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NEWS : OLIVIER DAHAN LUTTE POUR SAUVER SON GRACE DE MONACO, EMPÊTRÉ DANS UNE BELLE GALÈRE…

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Olivier Dahan est en train de faire son douloureux apprentissage du système américain et le cinéaste français s’est embarqué dans une belle galère qui rappelle, d’une certaine manière, les déboires d’un Mathieu Kassovitz il y a quelques années sur Babylon AD mais avec de grosses nuances. On se souvient qu’il y a peu, la sortie de son biopic Grace de Monaco avec Nicole Kidman, était décalée à la surprise générale, le film n’étant soi-disant, « pas prêt ». Récemment, le metteur en scène a livré davantage d’explications…

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Dahan vient en effet d’expliquer qu’un deuxième montage avait été pratiqué par le célèbre distributeur Harvey weinstein qui a acquis les droits pour le marché américain, et lequel serait selon lui tout simplement « catastrophique ». C’est, une fois n’est pas coutume, le nabab terrible qui est à l’origine de ce remodelage en urgence engendrant de sérieuses tensions et le report du film. Furieux et remonté, Dahan se lâche. Dans une interview accordée à Libération, il explique que Weinstein a monté cette deuxième version du film à partir d’images non-utilisées, récupérées du tournage. Une deuxième version « catastrophique » selon lui : « On a beau essayer de lutter, quand on affronte un distributeur américain, Weinstein pour ne pas le citer, il y a peu de solutions… Soit on leur dit “démerdez-vous avec votre tas de merde”, soit on s’arc-boute pour faire en sorte que le chantage opéré ne soit pas aussi violent ». Le réalisateur de La Môme (ce beau succès français aux États-Unis avec un oscar à la clé pour Marion Cotillard avait été distribué par Weinstein justement) explique que le producteur-distributeur réputé difficile en affaires, s’est arrogé le droit d’accéder à des images auxquelles ils n’est pas censé avoir accès.

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Puis Dahan d’affirmer quelque-chose que l’on pouvait très largement prévoir à savoir que le distributeur souhaite un film commercial. Enfin, dans la bouche de Dahan, ça donne « au ras des pâquerettes, en enlevant tout ce qui dépasse, tout ce qui est trop abrupt, en enlevant tout ce qui est cinéma, tout ce qui fait la vie. Les décisions ne sont prises que par rapport au marketing, à la sortie. (…) C’est un problème d’ego mal placé, une histoire de manipulation et de pouvoir. Pas de cinéma au sens strict. Le cinéma est très secondaire dans tout ça, d’où mon désintérêt qui commence à venir pour ce film ».

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Aujourd’hui, Olivier Dahan se bat pour essayer de préserver au mieux son film en limitant les dégâts. Il menace même de retirer son nom du générique en cas de défaite sur le front avant de tempérer. Car pour l’heure, il n’entend pas baisser les bras et lutte. »Ce n’est pas encore fini, je n’ai pas abandonné. Quand à la possibilité de retirer son nom des crédits, il explique : « Je suis un peu obligé (de le laisser ndlr). Si je ne le signe pas, c’est là qu’arrive le vrai chantage, pur et dur. Mais je peux aller jusque-là. Il y a deux versions du film pour l’instant, la mienne et la sienne que je trouve catastrophique. » Dernier argument avancé par le cinéaste, et le plus pesant dans son combat pour sauver son film, sa nationalité. Olivier Dahan rappelle le principe d’un film hollywoodien où les réalisateurs ont rarement le final cut. A l’étape du montage, le producteur peut ainsi s’adjuger le droit de tout refaire voire de virer le metteur en scène de la salle. Mais dans le cas de Grace de Monaco, le film est français ou du moins en grande partie (une coproduction). Weinstein n’en est que le distributeur américain (pas le producteur) et ne devrait donc pas avoir ce genre de droit de regard et encore moins celui d’accéder aux rushes du tournage !

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On suivra l’affaire de près. Le film est désormais programmé pour le 29 janvier 2014 en France (en mars aux États-Unis, ce qui éjecte Kidman de la course à l’Oscar). La première bande-annonce n’inspirait franchement pas confiance, ce à quoi Dahan a réponse : « Ils ont fait une bande-annonce qui ne correspondait pas au film, puis ils essaient de faire en sorte que le film ressemble à la bande-annonce, c’est absurde. » Dans tous les cas, Grace de Monaco sent à plein nez le film maudit. Enfin, était-il bon à la base, ça, c’est un autre débat et les fans et les anti-Dahan auront leur avis là-dessus. Toujours est-il que la pub n’est pas idéale. En même temps, ça fait aussi le buzz et ça a réussi à La Vie d’Adèle par exemple. Mais décidément, les luttes réal-producteurs-distributeurs n’ont pas fini de faire des drames. Quand on pense que la semaine passée, c’était Aronofsky qui luttait pour sauver son Noé d’un remontage par les producteurs. cette fois, c’est une guerre des tranchées entre le droit artistique d’un metteur en scène et le distributeur qui se charge de sa commercialisation aux Etats-Unis. le cas est très différent et pour le coup, on a du mal à comprendre comment Weinstein peut s’accorder autant de libertés dans le charcutage d’une oeuvre qu’il n’a pas financé mais qu’il se contente de distribuer. la belle histoire entre le réalisateur de la Môme et celui qui lui a permis de se faire un nom aux USA est en tout cas, terminée.

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