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ABSENTIA (critique)

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Carte d’identité :
Nom : Absentia
Parents : Mike Flanagan
Livret de famille : Katie Parker, Courtney Bell, Dave Levine, Morgan Peter Brown, Justin Gordon, James Flanagan, Scott Graham, Doug Jones…
Date de naissance : 2011
Nationalité : États-Unis
Taille/Poids : 1h27 – 70.000$

Signes particuliers (+) : Joue davantage sur sa très bonne ambiance plutôt que sur ses effets horrifiques. Angoissant, fascinant et élégant malgré son très faible budget.

Signes particuliers (-) : Le côté contemplatif pourrait gêner les plus impatients.

 

NE PAS VOIR LE BOUT DU TUNNEL

Résumé : Callie vient rendre visite à sa sœur Tricia, dont le mari, Daniel, a mystérieusement disparu depuis plus de sept ans. Des évènements étranges vont remuer l’affaire alors que Tricia vient enfin d’obtenir un acte officiel de décès supposé concernant son mari…

Obscur réalisateur de quelques films mineurs (Still Life, Ghost of Hamilton Street) Mike Flanagan, à la base monteur expérimenté sur des séries télévisées, signe ce Absentia, modeste série B fantastico-horrifique à petit budget (70.000 dollars) aussi intrigante que mystérieuse en apparence. Pas de stars évidemment, pas de fric, Flanagan mise alors sur son inventivité et sa créativité et tente de se montrer le plus démerdard possible, pour accoucher d’une œuvre de genre la plus aboutie possible compte tenu des moyens du bord. Et pour cela, le jeune metteur en scène sait qu’il ne pourra compter sur les effets spéciaux. Reste alors l’ambiance, souvent le meilleur moyen de réussir un film d’horreur.

Et finalement, Flanagan s’en sort pas si mal. A mi-chemin entre le drame et le film fantastique lorgnant vers l’horreur sans vraiment s’y adonner, Absentia joue la carte de l’épuration la plus totale et tente de se doter d’une atmosphère bien particulière, étrange et aussi mystérieuse que son sujet n’est flou et obscur. Si le résultat peut paraître déconcertant, l’appréciation de la tentative se jouera entièrement sur la façon de l’aborder. En clair, on entre dans le film ou pas. Flanagan s’attache tout d’abord et en premier lieu, à faire de ses personnages, des protagonistes crédibles, riches. Tout tourne autour des retrouvailles de deux sœurs, chacune étant confrontée à ses démons et ses tragédies. Tricia ne se remet pas de la disparition de son mari. Pire que l’absence, c’est surtout le fait de ne pas savoir, de ne pas être fixé qui la ronge depuis sept ans. Est-il mort ? Amnésique et perdu quelque part, seul ? Est-il parti avec une minette sans laisser de traces ? A t-il été enlevé par des aliens même ? Peu importe la raison, Tricia voudrait surtout savoir, pouvoir avancer dans la vie sans ce poids douloureux qu’elle se traîne comme un boulet depuis toutes ses années et qui la hante. De son coté, Callie (très jolie et douée Katie Parker, sorte de croisement entre Jessica Alba et Liv Tyler) essaie de sortir d’un passé chaotique fait de prise de drogues et de errances sans but. Ensemble, elles essaient d’être plus fortes et de se redonner mutuellement courage pour avancer dans la vie. Et c’est autour de ce drame humain que le cinéaste va développer une intrigue fantastique étrange, jamais claire, toujours obscure, adoptant ainsi le point de vue de ses deux jeunes femmes confrontées à des phénomènes bizarres en rapport avec un tunnel proche de la maison, qu’elles n’expliquent pas et qui par conséquent, ne nous le seront pas expliqués davantage. Certains pourront ainsi crier à l’arnaque, restant sur leur faim. Mais les autres pourront apprécier l’ambiance apposée par Flanagan à un film marchant sur le fil de l’étrangeté permanente, du doute. Fascinant bien que dénué de tout artifice, n’apportant pas vraiment de réponse à son histoire ambiguë, Absentia est surtout un film posant des mystères (ce fameux tunnel obsédant et inquiétant, servant de passage entre un lotissement et le centre ville) qu’il laisse en suspens, à la fois et certainement pour des raisons budgétaires (70.000$ quand même, rappelons le), mais surtout pour laisser travailler avec malice, l’imaginaire d’un spectateur titillé dans sa curiosité.

Assez lent, parfois même contemplatif mais jamais trop, Absentia est une tentative intéressante d’un autre cinéma d’horreur indépendant, explorant de nouveaux horizons thématiques et stylistiques, préférant une atmosphère envoûtante, captivante et non sans tension, à une débauche de meurtres ou de tortures comme c’est à la mode actuellement dans le cinéma de genre. Flanagan prouve que l’on peut faire de belles choses avec rien et nous plonge avec intérêt dans un drame à tendance horrifique réussi et plus intelligent que la moyenne souvent débilitante. Une belle surprise pour un bel exercice étonnant par sa qualité de mise en scène, sa qualité musicale ou sa très élégante photographie. Chapeau.

Bande-annonce :

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