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ASSAULT ON WALL STREET (critique – drame/action)

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Assault+on+Wall+StreetMondo-mètre :
note 4
Carte d’identité :
Nom : Bailout : The Age of Greed
Père : Uwe Boll
Livret de famille : Dominic Purcell (Jim Baxford), Erin Karpluk (Rosie), Edward Furlong (Sean), John Heard (Jeremy), Keith David (Freddy), Michael Paré (Frank), Eric Roberts (l’avocat)…
Date de naissance : 2013
Nationalité : Canada
Taille/Poids : 1h37 – Budget NC

Signes particuliers (+) : Rampage version crise financière américaine. Une tentative d’exorcisation d’un contexte difficile en disant tout haut ce que tout le monde pensait tout bas.

Signes particuliers (-) : Pauvre question mise en scène, mal fichu question construction et narration et moralement un peu douteux, un film ras des pâquerettes et même pas fun que l’absence de finesse du cinéma d’Uwe Boll condamne quasiment.

 

IL EST L’HEURE MON TRADER… L’HEURE SE FAIRE DEZINGUER…

Résumé : Avec la crise économique, Jim Baxford perd tout du jour au lendemain, ses économies, sa maison, sa femme. Furieux et animé par la rage, il va organiser une expédition punitive contre les financiers sans scrupule de Wall Street qu’il juge responsables de l’effondrement de sa vie…

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Considéré sur la toile comme le plus mauvais réalisateur en activité, sorte d’Ed Wood des temps modernes (ce qui est un peu excessif quand même, bien qu’il ne soit pas brillant, force est de l’avouer), Uwe Boll avait réussi à surprendre voire à rabattre quelques caquets avec son furieux Rampage, en 2009, sorte d’actionner dramatique et pendant plus nerveux du Elephant de Gus Van Sant. Un film bien mieux accueilli que ses nombreux autres nanars et qui s’est même payé le luxe d’une présentation dans quelques festivals. Depuis, le teuton s’en est retourné aux bouses infâmes, témoins The Storm avec Luke Perry ou BloodRayne 3. Surproductif depuis 2010, Boll enchaîne les métrages sans parvenir à renouer avec le succès d’estime, public comme critique.

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En 2013, il décide alors s’appuyer sur l’un de ses rares films à ne pas s’être fait unanimement pulvériser à sa réception pour réaliser Assault on Wall Street (Bailout : The Age of Greed en VO), un film qui dans l’esprit, marche sur les traces de Rampage. Un homme sous pression (Dominic « le bourrin de Prison Break » Purcell) qui finit par basculer dans une sorte de folie, aveuglé par la rage, et par organiser un carnage vengeur et punitif qui laissera derrière lui une quantité non négligeable de cadavres. Et comme pour Rampage, Boll essaie d’injecter à son histoire un aspect « drame sociétal » même si le bonhomme n’est pas ce que l’on pourrait appeler « l’empereur de la finesse ». Pour ce faire, il reprend à son compte un récent et triste chapitre de société qui aura marqué le monde entier : la crise économique de 2009. Jim Baxford est un américain moyen dont la femme est gravement malade. L’espoir est de mise jusqu’à la terrible crise des subprimes qui a laissé tant d’américains sur le carreau. Du jour au lendemain, cet homme perd toutes ses économies, tout ce qu’il possède et ne peut plus payer les soins de sa bien-aimée. Furieux, poussé dans ses retranchements, sans aide et enfoncé par les banques avides et peu compréhensives, Jim partira alors en guerre, armé jusqu’aux dents, contre les charognes de Wall Street qu’ils jugent responsables de sa descente aux enfers.

