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MOONLIGHT de Barry Jenkins : la critique du film

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note 4.5 -5
Carte d’identité :
Nom : Moonlight
Père : Barry Jenkins
Date de naissance : 2016
Majorité : 1er février 2017
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h51 / Poids : NC
Genre : Drame

Livret de famille : Alex R. Hibbert, Ashton Sanders, Trevante Rhodes, Mahershala Ali, Naomie Harris, Andre Holland…

Signes particuliers : L’une des grosses claques de ce début d’année 2017.

TOUCHÉ PAR LA GRÂCE

LA CRITIQUE DE MOONLIGHT

Résumé : Le passage à l’âge adulte d’un jeune homme, Chiron, pendant l’ère de la guerre contre la drogue à Miami. 

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Il y a huit ans, le jeune réalisateur Barry Jenkins faisait une entrée remarquée dans le monde du cinéma avec Medicine for Melancholy, premier long-métrage qui avait séduit pas mal de festivals indépendants. Depuis, plusieurs tentatives avortées, un tour par la maison HBO sur la série The Leftovers, et un court-métrage de science-fiction. Barry Jenkins, un feu de paille ? Bonne nouvelle, la réponse est non. Il aura fallu patienter un bon bout de temps pour retrouver le cinéaste californien. Huit ans pour qu’un second effort prenne enfin vie. Mais pour quel résultat ! Avec Moonlight, Barry Jenkins atteint la consécration. Une nouvelle fois acclamé tout au long de sa nouvelle tournée des festivals, Moonlight sera allé jusqu’à décrocher le Golden Globes du Meilleur Drame de l’année. Un bel exploit pour cette plongée intimiste suivant l’évolution et le passage à l’âge adulte du jeune Chiron, observé à trois étapes clé de sa vie dans le Miami mal famé de la drogue et de la violence.

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Avec Moonlight, Barry Jenkins signe l’une des claques de ce début d’année. Un drame à la fois frontal, puissant, bouleversant, sans cesse balancé entre tendresse et rudesse. Il ne faudra pas attendre longtemps pour voir sa force intrinsèque nous exploser au visage. Construit en trois parties chapitrées, Moonlight déploie sa grandeur dès ses premières gammes, et une introduction qui nous promet un attachement indéfectible à son beau personnage en décalage avec le monde dans lequel il est contraint d’évoluer. Mieux, avec une sensibilité dévastatrice et un refus systématique des clichés liés à l’univers qu’il dépeint, le film de Barry Jenkins déjoue tout ce que l’on pourrait attendre de ce type de drame urbain classé « indé ». L’objectif ? Aller dénicher la plus profonde vérité qui se cache derrière les apparats du genre et du style. Sur une période de vingt ans, le spectateur observe l’évolution de Chiron, à travers l’œil aiguisé de la caméra de Jenkins. Chiron est comme il est mais le monde qui l’entoure ne veut pas de cette nature sensible et fragile. Doit-il rester fidèle à lui-même, et vivre l’existence d’un faible dans un monde de brutes ? Doit-il essayer de composer, comme son ami Kevin ? Doit-il fuir ? Ou doit-il changer radicalement… pour survivre ?moonlight film 2

Avec une subtilité désarmante, Moonlight brosse un portrait splendide, sans jamais chercher à imposer une vérité, préférant au contraire suivre la trajectoire et les choix de son personnage sans le juger. De sa résistance à son abandon, de son réveil à sa fuite, en passant par sa construction personnelle entre une homosexualité refoulée et une mère toxicomane, Barry Jenkins nous offre à voir un fabuleux personnage de cinéma confectionné dans un réalisme frissonnant. Les émotions naissent de petits riens, ou au contraire, de scènes grandioses où explose le talent des différents comédiens qui incarnent ce jeune Chiron, être meurtri lancé dans un parcours initiatique qui prendra un certain temps pour s’affirmer. Poétique, cruelle et déchirante, cette adaptation du roman de Tarell McCraney est un trésor d’authenticité et d’humanité. Un film fort, important, à plus forte raison dans une certaine Amérique où l’acceptation de la différence est encore un problème. Après avoir illuminé le festival de Toronto, Moonlight éclairera de sa beauté les salles françaises, à compter du 1er février prochain. On le recommande chaudement.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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