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CÉZANNE ET MOI de Danièle Thompson : la critique du film

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cezanne_et_moi_afficheMondo-mètre
note 4 -5
Carte d’identité :
Nom : Cézanne et Moi
Mère : Danièle Thompson
Date de naissance : 2015
Majorité : 21 septembre 2016
Type : Sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h53 / Poids : NC
Genre : Drame, biopic

Livret de famille : Guillaume Gallienne, Guillaume Canet, Alice Pol, Déborah François, Sabine Azéma, Gérard Meylan, Laurent Stocker, Isabelle Candelier…

Signes particuliers : Danièle Thompson utilise l’art pour parler d’art et l’histoire de deux immenses artistes pour parler des artistes. Formidable !

UNE HISTOIRE D’ART ET D’AMITIÉ

LA CRITIQUE DE CÉZANNE ET MOI

Résumé : Ils s’aimaient comme on aime à treize ans : révoltes, curiosité, espoirs, doutes, filles, rêves de gloires, ils partageaient tout. Paul est riche. Emile est pauvre. Ils quittent Aix, « montent » à Paris, pénètrent dans l’intimité de ceux de Montmartre et des Batignolles. Tous hantent les mêmes lieux, dorment avec les mêmes femmes, crachent sur les bourgeois qui le leur rendent bien, se baignent nus, crèvent de faim puis mangent trop, boivent de l’absinthe, dessinent le jour des modèles qu’ils caressent la nuit, font trente heures de train pour un coucher de soleil… Aujourd’hui Paul est peintre. Emile est écrivain. La gloire est passée sans regarder Paul. Emile lui a tout : la renommée, l’argent une femme parfaite que Paul a aimé avant lui. Ils se jugent, s’admirent, s’affrontent. Ils se perdent, se retrouvent, comme un couple qui n’arrive pas à cesser de s’aimer.Cezanne_et_moiL’INTRO :

Curieuse histoire que celle de la confection de Cézanne et Moi, double portrait revenant sur l’amitié de toujours ayant lié le célèbre écrivain Emile Zola, et le peintre de génie trop tardivement adoubé que fut Paul Cézanne. Lorsque Danièle Thompson s’est lancée à corps (et à cœur) perdu dans ce projet de biopic au carrefour des arts, la cinéaste s’est essentiellement reposée sur les correspondances entre les deux hommes, échanges lettrés qui lui ont permis de retracer leurs parcours communs et personnels. Restait à trouver le moyen de raconter tout cela. Danièle Thompson aura alors adopté le parti pris d’inventer une ultime conversation, une rencontre fictive chez Zola, au détour de laquelle les deux artistes ont soldé leurs comptes, cristallisés autour d’un contentieux qui est à découvrir dans le film. Mais voilà, retournement de situation en pleine production du long-métrage, une dernière lettre tardivement retrouvée a refait surface, lettre mentionnant l’idée de cette rencontre jusqu’alors jugée fictive. Ou quand l’histoire rencontre la fiction dans un curieux concours de circonstances. On ne saura probablement jamais le fin mot de l’affaire, on ne saura probablement jamais si Zola et Cézanne se sont revus pour parler des maux qui auront gangréné leur amitié décennale, mais qu’importe, Cézanne et Moi est un pertinent voyage plein d’esprit, au cœur de la prose de Zola, au cœur de la peinture de Cézanne, et surtout, au cœur d’une amitié contrariée par des destins croisés aux courbes déviantes.cezanne_et_moi_Gallienne_CanetL’AVIS :