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Assault on Wall Street est en fait le fruit d’une réflexion sur deux phénomènes actuels omniprésents dans la culture américaine. D’une, la crise économique qui a frappé les petites populations sans distinction et dont beaucoup paye encore les conséquences de la cupidité des plus puissants. D’autre part, la recrudescence des « massacres » à mains armées, véritable fléau de l’Amérique d’aujourd’hui qui se multiplie dans des proportions tragiques. Il n’y a presque plus un mois sans que l’on parle dans les journaux d’un carnage en plein campus, dans un cinéma, dans une rue, dans une école… Mais contrairement à un Rampage traité sur un mode plus intimiste où Boll se penchait sur un jeune homme paumé et mentalement instable qui commettra l’irréparable, cette fois-ci, le cinéaste rattache son sujet à un contexte socio-économique plus général pour montrer comment la société peut pousser une victime du système à se retourner avec logique et furie contre elle. Mais dans les deux cas, la démarche reste la même : la société créé elle-même ses propres instruments dramatiques.

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Le postulat d’Assault on Wall Street est un peu limite dans l’idée. Boll n’a jamais été un fin penseur du monde moderne et force est de constater que l’histoire qu’il raconte dérange un peu. Car dans sa narration, le film semble presque justifier les actions de son personnage qu’il ne contrebalance jamais réellement d’un message qui, sans être contradictoire, serait au moins nuancé. Assault on Wall Street en devient un brûlot un peu extrême voire extrémiste dénonçant ouvertement les financiers désignés comme les seuls et uniques responsables des maux de la société actuelle. « Tuons les tous puisque l’Etat est incapable de les mettre en prison » serait presque le message un peu lourd d’un film qui ne cherche jamais à se teinter d’un minimum de réflexion et qui en devient un pavé agressif montrant les risques auxquels s’exposent les systèmes faute de réaction. Boll semble énervé et il le montre. Assault on Wall Street n’est pas Wall Street 2 ou Margin Call (dont il se positionne comme une suite imaginée et extrême des évènements en version trash). Le film ne se pose pas de questions qui iraient plus loin que le bout de son nez et se contente de la façon la plus basique qui soit, de tirer aveuglément sur le système, métaphoriquement et concrètement, avec une colère empathique et par procuration. Le cinéaste justifie son exercice en le présentant comme un exécutoire cinématographique afin de ne « pas commettre l’irréparable ».  Une explication un peu facile qui masque un film moralement douteux que Boll décrit comme la mise en images haut et fort de ce que tout le monde a pensé tout bas. Soit. Sauf que dans ce cas-là, il aurait été plus « intelligent » d’amener à une réflexion sur la question, ce que le film ne fait pas et à plus forte raison avec sa fin qui atteint des sommets de cynisme d’autant que l’on n’est pas en présence d’un fou mais d’un homme que l’on comprend avec compassion d’où le danger d’un sujet très délicat.

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Uwe Boll conclu sa trilogie des « meurtres de masse ». Après Amoklauf et Rampage, cette production canadienne est le dernier volet de sa « réflexion » sur ces criminels frappadingues qui, aveuglés par des raisons diverses, basculent dans la folie passionnelle en mettant en œuvre des carnages massifs. Techniquement, Assault on Wall Street est du pur DTV. Réalisation frôlant par moments l’amateurisme (plans inutiles, style irrégulier et peu inspiré, technique très relative), ensemble visuellement assez cheap, ce dernier Uwe Boll ne sera pas celui de la maturité artistique, loin de là. On préfèrera nettement un Rampage plus homogène, de meilleure tenue et plus maîtrisé. Narrativement, le script est à la fois très linéaire et surtout basique, alignant les clichés et les scènes amenées sans grand talent scénaristique. Côté « plaisir », Assault on Wall Street est aussi à la peine, la faute à une construction pas très bien fichue. Le film peine à démarrer, prend un temps fou (plus d’une heure) pour exposer son contexte et les tenants et les aboutissants de son idée alors que les enjeux sont présents et compris depuis des lustres, construit sa progression psychologique bien maladroitement, tout ça avant d’aligner en bloc là où il voulait en venir de façon répétitive et narrativement presque indigeste, avec en ligne de mire, un aboutissement sur un moment de « bravoure » qui ne retrouvera pas la consistance et la hargne de Rampage. Trop mollasson, Assault on Wall Street n’est pas du « grand » Uwe Boll si tant est que cela existe. On aurait alors aimé au moins trouver ici une version de Rampage délocalisée et ancrée dans un autre contexte que l’on ne connaît que tristement trop bien et qui recelait la matière à quelque-chose de plus intéressant. Mais cette série B alignant des têtes de série B (Purcell en vedette mais aussi Edward Furlong malheureusement perdu, Keith David ou l’inévitable Michael Paré) n’arrive jamais à se hisser bien haut et retombe comme un soufflé bien qu’elle soit regardable un jour de disette filmique. Dommage que cette croisade révoltée du prolétariat en mode « jour du jugement dernier » pour les marionnettistes de la finance jouant avec la vie des plus faibles n’ait pas eu droit à un traitement plus ambitieux et surtout plus intelligent. Populiste et simpliste à souhait, Assault on Wall Street ne vole pas haut, voire au contraire, rase la moquette. Mais ça, on pouvait s’y attendre. Si seulement il avait été un peu plus fun à la place quitte à autant forcer le trait de la caricature dramatisante, cela ne l’aurait probablement pas sauvé de sa morale et de sa justification douteuses, mais la pilule serait peut-être mieux passée dans un registre de « plaisir coupable » assumé.

