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Nom : Im Westen nichts Neues
Père : Edward Berger
Date de naissance : 2022
Majorité : 28 octobre 2022
Type : Dispo sur Netflix
Nationalité : Allemagne
Taille : 2h28 / Poids : NC
Genre : Guerre
Livret de Famille : Felix Kammerer, Albrecht Schuch, Aaron Hilmer, Daniel Brühl…
Signes particuliers : L’un des grands gagnants des Oscars 2023.
Synopsis : L’histoire poignante d’un jeune soldat allemand sur le front occidental pendant la Première Guerre mondiale. En première ligne, Paul et ses camarades voient l’euphorie initiale se muer en désespoir et en épouvante quand ils se retrouvent à défendre leurs vies au fond des tranchées.
EN IMMERSION DANS L’ENFER DES TRANCHEES
NOTRE AVIS SUR A L’OUEST, RIEN DE NOUVEAU
A l’Ouest, rien de nouveau… du moins jusqu’à aujourd’hui. Les films sur la Première Guerre Mondiale sont légion. Mais plus rares sont ceux abordant la Grande Guerre du point de vue allemand. C’est ce que propose À l’Ouest rien de nouveau, troisième adaptation du fort célèbre roman de Erich Maria Remarque après celle de Lewis Milestone en 1930 puis le téléfilm de Delbert Man en 1979. Réalisé par le germanique Edward Berger, A l’Ouest rien de nouveau conte encore l’histoire de Paul Bäumer, un jeune allemand de 17 ans qui s’engage avec quelques camarades dans les rangs de l’armée germanique pour aller combattre en France. Mais à peine arrivé sur le front, qu’il va vite déchanter. L’aventure espérée est en réalité un aller-simple pour l’enfer.
Et à l’ouest, rien de nouveau pour le coup. On sent de très loin les références qui accompagnent le film d’Edward Berger, le 1917 de Sam Mendes d’un côté, le Il faut sauver sauver le soldat Ryan de Steven Spielberg de l’autre. Berger signe un film qui se veut très immersif, porté par une caméra qui plonge littéralement le spectateur au cœur du cauchemar vécu par les personnages. Ils partaient à la guerre avec leur innocence de jeunes hommes insouciants et euphoriques désireux de prendre part à une grande aventure. Ils vont vite déchanter et connaître l’horreur d’un conflit atroce ou règne la bestialité, la mort, la faim, l’inhumanité, la violence. Parlons-en justement de la violence. Edward Berger n’occulte rien du carnage, montrant des hommes qui tombaient par centaines de milliers dans des affrontements sanglants et acharnés. Sans concession, À l’Ouest rien de nouveau est une odyssée abominablement douloureuse et viscérale qui montre que d’un côté comme de l’autre, la Grande Guerre aura surtout arraché à la vie, des hommes écrasés par le poids d’un conflit qui les dépassaient totalement.
Le film a été un triomphe aux derniers Oscars. Probablement parce que son histoire fait écho à une actualité brûlante : l’Ukraine. Un exemple récent de guerre qui devait « être pliée en quelques jours » et qui s’est enlisée dans l’enfer interminable. Mais la razzia du film allemand ne s’explique pas uniquement par cette lointaine résonnance politique (d’autant que le projet a été initié bien avant la guerre en Ukraine). Il faut reconnaître au film d’Edward Berger d’être « bien fait ». Techniquement, artistiquement, À l’Ouest rien de nouveau fonctionne par la solidité de sa mise en scène efficace, par sa photo aux tonalités blafardes et sa direction artistique austère soulignant le sentiment d’horreur, par son atmosphère pesante et par son regard sec sur son sujet. Sans parler de la qualité de son interprétation, en tête le jeune Felix Kammerer dont c’est le premier rôle et qui s’en empare avec conviction, portant sur ses épaules cette peinture rouge sang d’un cauchemar sans fin fait de boue, de bruit, de viscères, de terreur et de carnages vains.
Néanmoins, tout bien fait soit-il, A l’Ouest rien de nouveau ne restera probablement dans les annales. Malgré son efficacité, malgré ses Oscars, on peut lui trouver un côté « beaucoup de bruit pour rien » car au final, ni sur la forme ni sur le fond, il ne propose quelque chose de franchement novateur. Si ce n’est d’être le premier regard allemand sur le roman de Remarque, jusqu’ici uniquement adapté par des américains. Ce regard des concernés si l’on peut dire, donne une tonalité intéressante au film. On regrettera seulement que Berger ait finalement fait le pari de l’intensité au détriment de la substance en creux. Le film fait plusieurs entorses au roman, plus ou moins dommageables. L’entrée des personnages dans la guerre est plus tardive (1915 dans le roman, 1917 dans le film), le final est différent, plus dramatisé pour apporter une touche d’ironie tragique dans la temporalité. Et surtout, un chapitre manque. Dans le roman, le soldat Baümer se voit accorder une permission d’une semaine. Son retour à son ancienne vie était l’occasion pour Remarque de dire beaucoup de choses sur ces hommes que la guerre a transformé et détruit en profondeur. Tellement qu’ils ne désirent que fuir cet enfer mais en même pour quoi ? Pour une ancienne vie qu’ils seront incapables de reprendre tant une part d’eux restera à jamais morte dans les tranchées françaises. Edward Berger a probablement voulu tenir le spectateur dans un état l’immersion constant mais il se prive pour cela, de l’un des passages les plus poignants du livre. Cela dit, un travail d’adaptation ne se fait jamais sans casser quelques œufs. Juste dommage quand certains tombent à côté du plat.
Par Nicolas Rieux