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THE PAINTED BIRD de Vaclav Marhoul : la critique du film

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Nom : Nabarvené ptáče
Père : Vaclav Marhoul
Date de naissance : 2019
Majorité : 21 avril 2022
Type : Disponible sur Filmotv
Nationalité : Rép. Tchèque, Ukraine, Slovaquie
Taille : 2h42 / Poids : NC
Genre : Drame, Guerre

Livret de Famille : Petr Kotlar, Stellan SkarsgårdUdo KierHarvey Keitel, Julian Sands, Barry Pepper…

Signes particuliers : Ames sensibles, s’abstenir. 

Synopsis : À l’aube de la Seconde Guerre mondiale, un jeune garçon abandonné erre dans une Europe de l’Est dévastée. Témoin des pires atrocités ou subissant lui-même de terribles persécutions, il devra se battre pour survivre et espérer.

 

 REQUIEM POUR UN CHEF-D’OEUVRE

NOTRE AVIS SUR THE PAINTED BIRD

Septembre 2019, la Mostra de Venise est en ébullition. La 76eme édition du festival vénitien voit des films très différents enflammer le public, du Joker de Todd Philips au Gloria Mundi de Guédiguian en passant par le magnifique Madre de Roderigo Sorogoyen, le J’accuse de Polanski ou l’enivrant Martin Eden de Pietro Marcello. Au milieu de toutes ces œuvres saluées à divers degrés, le choc de l’édition qui fera bruit et scandale : The Painted Bird. Coproduction slave entre la République Tchèque, l’Ukraine et la Slovaquie, ce second long-métrage de Vaclav Marhoul est l’adaptation fleuve du roman polémique L’oiseau bariolé de Jerzy Kosinski, publié en 1965 aux Etats-Unis par l’auteur d’origine polonaise. Il y relatait sa « soi-disant » expérience personnelle d’enfant juif dans la Pologne du début de la Deuxième Guerre Mondiale, mais l’impressionnante somme des horreurs narrées dans son histoire ont vite fait de remettre en question la réelle part de véracité de son récit repoussant les limites du tragique. Une somme d’horreurs que Vaclav Marhoul n’épargne pas au spectateur tout au long d’un film aux allures de voyage aux confins de l’épouvantable.
Parcours initiatique, drame terriblement viscéral, film d’horreur et de guerre, récit de survie, The Painted Bird est un peu de tout ça. Le film de Vaclav Marhoul suit le chemin de croix d’un enfant juif errant dans un pays d’Europe Centrale après s’être retrouvé seul suite à deux premiers drames introductifs. Chapitré selon les rencontres que le petit garçon va faire, le très long-métrage (2h42) sera une succession d’expériences de la cruauté, chacune repoussant encore et toujours les limites de l’horreur paroxystique entre humiliations, tortures, sévices sexuels ou psychologiques, confrontation à la mort, la guerre ou l’inhumanité. Survivre. C’est alors tout ce qui va importer pour ce gosse fracassé par les coups. Mais quand on lutte à ce point pour « survivre », on en ressort inéluctablement transformé. Souvent pour le pire, rarement pour le meilleur.
IMMENSE. Avec The Painted Bird, Vaclav Marhoul signe une œuvre monumentale appelée à devenir culte. Peut-être pas aujourd’hui ni demain, mais un jour. C’est écrit, il paraît indéniable que tôt ou tard, elle sera reconnue à sa juste valeur, comme ce fut le cas pour le Requiem pour un Massacre de Elem Klimov duquel elle se réclame haut et fort. La filiation entre le classique russe de 1985 et le long-métrage de Marhoul est évidente et ne se limite pas à quelques motifs facilement repérables. Oui, il y a le contexte (l’arrivée de la seconde guerre mondiale dans les pays de l’Est), le regard d’un enfant-victime comme vecteur, la survie comme socle narratif, le parti pris formel du noir et blanc, le côté « fresque » et l’horreur humaine comme continuité narrative, mais cela va encore plus loin. Thématiquement, The Painted Bird est un fils spirituel du film de Klimov. L’innocence balayée et spectatrice de l’irrationnelle folie du monde, l’extrême dureté d’un temps qui n’a fait aucun cadeau à ces petits pays de l’Est sans cesse laminés, une réflexion sur la violence à travers une démonstration physique ou psychologique jusqu’au-boutiste… Croiser Aleksey Kravchenko (l’acteur iconique de Requiem) au détour de l’un des segments ne fait que confirmer l’évidence, Marhoul rend un hommage vibrant à son film-modèle et essaie de perpétuer sa grandeur via une œuvre qui lui fait écho.
A la Mostra de Venise, une quantité non négligeable de spectateurs a quitté la salle durant la projection, écœurée par l’extrême dureté frontale de l’œuvre. A sa manière, The Painted Bird s’inscrit dans un courant cinématographique où l’on pourrait citer des chocs tels que le Salo de Pasolini ou le Orange Mécanique de Kubrick. Ces films qui questionnent le pire de la nature humaine en illustrant ce pire au-delà de l’imaginable, au risque de choquer. En cela, le film, comme le roman originel de Kosinski, est une étude sur le Mal indéfectible qui semble habiter l’Homme et les conséquences d’une exposition à trop long terme à la cruauté humaine sans limite. Ceux qui ne saisiront pas l’impressionnante matière qui abonde derrière ces images d’horreur, croiront à une surenchère gratuite en se demandant quand est-ce que le calvaire va prendre fin. Ce serait réducteur. The Painted Bird est une œuvre choc, puissante, dérangeante, proche de l’expérience d’un abandon dans la noirceur la plus totale avec une pointe de cynisme qui ne fait que renforcer son propos… sur l’humanité cynique. Oui, la parade est un peu facile dans l’absolu mais pourtant, c’est bel et bien ainsi que fonctionne cette folie traumatisante.
La fascinante beauté d’une mise en scène éminemment léchée et traversée de tableaux peignant l’atroce chaos répond à l’horreur indescriptible du récit, cruel, sans concession, orchestré tel un grand périple tragique fait d’étapes douloureuses. Avec sa légère pointe d’onirisme et sa méthodologie allégoriste, The Painted Bird finit par prendre les oripeaux du conte pour devenir une ballade effroyable, émotionnelle et sensorielle porté par un visage déchirant (formidable Petr Kotlar) entouré de stars de passage pour quelques minutes (Harvey Keitel, Julian Sands, Stellan Skarsgard, Udo Kier…). Magistral, une claque inouïe qui laisse une trace indélébile, même si l’on pourra comprendre les réfractaires à pareil coup-de-poing halluciné et radical (aucune musique, peu de dialogues) qui en appelle parfois à Lars von Trier ou Michael Haneke.

 

Par Nicolas Rieux

One thought on “THE PAINTED BIRD de Vaclav Marhoul : la critique du film

  1.  » The Painted bird  » peut pratiquement etre considere comme une suite tardive de  » Requiem pour un massacre  » tant il offre de similitudes thematiques : le contexte est le meme, tout comme le point de vue. On decouvre meme, au milieu du film, que le realisateur a clairement assume ce patronage en etablissant un lien direct avec lui via l’apparition inattendue d’Aleksey Kravchenko, l’interprete du film de Klimov, maintenant devenu adulte. Cela donne lieu a une rencontre avec le jeune Petr Kotlar, qui ressemble a un adoubement. Vaclav Marhoul se base lui aussi sur l’adaptation d’une ?uvre autobiographique, « 

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