Bande-annonce :

3 thoughts on “ASSAULT ON WALL STREET (critique – drame/action)

  1. Autant je suis totalement d’ accord sur les qualités technique du film, assez mauvaises il faut le reconnaitre, autant je trouve la caricature pas si déplaisante…
    Le fait que le héros perde tout dans un enchainement de cause a effet est assez significatif des surendettés…
    De plus je ne vois pas ou est le mal a montrer les causes liés au passage a l’ acte d’ un mass-murder surtout si celle-ci semble justifier, l’ acte de tuer des gens est en soi suffisamment ignobles pour pouvoir le traiter de façon manichéenne
    Le film sans les dialogues ni la qualité, ressemble assez a Django Unchained un homme que des hommes on mis plus bat que terre cherche a ce venger et finit par le faire dans une apothéose mais là vu que le contexte est au présent et proche de nous on trouve cela populiste… quand un esclave se venge d’esclavagistes qui ne seront pas punis, on trouve cela jouissif … moi là je trouve que c’ est pareil : un pauvre gars ruiné se venge de crapules qui ne seront pas punis.
    La violence est un ressort du cinéma le fait que la cause nous semble « juste » est du coup très bien trouver … Plutôt que d’ amener le spectateur avec des il y a quand un banquier qui a essayé de l’ aider ou il aurait pus rejoindre occupywallstreet ou porté plainte, améliore largement pour moi le film.
    C’ est parce qu ‘il est manichéen qu’ il amène une vrai réflexion sur le rôle de la violence car quand les causes sont injuste ou que cela se passe a une autre époque c’ est facile de savoir ou ce placer mais quand c’ est totalement « juste » et plausible pour nous la question devient beaucoup plus pertinente : je ferais quoi a sa place… personnellement j’ en sais rien !

  2. Je ne suis pas d’accord et je trouve que ce film vaut au moins 7/10. Son message est puissant et inspira beaucoup de personnes je l’espère.
    A bonne entendeur

    1. Bonsoir Fabien,

      Le film essaie de donner un message puissant mais il le fait quand même avec beaucoup de raccourcis et de simplicité. Le résultat n’a pas la profondeur d’un Oliver Stone, Gus Van Sant ou autre sur ce genre de sujet et Uwe Boll n’est pas très réputé pour sa finesse d’analyse. L’idée de fond y est et elle est intéressante mais bon, nous avons trouvé ça quand même bien limité. Et c’est un peu dommage. La surdramatisation n’aide pas qui plus est, sans parler de la construction générale du fim qui a été écrit un peu à la-vite à partir d’une idée de départ maladroitement étoffée. Mais merci pour ton point de vue cela dit !

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