Film éminemment artistique, porté à la fois par le volupté d’une merveilleuse prose littéraire qui charme l’oreille, et par la magie visuelle d’une illustration aux allures de toile de maître captivant le regard, Cézanne et Moi conjugue les deux arts dont il parle et brosse à travers eux, un portrait de l’artiste en général, utilisant une belle histoire d’amitié à travers le temps, pour évoquer un métier exigeant et tortionnaire de manière plus générale. Des affres de l’échec aux angoisses du succès, Danièle Thompson met en scène Zola et Cézanne, mais ne manque pas d’élever son film plus haut. Les artistes torturés qui souffrent de la non-reconnaissance de leur art, ceux qui ont réussi mais qui souffrent de la peur de ne pas durer, ceux qui angoissent devant le devoir de se réinventer, ceux qui s’entêtent à ne pas déroger à leur philosophie quitte à rester dans le carcan des mésestimés, ceux qui finissent par se perdre, ceux qui finissent par se trouver, ceux qui déclinent, ceux qui sont tardivement appréciés, ceux qui ont su saisir leur époque, ceux qui ont été trop avance sur elle… Il n’y a finalement aucune vérité dans le monde de l’art, et c’est bien de cela dont parle Danièle Thompson au-delà de sa poignante histoire initiale, quasiment résumée en une scène bouleversante, une séquence nocturne sur un ponton entre deux hommes où se subliment des notions d’amitié, de soutien, d’aigreur et de jalousie fraternelle. Ou comment vivre le succès d’un ami quand on ne parvient pas à dépasser son échec personnel… C’est sur ce ressort narratif que repose tout Cézanne et Moi, récit méconnu des destinés de deux génies aux trajectoires différentes.cezanne_et_moi_filmRégal plastique et régal d’écriture, Cézanne et Moi incarne à la perfection son sujet en exaltant en permanence, ces sens qu’ont su faire vibrer Cézanne et Zola, deux génies de deux arts si différents et si pareils à la fois. Par moments, quelques petits défauts viennent discrètement titiller les plus belles qualités du film. Comme cette reproduction de l’accent provençal qui sonne parfois faux et abîme la beauté des dialogues placés dans la bouche de comédiens fabuleux. Ou comme une ou deux scènes maladroitement éclairées dans un film qui pourtant, brille par la splendeur de sa photographie capable de sublimer la chaleur des collines de Provence  ou la grisaille parisienne, jouant avec ces différences de cadre pour mieux souligner les maux de ses personnages. Encore, comme ce final étiré, où Thompson semble avoir du mal à faire ses adieux à ses protagonistes, alors que la balade ne nous aura jamais pourtant paru trop longue. Mais en définitive, on ne fait que peu cas de ces égarements mineurs, car Cézanne et Moi est tout simplement magnifique, car ses « Guillaume » (Canet et Gallienne) y sont fabuleux, car son montage fonctionnant à rebours par flashbacks, lui permet de trouver une dynamique intéressante, utilisant son « présent » pour mieux mettre en valeur les points majeurs de son illustration d’un « passé » teinté rétrospectivement, d’un soupçon de mélancolie. Au final, Cézanne et Moi est aussi brillant que passionnant.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

4 thoughts on “CÉZANNE ET MOI de Danièle Thompson : la critique du film

  1. C’est un bon text, mais je ne suis pas convaincu par votre critique. Ça semble un text écrit par la realisatrice du film ou Guillaume Canet, en essayant de vendre le filmet gagner des Césars. J’attends les prochaines.

      1. Excellente critique .
        Bien écrite , argumentée , précise , technique et belle a lire qui résume très bien ce film artistique génial .
        C’est agréable de voir que certaines personnes n’ont pas renoncé au bon gout et a la culture .
        On est très loin des commentaires minables de chez Allociné ou des Inrocks du genre  » Ce film cé un gro navet lol XD  » , ou encore  » CT ennuyeu je sui parti apré 15 minutes G rigolé MDR !!!  »
        … D’ailleurs je me félicite de ne pas y avoir prêté attention , ça valait le coup .
        Une critique géniale pour un film génial : Bravo a Nicolas Rieux que je valide a 200 % sans hésitation .
        PS : Nanou Seznec , je partage votre avis .

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