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MODUS ANOMALI (critique – survival)

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modusanomaliMondo-mètre :
note 5
Carte d’identité :
Nom : Modus Anomali
Père : Joko Anwar
Livret de famille : Rio Dewanto (John), Hannah Al Rashid (sa femme), Aridh Tritama (sa fille), Izzi Isman (son fils)…
Date de naissance : 2013
Nationalité : Indonésie
Taille/Poids : 1h27 – 200.000 $

Signes particuliers (+) : Une petite série B tournée à l’économie qui en surprendra certains par sa construction malicieuse orchestrée vers un final surprise.

Signes particuliers (-) : Les fervents amateurs de genre et les moins crédules, verront malheureusement venir les choses à des kilomètres sans être en prime emballé par l’efficacité d’un film qui s’étire mollement en longueur, et non sans redondance.

 

SEUL AU MONDE

Résumé : John se réveille enterré vivant dans une forêt. Il ne se souvient plus de qui il est, avant de rapidement découvrir que sa famille et lui-même, ont été victime d’un mystérieux agresseur. C’est le début d’une course contre la montre pour retrouver les siens vivants au milieu de cette jungle touffue…

modus_anomali1

Produit avec seulement 200.000 dollars en poche, le modeste indonésien Modus Anomali a fait sacrément parler de lui notamment lors de sa présentation dans quelques festivals de genre. On l’avait découvert en France au PIFFF parisien et à Gérardmer où il avait fait sensation, et ce petit shoker tourné à l’économie avec beaucoup de malice en seulement huis jours en pleine forêt, se voit récompensé du privilège d’une sortie en salles, chose pas toujours évidente pour les petits films de genre, encore moins quand ils viennent du fin fond de l’Indonésie et qu’ils sont le résultat d’une production accouchée dans la sueur et le sang juste avec l’énergie et l’envie de faire une petite série B efficace.

Modus-Anomali

Quatrième film de Joko Anwar, Modus Anomali a tout du petit film fauché qui essaie de compenser son manque de moyens par des idées potentiellement séduisantes pour le public occidental encore avide de ce genre de thriller tendu, un peu craspec, parfois choquant et à la construction malicieuse ménageant des mystères pour mieux surprendre dans un twist révélateur. Le cinéaste a visiblement réussi son coup puisque son film a suffisamment fait parler de lui pour bénéficier d’une distribution internationale, même modeste. Pourtant, les habitués du genre n’y découvriront rien de spécialement transcendant ou d’exceptionnel comme annoncé à propos d’un métrage survendu dont l’exotisme semble avoir été le point le plus séducteur. Le film repose avant tout sur un script très conventionnel, recyclant du déjà-vu surexploité par le DTV, dans une sorte de thriller horrifique/survival en forêt avec pour seule idée la tournure que prend la construction de son scénario, un peu éclatée et inversée afin de ménager un suspens qui surprendra peut-être certains lors d’un final révélant des ficelles qui malheureusement, n’auront rien de révolutionnaires à plus forte raison si on les a vu venir à des kilomètres, ce qui a de grandes chances d’être le cas pour un nombre non négligeable d’entre vous. Anwar essaie de surprendre avec un coup de théâtre un peu trop éculé ces dernières années et qui vient ponctuer un film plombé par sa lenteur et l’étirement temporel de chacune de ses scènes, alourdissant le rythme d’un film qui aurait gagné à être plus énervé et dense au lieu de se montrer faussement hargneux dans sa façade masquant sa pauvreté inspiratrice. Et c’est là que l’on se rend de la maigreur d’un script qui, même condensé sur moins d’1h30, ne se suffisait pas à lui-même pour alimenter ce récit tortueux et roublard. Dire que l’on s’ennuie ferme serait un peu exagéré mais force est de constater qu’Anwar fait tout ce qu’il peut pour fournir à son métrage une durée acceptable de long-métrage digne de ce nom. Mais le résultat manque cruellement de rythme et tourne rapidement en rond et à vide avant d’essayer de se sauver par une sortie de secours avec sa fin manipulatrice qui aurait pu être maligne des années auparavant mais qui s’aventure dans des sentiers archi-balisés aujourd’hui.

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Modus Anomali n’en est pas pour autant un mauvais représentant du genre en cela qu’il a le mérite d’essayer, avec ses maigres moyens et avec un brin de sincérité dans l’envie (même si le film se drape d’un certain cynisme complaisant faisant dans l’appel du pied au public occidental en lorgnant sur son cinéma de genre), de proposer une petite péloche de genre sympathique qui à défaut d’être inventive, est au moins regardable. Mais le film manque de générosité autant que d’idées pour alimenter ses deux premiers tiers qui ne parviennent pas à nous immerger dans le cauchemar de cet homme se réveillant sous terre sans savoir ce qui lui est arrivé et qui essaie de comprendre, seul dans une immense jungle charnue. On passera alors sur les incohérences, qui pourront toujours trouver une explication un peu tirée par les cheveux, pour se concentrer sur l’exercice de style narratif qui malheureusement pour lui, manque sa tentative d’accrocher le spectateur tant la mise en scène n’est pas suffisamment tirée au cordeau pour nous happer viscéralement. L’impact brut de décoffrage absent, il ne reste au final pas grand-chose à se mettre sous la dent de ce film un peu vain et sans panache manquant de tension palpable pour faire frissonner ou au moins frémir. Joko Anwar, en grand admirateur du Evil Dead de Sam Raimi, ne retrouve pas la folie inventive qui avait le succès de cette autre petite péloche racée en son temps qui ne partage avec elle, que son cadre forestier théâtre d’un cauchemar humain, et ses envolées à l’esbroufe. Sauf que l’esbroufe d’un Raimi réussissait à nous embarquer là où Modus Anomali nous laisse un peu sur le carreau, spectateur d’une course contre la montre un peu molle et manquant de poigne. Mais dans la surproduction hasardeuse du genre, cette curiosité bancale venue de loin, peut quand même faire la blague malgré ses défauts laissant un arrière-goût d’inabouti, de déception et de facilité.  Arnaque ou petit tour de force, on se pose la question.

Bande-annonce :

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