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PUSHER (critique)

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Carte d’identité :
Nom : Pusher
Parents : Nicolas Winding Refn
Livret de famille : Kim Bodnia, Zlatko Buric, Mads Mikkelsen, Laura Drasbaek, Slavko Labovic, Peter Andersson…
Date de naissance : 1996
Nationalité : Danemark
Taille/Poids : 1h45 – 800.000€

Signes particuliers (+) : Une claque qui sonne comme un renouveau dans son genre. Appartient à une Nouvelle Vague danoise. L’intimiste qui prend le pas sur le clinquant habituel. La puissance dramatique. Les comédiens d’exception. La réalisation rageuse. Le refus des clichés.

Signes particuliers (-) : Quelques rares passages brouillons (et encore)

 

PETITE CRIMINALITÉ À LA DANOISE

Résumé : A Copenhague, Frank, petit dealer sans envergure, tente de survivre. Sur un coup potentiellement lucratif, il se fait avoir et se retrouve endetté, à devoir un paquet d’argent à un parrain sans scrupule, Milo…

C’est grâce à la trilogie culte des Pusher que l’on profite aujourd’hui de l’éclosion et de la confirmation de film en film de l’un des cinéastes majeurs de ce début de siècle : le danois Nicolas Winding Refn. Avant ses éclatants Bronson, Valhalla Rising et surtout Drive en 2011, Refn était surtout l’homme derrière cette puissante saga hors du commun et atypique.

Suite à la réussite d’un court-métrage d’étudiant, Refn se lance en 1996 dans la production autodidacte de son premier long, Pusher. Financé par ses soins et en famille, le futur petit génie nordique tourne avec une somme dérisoire un film coup de poing sur le milieu des truands danois. S’inspirant du style en vogue du dogme initié par Lars Von Trier, Refn adopte l’angle du récit intimiste, caméra à l’épaule, épuré au maximum de tout effet de mise en scène ou de dramatisation excessive renforcée par une présence musicale. Et dans cette logique, il évitera de tomber dans l’énième peinture classique du milieu mystifié des parrains de la mafia, de la criminalité idéalisée avec ses gangsters charismatiques. Refn va pondre un anti-Scarface âpre et rugueux. D’ailleurs, ce ne sera pas sur la puissante mafia qu’il va se pencher mais sur les petites gens qui composent la couche d’en-dessous. Exit donc les caïds puissants, les personnages de Pusher vont être plus authentiques, plus vrais, plus profonds. Et le résultat n’est pas beau à voir. Bras cassés, loosers pathétiques, les réels protagonistes principaux de Pusher, son héro Frank en tête, sont gauches et surtout, sont malchanceux, se retrouvant ainsi dans une spirale infernale durement et cruellement réaliste dans laquelle ils tentent de battre des bras pour ne pas se noyer dans la marre de leur propre merde. Si chacun des films composant la saga s’attache au point de vue d’un personnage (pas un choix de départ puisqu’il n’était pas question de suite ni même de trilogie à venir), le premier volet est centré sur Frank, petit criminel essayant de voir plus gros mais jouant de pas de bol. Et c’est suite à un coup raté qu’il va se retrouver pris dans un engrenage dans lequel il n’y a pas d’issue hollywoodienne ou de rebondissement salvateur espéré. Frank est juste dans la mouise, il coule, agite les bras mais se noie progressivement car son problème est insoluble. Et c’est avec une forme de tristesse et d’empathie que l’on se prend à s’apitoyer sur le sort de ce personnage peu recommandable mais tellement naïf et désespéré.

Renouvelant le polar, Refn accouche d’une première œuvre éclatante de maîtrise, sombre et terrible dans laquelle se dégage l’incroyable prestation d’acteurs d’exception se donnant à corps et à cris, Kim Bodnia en tête, qui ne parviendra malheureusement pas à faire décoller sa carrière par la suite pour confirmer au grand jour son talent énorme. Mais autour de lui, on va découvrir avec délectation l’éblouissant Mads Mikkelsen, véritable révélation du film, encore aux balbutiements de sa carrière et qui, lui, confirmera à commencer avec le second volet de la saga, reposant entièrement sur ses épaules. Enfin, Milo, le trafiquant et terrifiant serbe, sera entre les mains du génial Zlatko Buric que le grand public, s’il ne l’a pas vu dans Pusher et surtout Pusher 3 (qui se focalise sur lui cette fois), découvrira dans son rôle ultra-caricatural du russe milliardaire Yuri dans le film catastrophe d’Emmerich, 2012.

Humain, énergique et crûment réaliste, Pusher est une petite baffe venu d’un pays froid tant climatiquement que dans la violence de ses bas-fonds où se battent des gangsters d’un nouveau genre, des gangsters tout ce qu’il y a de plus crédible et vrai, tout ce qu’il y a de plus quotidien et banal. Le vrai gangstérisme est là, sous la caméra de ce petit danois qui s’impose dès ses débuts, poussant tout le monde pour planter son chef d’œuvre furieux et implacable, reléguant au second plan les clichés éculés du genre pour y souffler un vent d’air frais en nous plongeant dans une épopée tragiquement simple et humaine pour le milieu mais terriblement étouffante et sordide. A suivre pour le second volet centré sur l’acolyte de Frank, le fantasque et démentiel Tonny, campé par l’éblouissant Mikkelsen.

Bande-annonce :


Pusher – Bande annonce Vost FR par _Caprice_

2 thoughts on “PUSHER (critique)

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