-série Sci-Fi totalement oubliée et dont la cheaperie faisait peine. Pour respecter au mieux le matériau et donner à son entreprise l’ampleur nécessaire, il sera vite décidé d’en faire une œuvre en deux parties. Premier problème (et première grosse inquiétude), l’ensemble n’a pas été tourné d’une traite comme souhaité initialement par le cinéaste. Vient la question qui fâche… Et si ? Et s’il arrive un malheur entre les deux tournages ? Et si le premier est un énorme four au box office ? Car le film de Denis Villeneuve ne tient pas seul. Toute cette « première partie » de Dune est une longue et minutieuse préparation à la seconde. Si elle ne devait jamais voir le jour, on se retrouverait alors avec une moitié de film inachevé sur les bras. Le mot frustration serait un euphémisme considérable pour qualifier l’état dans lequel se retrouveraient ses spectateurs. Et cela renforcerait le statut de Dune en tant qu’œuvre maudite au cinéma.

Malgré la pandémie qui a bien bousculé les agendas de sortie, quelques gros blockbusters sont sortis depuis le début de l’année. Mais aucun de nature à chatouiller les pieds du Dune de Denis Villeneuve. C’est bien simple, pour l’heure et en attendant le retour de James Bond ou Matrix 4, le cinéaste canadien nous a pondu LE blockbuster de cette année 2021, le film le plus incroyable, le plus virtuose, le plus total que l’on ait vu sur un écran ces temps-ci. A la hauteur de l’événement et de l’enjeu, Denis Villeneuve nous sert un caviar cinématographique, une œuvre sidérante de maestria, de beauté, d’intensité et d’intelligence. Un film somme et une prouesse exceptionnelle qui coche toutes les cases et se savoure comme un nectar filmique démentiel.

Mais qu’on se le dise, Dune n’est pas qu’un bel objet esthétique, c’est aussi et surtout un grand film de cinéma, pas juste une pub pour un parfum filmé par un esthète (même si à travers une petite poignée de plans exagérément léchés au point d’en être un brin poseurs, Villeneuve se la joue Terre d’Hermès à filmer Zendaya au ralenti dans le désert). C’est l’un des rares reproches que l’on pourrait formuler à l’encontre de cette nouvelle vision de Dune (avec une scène foireuse, tellement sombre que l’on en croirait une défaillance du projecteur). Amoureux des belles images, Villeneuve ne veut jamais sacrifier un beau plan pour le bien de son film et le cinéaste se retrouve parfois dans la posture de l’auteur qui se regarde un peu filmer et aligner ses fulgurances visuelles et esthétiques. Mais on lui pardonne. Déjà parce que… bah c’est beau. Et ensuite, parce que l’effet « coquille vide » est balayé par la richesse qui habite cette re-création flamboyante.

Dans ce Dune 2021, il y a tout ce que l’on aurait pu espérer dans nos rêves les plus fous. Une plastique magistrale, une minutie palpable, de l’émotion, du spectacle XXL, des acteurs habités par des personnages passionnants et une intelligence de chaque instant. A travers cette histoire de bataille entre puissances pour richesses considérables (en l’occurrence une épice qui vaut plus que l’or) d’une planète aride, Denis Villeneuve convoque énormément de thématiques, dont beaucoup que l’on a souvent croisé dans son cinéma. Le récit (initiatique) prend assise sur une vision géopolitique complexe et parle de pouvoir, de choc et de préservation des cultures, des traditions, du destin, de spoliation, du langage… On y retrouve en creux, une formidable réflexion sur le colonialisme, sur l’emprise des puissances maniant les réseaux souterrains pour tenir les places précieuses (on pense vite à la manière dont les puissances occidentales cherchent à manipuler les places fortes du globe où pullulent or noir et autres matériaux ou minéraux précieux en s’ingérant à couvert dans leur vie politique).

Fort d’un travail considérable sur l’image, la photo ou le son, Dune s’impose comme l’odyssée tant rêvée. Un film absolument sensationnel qui parvient à mêler brillamment des vents contraires, souffle épique, intimisme psychologique, introspectif et spectaculaire, gigantisme et minimalisme. D’un bout à l’autre, l’entreprise de Villeneuve impose un pouvoir de fascination qui ne lâche jamais prise. La trajectoire des personnages et l’élaboration de l’univers dans lequel ils évoluent, sont gérés de main de maître dans un scénario qui prend son temps, qui peut sembler un peu abscons au départ mais qui est en réalité magistralement articulé alors que la richesse de ses éléments se décryptent pas à pas, dans le sillage de comédiens en apesanteur comme l’œuvre qu’ils animent.

A l’arrivée, le Dune de Denis Villeneuve est un peu aujourd’hui ce que fut Le Seigneur des Anneaux de Peter Jackson hier, une œuvre éblouissante et massive qui repousse des murs afin d’imposer son horizon. On aurait pu rester des heures encore sur Arrakis, cette planète convoitée aux mille et un dangers entre la chaleur, le désert, les vers géants et les luttes politiques. Le pari de Villeneuve était énorme, le cinéaste avançait sur un vrai terrain miné. Il a désamorcé tous les périls pour signer un futur classique qui se transcende constamment lui-même. Comme si David Lean s’était incarné dans l’esprit du canadien alors que Kubrick et Ridley Scott lui avait envoyé de leur énergie, pour composer un géant de la science-fiction à la fois beau, fin, radical et d’une densité telle que l’on n’a qu’une chose à dire : vite, la suite ! En trois films (Premier Contact, Blade Runner 2049 et maintenant Dune), Denis Villeneuve aura écrit son nom en lettres majuscules, au panthéon de la science-fiction.

BANDE-ANNONCE :


Par Nicolas Rieux

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