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Bel Ami (critique)

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Carte d’identité :
Nom : Bel Ami
Parents : Declan Donnellan et Nick Ormerod
Livret de famille : Robert Pattinson (Georges Duroy), Uma Thruman (Madeleine Forestier), Christina Ricci (Clotilde de Marelle), Kristin Scott Thomas (Virginie Rousset), Colm Meaney (Mr Rousset), Philip Glenister (Charles Forestier), Holliday Gringer (Suzanne)…
Date de naissance : 2010
Nationalité : Angleterre, France, Italie
Taille/Poids : 1h43 – 9 millions $

Signes particuliers (+) :Un effort de cerner les thématiques essentielles du roman.

Signes particuliers (-) : Une adaptation trop sage, trop lisse, trop propre, trop « tendance » évacuant la force tragique du roman. Des erreurs de mise en scène de débutant. Une interprétation inégale. Oubliable.

 

FAUX AMI

Résumé : Georges Duroy revient d’Afrique du Nord où il était soldat. Déterminé à changer de statut, il gagne la capitale parisienne avec l’objectif de gravir des échelons. Sa chance sera de tomber sur un ancien officier avec qui il a servi et qui le pend sous son aile, dans le journal où il travaille. Duroy goûte à la bourgeoisie et veut désormais croquer la pomme sacrée à pleines dents. Il comprend très vite que la haute est avant tout dirigée par les femmes des puissants. Séducteur arriviste, il n’aura pas de scrupules à user de ses charmes comme moyen d’avancer et de monter…

Mainte fois repoussée, la sortie de Bel Ami coïncide curieusement avec le renouveau de carrière d’un Robert Pattinson de plus en plus populaire alors qu’il commence à quitter les sillages vampiriques de la saga Twilight pour se draper dans une carrière plus diversifiée et presque, amusément, auteuriste. Alors que de l’eau à couler sous les ponts depuis le tournage du film en 2010, que Twilight 4 est sorti mais surtout que le comédien s’est essayé à autre chose avec De L’eau pour les Eléphants de Francis Lawrence et Cosmopolis de Cronenberg, l’adaptation du classique de Guy de Maupassant Bel Ami par le duo de théâtreux Nick Ormerod et Declan Donnellan, auteurs ensemble d’un court-métrage en 1992 (The Big Fish) débarque enfin, surfant sur la popularité accrue de son comédien principal, capable désormais de toucher plus que les minettes pré-pubères adeptes de ses peines de cœur et histoires de romance vampirisée. Présenté à Berlin hors compétition, Bel Ami est un pari risqué pour les deux auteurs qui s’attaquent à un monument de la culture littéraire française, en ayant conscience qu’ils pourraient s’attirer les foudres les plus diverses en cas de ratage. Alors que des Cotillard ou Kidman se sont désintéressées des rôles proposés, ce sont néanmoins des noms ronflants qui se sont bousculées au portillon : l’immuable et magnifique Christina Ricci qui ne change pas avec les années, Uma Thurman qui au contraire a beaucoup changé avec les années et Kristin Scott Thomas seront les trois femmes qui animeront la vie de Georges Duroy, soldat arriviste et sans scrupule débarquant la capitale comme un miséreux avec une soif et un appétit démesuré de creuser son trou, de faire sa place parmi les riches en vue.

Ormerod et Donnellan, tout comme leur riche casting, ont tous à cœur de bien faire avec cette adaptation maladroite qui, tout en restant regardable, prend l’eau insidieusement de toutes parts. Les deux auteurs ne semblent pas savoir par quel bout attraper le formidable roman de Maupassant et lancent du coup dans une lecture académique et studieuse qui n’offre aucune surprise, qui ne fait preuve d’aucune âme et qui essaie vainement de déployer tous les thèmes du livre originel en les brossant au plumeau plutôt qu’en les prenant à bras le corps au pinceau. Tout y est pourtant, l’arrivisme de ce jeune séducteur, son ambition, son cynisme, la radiographie du milieu de la presse, de la politique, d’un microcosme parisien élitique qui se gausse de ses coups tordus, la critique de la bourgeoisie, des médias, la médiocrité donnant lieu à une carrière en dépit du bon sens mais grâce aux « relations » dans tous les sens du terme… Pourtant, il s’en dégage une fadeur, une transparence, une absence de noirceur sale. Les deux réalisateurs néophytes tentent alors de donner un cachet sulfureux à leur exercice impersonnel qui ne prend pas et devient presque risible au vu de l’esthétique trop proprette de leur film sonnant le faux en lorgnant autant du côté des Liaisons Dangereuses que du cinéma d’une Sofia Coppola sans avoir le talentueux sens du mariage décalé de la réalisatrice de Marie-Antoinette. En essayant de l’y placer à tout prix et maladroitement, ils finissent par involontairement évacuer toute profondeur dans l’histoire de cet arriviste à la psychologie bas de gamme par lequel on assiste aux collusions entre différents milieux de mèche. Œuvre réduite au minimum, pas déplaisante, Bel Ami est juste indigne de sa matrice source, décoratif, désincarné et monotone, se limitant au strict canevas de base pouvant paraphraser le roman.

Tout est beau et élégant, trop d’ailleurs, dans un film qui n’est même pas sauvé par ses comédiens en roue libre. Pattinson donne la pleine mesure de son non-talent alors que Thurman se délite, que Scott Thomas caricature. Seule Christina Ricci s’en sort de ce triste naufrage qui n’a rien d’une purge, ce qui le rend d’autant plus énervant pour son scolaire méticuleusement organisé oubliant de se vouloir viscéral, se limitant à une peinture acerbe sans toutefois basculer dans l’horreur humaine, préférant garder une part de sagesse qui ne condamnerai pas de trop aucun personnage si ce n’est ceux sur lesquels le manichéisme veut bien appuyer lourdement. Mi-figue mi-raisin sur la forme, Bel Ami se regarde sans passionner, s’oublie sans y penser, avec une banalité qui soudainement renvoie à l’extraordinaire ouvrage de l’auteur qu’est Maupassant. Et là, le bas blesse plus durement, bien plus fort par exemple que pour l’absence d’un sérieux minimum dans la technique, le film multipliant les faux raccords nombreux sur lesquels on finit par fermer les yeux par pitié pour un premier film. Largement dispensable.

Bande-annonce :


Bel Ami – Official Trailer [VOST-HQ] par Eklecty-City

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