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13 HOURS de Michael Bay : la critique du film

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13 hoursnote 3 -5
Nom : 13 Hours : The Secret Soldiers of Benghazi
Père : Michael Bay
Date de naissance : 2015
Majorité : 30 mars 2016
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 2h24 / Poids : 50 M€
Genre : Action, Guerre

Livret de famille : John Krasinski, James Badge Dale, Max Martini, Pablo Schreiber, David Denman, Dominic Fumusa, Toby Stephens, Alexia Barlier…

Signes particuliers : Sans la moindre once de subtilité pouvant élever un brin le débat compte tenu de la délicatesse du sujet, Michael Bay a au moins le mérite de balancer un actioner qui envoie sacrément le bois.

LA BAY SANGLANTE

LA CRITIQUE

Résumé : Benghazi (Libye), 11 septembre 2012. Face à des assaillants sur-armés et bien supérieurs en nombre, six hommes ont eu le courage de tenter l’impossible. Leur combat a duré 13 heures. Ceci est une histoire vraie.

Left to Right: Pablo Schreiber plays Kris "Tanto" Paronto, John Krasinski plays Jack Silva, David Denman plays Dave "Boon" Benton and Dominic Fumusa plays John "Tig" Tiegen in 13 Hours: The Secret Soldiers of Benghazi from Paramount Pictures and 3 Arts Entertainment / Bay Films in theatres January 15, 2016.

L’INTRO :

Chaud devant, dégagez le passage, l’empereur du bourrin est de retour avec ses gros sabots chargés en kilos de fun décomplexé. Michael Bay, le plus texan de tous les californiens, le plus yankee de tous les yankees, et accessoirement le plus patriotique de tous les cinéastes patriotiques, déboule avec son douzième long-métrage, 13 Hours, adapté d’un roman de Mitchell Zuckoff. Le récit de ce que les américains appellent « l’attaque de Banghazi ». En gros, pour resituer l’histoire dans son contexte, le 11 septembre 2012 dans la ville libyenne, une villa faisant office de point de chute pour l’ambassadeur américain en visite, puis dans la foulée une base secrète de la CIA, sont attaquées par une milice islamiste aussi fournie en hommes qu’armées jusqu’aux dents. Durant 13 heures, un groupe de paramilitaires (plus précisément des « opérateurs de sécurités« ) ont dû défendre les murs assiégés au péril de leur vie. Cet acte de bravoure ne pouvait que taper dans l’œil de l’ami Bay, toujours aussi admiratif de l’héroïsme à la ricaine, et qui le porte à l’écran à travers un film à « petit budget » (seulement 50 M$, soit le budget cacahuètes des apéros de tournage d’un Transformers). Et si finalement, c’était quand il avait moins d’argent à sa disposition, que Michael Bay s’avérait le meilleur ? En tout cas, 13 Hours a plutôt divisé la critique américaine, une chose à laquelle le cinéaste n’est guère habitué, lui qui se fait généralement descendre en flèche à chaque nouvelle sortie.

Left to right: Pablo Schreiber plays Kris "Tanto" Paronto and David Denman plays Dave "Boon" Benton in 13 Hours: The Secret Soldiers of Benghazi from Paramount Pictures and 3 Arts Entertainment / Bay Films in theatres January 15, 2016.

L’AVIS :

On peut critiquer le gouvernement, on peut égratigner la bureaucratie, on peut taper sur la diplomatie, la CIA, la NSA et tout le bazar… mais l’armée, pas touche ! En l’occurrence avec 13 Hours, c’est aux « paramilitaires » que Michael Bay rend un hommage virilement appuyé. Courage, héroïsme, pugnacité, solidarité… Toutes les valeurs symboles de ces surhommes de l’Amérique vibrent sous la caméra d’un Bay super-déchaîné, en mode glorification suprême totalement assumée, comme à son habitude. Avec 13 Hours, le père d’Armageddon plonge le spectateur dans une « entreprise de destruction immersive », récit de treize heures de bataille acharnée entre un groupe retranché et des assaillants libyens sans visage, ni nom, ni personnalité d’ailleurs. En somme, Bay livre son Fort Alamo à lui, mixé avec La Chute du Faucon Noir voire même Rock, ou plutôt une séquence emblématique de Rock qui devient un film tout entier avec 13 Hours. Ultra-violent et sans temps morts pour souffler, Bay enfonce le spectateur dans son fauteuil avec cette illustration d’un chaos guerrier filmé avec une efficacité tonitruante, typique du texan bourrin qui n’a jamais fait dans la dentelle, et qui ne compte certainement pas commencer aujourd’hui.

