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THE COMPANY MEN (critique – drame)

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note 4.5
Carte d’identité :
Nom : The Company Men
Père : John Wells
Livret de famille : Tommy Lee Jones (Gene McClary), Ben Affleck (Bobby), Chris Cooper (Phil), Maria Bello (Sally), Rosemarie DeWitt (Maggie), Kevin Costner (Jack), Craig T. Nelson (Salinger), Eamonn Walker (Danny Mills)…
Date de naissance : 2010
Nationalité : États-Unis, Angleterre
Taille/Poids : 1h52 – 15 millions $

Signes particuliers (+) : Un beau casting, un sujet d’actualité vu sous un angle original.

Signes particuliers (-) : Un film embourbé dans ses difficultés à procurer de l’empathie et se bornant à enfoncer des portes ouvertes.

 

QUE LES EX-GROS SALAIRES LÈVENT LE DOIGT…

Résumé : Bobby Walker est un cadre dynamique et haut placé dans une grande entreprise. Lorsque celle-ci licencie à tour de bras pour augmenter ses profits en plein contexte de récession, Bobby se retrouve sans emploi avec son immense maison et sa Porsche. Confrontés à la réalité du monde du travail et de la recherche d’un emploi, Bobby va comprendre l’ampleur de la chute…

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The Company Men est l’aboutissement d’un projet de longue date que le néophyte au cinéma, John Wells, avait écrit au début des années 90 après la récession économique. Faute de pouvoir monter le film, le futur/ex cinéaste avait alors abandonné l’idée et s’était reconverti dans la production et la réalisation sur des séries notamment pour Urgences sur laquelle il a officié de 1994 à 2009. Probablement en raison du contexte de crise et du fait qu’Hollywood aime à se saisir des sujets en vogue pour les dramatiser au cinéma (non sans opportunisme cela va de soi) The Company Men revient d’entre les morts et ressuscite étonnement, porté par une pléiade de stars. Ben Affleck, Tommy Lee Jones, Chris Cooper, Kevin Costner, Maria Bello, un casting de rêve pour un film dans l’air du temps s’attardant sur les troubles économiques d’un pays amenant leur lot de drames et de tragédies personnelles.

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The Company Men est typiquement l’exemple même du film qui veut nous montrer quelque chose que malheureusement tout le monde sait déjà. Oui, la crise fut dure aux Etats-Unis. Oui, beaucoup de gens se sont retrouvés au chômage, lâchant maison, voiture, petite vie bourgeoise tranquille etc… Et oui, les patrons dans tout ça, restent riches et continuent à mener la grande vie brassant des millions sur le dos des petites gens. Mais ce discours en forme de constat infâmant, on le connaît. On le sait. On le vit au quotidien. Résultat, The Company Men s’évertue à brasser du vent, à nous rappeler encore et encore une triste réalité qui nous gonfle déjà tous les jours, qui nous révolte, mais face à laquelle l’on ne peut rien faire car il faut se rendre à la bien lamentable réalité : le système est ainsi, le capitalisme fonctionne comme cela depuis des décennies et visiblement, il n’est pas prêt de changer car les puissants restent les puissants et les pauvres âmes ouvrières restent ceux qui travaillent et font vivre la société. John Wells nous rabâche ainsi un discours éculé à la simplicité futile et peine à susciter l’intérêt en tentant de nous conter l’histoire d’un homme face à un problème de société que l’on connaît par coeur. En ressort une certaine naïveté discursive désespérante traduite par autant de clichés idiots que le réalisateur tente de masquer dans un film faussement intelligent et lucide sur le fonctionnement économique de notre monde. On a droit ainsi à l’homme qui perd tout et qui se sent honteux limite émasculé devant son univers choyé qui s’effondre, au patron sans scrupule ne souhaitant pas décevoir ses actionnaires et virant à tour de bras, au vice-président en pleine crise de conscience scandalisé par ces pratiques où ce sont les pauvres employés qui trinquent de la cupidité des dirigeants, aux ouvriers du bâtiment qui sans rouler sur l’or vivent finalement plus heureux et sereins et à la force du labeur acharné, à la dureté de chercher et trouver un boulot et bla bla bla… Des clichés ? Oui et non. Caricatural au possible, The Company Men ne fait que se servir d’observations justes et réalistes. Mais les intentions sont finalement mises à mal paradoxalement par leur fidélité à une réalité quotidienne évidente que l’on observe depuis quelques années. Le problème vient plus de ce que fait John Wells de ces constatations. Son film manque tellement de profondeur. Il se contente de paraphraser l’actualité économique sans jamais vraiment chercher à l’analyser, sans vraiment aller au bout des choses, sans se doter de plus que la simple redite maladroite d’un mélange entre discours exalté de gauche et flashs d’infos.

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Reste alors au final l’histoire d’un homme, d’un petit riche successful qui ne l’est plus du jour au lendemain mais qui va tout faire pour le redevenir en se rendant progressivement compte que… c’est difficile. Une révélation ? Une information capitale que l’on aurait raté ? La trajectoire du héro interprété par un, cela dit, bon Ben Affleck, ne suscite que peu l’empathie tant ses problèmes sont identiques à ceux de tout le monde. A la différence que le commun des mortels n’avait pas forcément eu la chance de gagner 160.000 euros par an avant de traverser des périodes difficiles. Deux possibilités de prendre le film s’offrent alors au spectateur. La première, cynique, serait de jubiler à voir ce playboy à la maison et voiture de luxe se casser la gueule dans un faux sentiment de justice idiot. La seconde, et le propos de John Wells tendrait vers celle-ci, de se dire que finalement, la crise économique, c’est dur aussi pour ces cadres pétés de pognon, peut-être même davantage que pour les foyers modestes, car la chute en est encore plus rude, proportionnellement au train de vie mené auparavant. Très bien, mais que répondre à cela si ce n’est que l’on s’en contrefout pas mal ? Voire même que ce bon monsieur n’avait qu’à mieux géré son argent et le placer plutôt que de le dépenser dans une maison tape à l’œil et une bagnole décapotable.

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The Company Men part d’intentions honnêtes et honorables, montrant que la crise a touché tout le monde, que la chute est dure pour tout le monde. Mais John Wells affiche une paresse fatale et enfonce sa tentative de discours engagé, faute d’idées plus malignes que le simple constat de l’effondrement du rêve américain. The Company Men auraient pu avoir une certaine ferveur, aurait pu dire beaucoup de choses mais il se contente de dépeindre une trajectoire qui ne nous touche que peu alors que cela devrait être le cas tant l’universalité de la chose est d’une actualité brûlante. Enfermé dans son scénario léger et à la morale de bas étage louant la réussite personnelle plus constructive que la réussite professionnelle clinquante, John Wells ne donne pas d’âme à son film, pas plus qu’il ne lui apporte intelligence et force. Et le cinéaste de gâcher le peu de crédit qu’il pouvait encore avoir dans un final complaisant et ridicule. Finalement, on se demande ce qui est le plus révoltant, l’histoire évoquée ou l’argent inutilement dépensé à le faire ?

Bande-annonce :

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