Mondo-mètre :
Carte d’identité :
Nom : Insidious, Chapter 2
Père : James Wan
Livret de famille : Patrick Wilson (Josh), Rose Byrne (Renai), Barbara Hershey (Lorraine), Leigh Whannell (Specks), Angus Sampson (Tucker), Lin Shaye (Elise), Ty Simpkins (Dalton), Steve Coulter (Carl)…
Date de naissance : 2013
Majorité au : 02 octobre 2013 (en salles)
Nationalité : USA
Taille : 1h45
Poids : 5 millions $
Signes particuliers (+) : Parce que c’est James Wan et qu’il a suffisamment de talent pour emballer efficacement ses scènes d’épouvante, cette suite peu inspirée réussit quand même à jouer avec notre trouillomètre en distillant quelques moments de frayeur tendus.
Signes particuliers (-) : Une suite paresseuse et opportuniste, ne proposant qu’un amoncellement de déjà-vu réchauffé rapidement au micro-onde pour surfer sur la « marque » du précédent. Poussif, mal structuré, écrit à la va-vite, son enfilage de jump-scare faciles et abondants balisant le script, masque le vide d’une entreprise à bout de souffle, peu inspirée et aux coutures sur-apparentes. Et c’est sans évoquer quelques séquences flirtant dangereusement avec le nanar ridicule. Un copier-coller recyclant les restes d’Insidious et de Conjuring sans la manière.
L’ADIEU AUX LARMES DE JAMES WAN
Résumé : Les esprits n’en ont pas terminé avec la famille Lambert qui n’est pas prête de voir le bout du tunnel dans leur démêlés avec les morts…
James Wan ne nous laisse aucun répit ! Alors qu’on ne s’est toujours pas complètement remis de la claque qu’était Conjuring, Les Dossiers Warren, voilà que le petit génie du cinoche de genre frappe à nouveau avec la suite de son excellent Insidious (2010), sobrement intitulé Insidious : Chapitre 2. Un film qui sort alors que le précédent est encore en salles, c’est pas chose courante. On prend donc les mêmes et on recommence pour une nouvelle virée cauchemardesque dans le monde des fantômes et des esprits mal intentionnés tourmentant une petite famille malheureusement pas tranquille. On retrouve donc toute la clique en charge du premier volet, ce qui nous permet d’espérer voir Insidious : Chapitre 2 s’inscrire dans la même veine que son prédécesseur. Outre bien entendu James Wan à la réal, toujours son fidèle comparse, Leigh Whannell, au scénario (une collaboration fructueuse depuis Saw où il campait également le co-premier rôle), toujours ce diablotin d’Oren Peli (la saga Paranormal Activity) à la production, associé au spécialiste Jason Blum (producteur derrière les standards récents du genre, des Paranormal Activity à Sinister en passant par Lords of Salem, The Purge, The Bay ou Dark Skies) et devant la caméra, le couple Rose Byrne et Patrick Wilson qui rempilent pour une suite directement inscrite dans la continuité du premier volet. Le résultat ? Un nouveau succès au box-office américain qui aura vu Insidious 2 s’emparer du fauteuil de leader à sa sortie. James Wan 2013, acte II, on avait hâte. D’autant que c’est probablement la fin puisque le cinéaste a déclaré vouloir en finir avec sa période « cinéma d’horreur » et se retirer des affaires, du moins dans ce secteur, pour voguer vers de nouveaux challenges (Fast & Furious 7 à l’horizon désormais).
On aurait aimé voir James Wan asséner deux claques en l’espace de deux mois. C’eut été si fort ! Malheureusement, force est constater qu’Insidious 2 n’est pas du même calibre ni que son prédécesseur, ni que Conjuring. C’est surtout, et de loin, le film le plus paresseux de son auteur que l’on a connu autrement plus inspiré par le passé. Lassitude du genre correspondant à son souhait émis d’arrêter ? Possible. En tout cas, à signer coup sur coup deux films aux thématiques similaires, le cinéaste prenait un risque énorme de s’auto-plagier consciemment ou inconsciemment. C’est ce qui se passe avec une suite poussive et bancale, aux coutures très apparentes puisqu’apposées à dos même d’une mécanique ultra-rigide qui se contente de dérouler son canevas balisé de jump-scare mathématiquement placés au point d’en être prévisibles et sans saveur particulière. Insidious 2 aurait-il été tourné à la va-vite et sans la même passion qu’auparavant ? C’est l’impression qu’il nous reste en tout cas devant un semi-échec qui sonne comme une terrible désillusion. Non pas que l’on se retrouve face à une purge embarrassante mais l’on attendait peut-être trop monts et merveilles de ce second chapitre d’où ce sentiment de déception après avoir eu probablement le tort de croire que le talentueux bonhomme pouvait faire encore mieux qu’un Conjuring qui était déjà le must de ce qui pouvait se faire dans son registre.