James Badge Dale plays Tyrone "Rone" Woods in 13 Hours: The Secret Soldiers of Benghazi from Paramount Pictures and 3 Arts Entertainment / Bay Films in theatres January 15, 2016.

13 Hours est un sacré spectacle aux allures de déluge d’action dantesque. Une définition qui s’impose à la fois comme sa plus noble qualité et sa plus grosse limite. Car Bay n’est pas Ridley Scott, Kathryn Bigelow ou Peter Berg et 13 Hours n’est ni La Chute du Faucon Noir, ni Zero Dark Thirty, ni Du Sang et des Larmes. Avec toute la fibre patriotique et l’absence de finesse qu’on lui connaît, le forcené du plan qui claque, déverse un torrent de gunfight et d’explosions à n’en plus finir, pour immerger pleinement son public au cœur de cette bataille épique d’une nuit, aux enjeux aussi limités qu’essentiels : survivre aux déferlantes ennemies et tenir ses positions coûte que coûte. Tendu comme un string, généreux comme l’abbé Pierre, et aussi efficace qu’un tir de bazooka sur une cabane en bois, 13 Hours assure le job avec intensité et une frénésie quasi-jouissive, du moins tant que l’on reste en surface, sans chercher à gratter la couche de façade qui enrobe ce thriller d’action pétri dans la générosité du spectacle haletant et total.13 HOURS: THE SECRET SOLDIERS OF BENGHAZICar si l’on se prête à jeter des coups d’œil aux encornures, entre la vision politique unilatérale dénuée de toute subtilité ou pointe d’intelligence élévatrice, faisant passer sans vergogne l’ennemi libyen pour ni plus ni moins que des pantins de guérilla à dézinguer sans ménagement façon Assaut de Carpenter, ou bien quelques plans poussant le bouchon trop loin dans le too much inutile voire grotesque (l’extrême final ultra-glorificateur ou ce plan de mauvais goût au regard du reste du film, où mères et enfants locaux pleurent les leurs), 13 Hours trahit bien vite la réponse bas du front qu’il offre aux quelques interrogations qu’il aurait pu soulever avec un peu de talent pour explorer le fond de son sujet. Sauf que le fond, c’est pas son truc à Bay. Au terme d’une installation patiente mais jamais ennuyeuse, Michael Bay ne tardera pas à briller dans ce qu’il maîtrise le mieux : l’action. Avec un montage moins frénétique qu’à l’accoutumée et une réalisation capable de touches de virtuosité, le cinéaste livre un roller coaster plutôt bandant, en dépit de son incapacité à discourir entre les lignes, et d’un découpage narratif un peu aux abois et confus dans la première partie de son « spectacle » lancé avec un panache incontrôlé.13 HOURS: THE SECRET SOLDIERS OF BENGHAZIEt pour l’anecdote, alors que le cinéaste et son studio se défendent de toute prise de positions politiques, son 13 Hours de s’être retrouvé ironiquement au cœur de la campagne des primaires pour la prochaine présidentielle. Les Républicains y ont vu l’occasion de critiquer la diplomatie du gouvernement Obama, alors gérée par… Hillary Clinton. Il faut dire que s’il y a bien une chose que le film flingue sans ménagement, c’est bien cette diplomatie à la ramasse, pointant du doigt son manque de compétence, son attentisme, et par extension, la perte de puissance du pays sur l’échiquier international. Mais encore une fois, la réflexion reste très sommaire, en plus d’être appuyée au marqueur, et tant que l’armée et ce qui gravite autour d’elle en ressort grandi, tout va bien pour l’inénarrable Bay en fusion patriotique. En somme, tout aussi basique soit-il dans sa portée extra-spectacle, 13 Hours est à prendre pour ce qu’il est, à savoir un bon gros actioner dense et puissant, qui défouraille sévère. L’accepter ainsi sera d’ailleurs le meilleur service qu’on pourra lui rendre et le meilleur moyen d’apprécier la folie furieuse de ce Call of Duty sur grand écran !

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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