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AFTER YANG de Kogonada : la critique du film

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Nom : After Yang
Père : Kogonada
Date de naissance : 2021
Majorité : 06 juillet 2022
Type : sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h36 / Poids : NC
Genre : Drame, SF

Livret de Famille : Colin FarrellJodie Turner-SmithMalea Emma Tjandrawidjaja

Signes particuliers : 1h36 selon la police, 3h50 selon les manifestants. 

Synopsis : Dans un futur proche, chaque foyer possède un androïde domestique, appelé « techno-sapiens ». Dans la famille de Jake, il s’appelle Yang, et veille plus particulièrement sur la jeune Mika, assurant pour cette petite fille adoptée d’origine chinoise, un rôle de tuteur, d’ami, de confident. Aussi, le jour où Yang tombe en panne, Jake met toute sa vie en pause pour tenter de le réparer. Mais le parcours va se révéler beaucoup plus compliqué que prévu, et va mettre Jake aux prises avec des questionnements existentiels et intimes vertigineux.

UN AUTRE REGARD SUR LA SCIENCE-FICTION

NOTRE AVIS SUR AFTER YANG

Connu pour ses essais vidéo sur le cinéma dans lesquels il analyse en profondeur le travail de grands réalisateurs tels que Wes Anderson, Hitchcock, Ozu, Bresson, Bergman ou encore Malick, le réalisateur Kogonada s’était lui-même lancé dans le long-métrage en 2017 avec le drame Columbus, passé notamment par Sundance. Pour son deuxième film, c’est Cannes qui l’a invité en sélection officielle. After Yang avait été présenté dans la section Un Certain Regard lors de l’édition 2021. « Un Certain Regard », une expression qui colle parfaitement à la proposition du metteur en scène tant son film offre une vision différente de la science-fiction d’anticipation, plus proche du drame introspectif que du film d’aventure trépidant. Dans un futur proche, une famille voit son robot domestique tomber en panne. Une tragédie notamment pour la petite Mika qui était très proche de l’androïde. Jake, le père, se lance dans une quête pour espérer le faire réparer, quête qui va le pousser vers un questionnement existentiel.

Rien que le script est nébuleux. Il est à l’image d’un film ténébreux au rythme lancinant qui entend prendre à rebours les codes du genre. Des films sur un futur proche où les robots sont devenus incontournables dans notre quotidien, on en a vu pléthore, bien souvent drapés dans un propos sur les dangers de la sur-robotisation du monde et la déshumanisation de la société. Mais Kogonada prend le contrepied. Son film n’est pas alarmiste, il est calme, émotionnel, poétique diront certains, en tout cas bercé par un ton mélancolique impliquant un androïde perçu comme un humain à part entière, avec ses propres questionnements et ressentis. L’approche est intéressante, novatrice aussi (du moins un peu) et elle distille un propos sur la quête d’humanité. L’ennui, c’est qu’accéder à la prétendue richesse de After Yang a un prix à payer. Ce prix, c’est un ennui vertigineux. Le cinéma a su prouver mainte fois que le spectaculaire n’est pas essentiel pour raconter une histoire et que les approches les plus singulières sont parfois les plus fascinantes car elles peuvent faire progresser un art en constante évolution. Mais ici, la proposition singulière de Kogonada s’embourbe dans ce qu’elle creuse. Le regard sur cet androïde humanisé était intéressant, la thématique du deuil après sa panne, aussi. Mais dès lors qu’il tombe en panne justement et que le récit se recentre sur les vrais « humains » (dont un Colin Farrell cela dit formidable), After Yang perd une bonne partie de son intérêt et s’enfonce dans la lassante répétition d’un ballet tournant autour de ses thèmes sans jamais vraiment rien creuser de manière convaincante. Plus chiatique qu’un dimanche d’été sous la pluie, After Yang est certes d’une immense beauté esthétique, mais son récit d’anticipation sonne finalement bien plus creux qu’il ne le pense.

 

Par Nicolas Rieux

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