Alors oui, Insidious 2 fiche par à-coups la pétoche. Oui, il nous pousse à faire des bonds spectaculaires sur notre fauteuil, oui par moments il glace le sang au détour de séquences horrifiques sacrément efficaces et parfois bien imaginées et fomentées. Parce que c’est James Wan et que même un James Wan mineur reste tout de même au-dessus de la moyenne de la production du genre actuelle. Mais c’est insuffisant. La recette qui avait façonné le succès et la classe, tant de Insidious 1 que de Conjuring, n’y est pas. Cette sequel manque d’âme, d’originalité et même si elle sait trouver le moyen de faire effet assez régulièrement, elle loupe le coche de la série B géniale reproduisant les qualités entraperçues dans son modèle. Venant d’un autre, à coup sûr, on n’aurait pas été si dur avec le film. Parce que globalement, Insidious 2 est correct et se défend bien mieux que nombre de ses concurrents. Mais quand on connaît le talent dingue de son auteur, quand on sait ce qu’il est capable de faire et quand on connaît ce qu’il a déjà fait, difficile de porter aux nues ce nouvel effort qui s’ancre dans la facilité et fleure pas bon le travail bâclé et expédié non sans une pointe de cynisme dans la démarche prenant le spectateur pour des buses en lui servant du réchauffé calculé pour plaire, sans génie, et recyclant à tout-va. C’est simple, avec Insidious 2, on aurait presque l’impression de voir James Wan piocher dans le chutier des scènes non-retenues pour Conjuring afin de monter une expédition mercenaire opportuniste visant les dollars sur la base d’une marque exploitée, celle de « Insidious« , l’un des meilleurs films de genre des années 2010.
Structuré sans imagination en mode remplissage, souvent réalisé avec gaucherie, et oubliant de façonner une ambiance de terreur soutenant ses contours, ce second volet est sans cesse attendu, facile, pistant à la trace ses scènes horrifiques bien disséminées à fréquence régulière, et pire, dangereusement à cheval entre le navet et le très correct. Car si globalement on n’irait pas jusqu’à le taxer de nullité infâme (ce serait oublier tout ce qu’on se coltine à longueur d’année en occultant les qualités en présence ici), certaines scènes sont franchement d’un goût passablement douteux. On se souvient des splendides passages léchés de l’au-delà dans le précédent. Ici, ils cèdent la place à des séquences d’un ridicule gênant et d’une cheaperie étonnante, par ailleurs fort mal jouées par un casting sans direction et en roue libre, attirant soudainement le film sur le terrain de la pire des bisseries en DTV, non loin du style de certains nanars italiens d’un Fulci pas en forme ou d’un Lamberto Bava… normal.
Il était certainement temps pour Wan d’arrêter. Le cinéaste semble avoir livré tout ce qu’il avait à offrir au genre et plus particulièrement à ce registre spécifique. Baroud d’honneur fatigué, Insidious 2 se paume lentement dans son concept, tournant en rond sans jamais trop savoir quoi dire ou ajouter au moulin de son postulat sucé jusqu’à la moelle ces temps-ci. Une redondance qui se sent jusque dans le rythme franchement peu emballant, avec pour seules éclaircis dans la brume, les séquences de flippe qui pimentent une affaire ampoulée, fonctionnant comme des alarmes de réveil dans la monotonie de l’ensemble grâce à un James Wan qui, au moins, sait toujours les filmer avec autant de métier et d’efficacité indéniable. Mais avec ce plat réchauffé au micro-onde et servant des restes sans une saveur affriolante, on se contente de prendre ce qu’il y a à prendre, des montées de trouille éparses cousues de fil blanc, compilées et assemblées les unes à la suite des autres pour masquer le vide global de l’entreprise. Bref, Insidious 2 aurait pu être un solide récit d’épouvante s’il ne venait pas s’inscrire dans la succession d’un premier film remarquablement bon et dans la filmo d’un malin qui a su bien mieux nous impressionner par le passé. La qualité du travail de Wan jusque-là, vient jouer contre lui cette fois-ci, ce « dernier » effort de genre étant indigne de son statut, plus une équation scénaristique recherchant l’inconnu x de l’efficacité simpliste, qu’un vrai et beau film d’épouvante bien ficelé et bien pensé. En fait, dans sa construction et sa démarche, Insidious 2 n’est pas sans ressembler la recette calibrée des Paranormal Activity mais en plus nerveux et intense, soit du rien et des séquences d’horreur à intervalles suffisamment réguliers pour essayer de faire la blague sans trop se prendre la tête à pondre quelque-chose de qualité. Les moins exigeants se contenteront de l’efficacité du produit. Les autres tomberont de haut devant le manque de génie de cette sequel nonchalante.
Bande-annonce :
Par Nicolas Rieux