Nom : Non essere cattivo
Père : Claudio Caligari
Date de naissance : 2015
Majorité : 11 mai 2016
Type : Sortie en salles
Nationalité : Italie
Taille : 1h40 / Poids : NC
Genre : Drame
Livret de famille : Luca Marinelli, Alessandro Borghi, Silvia D’Amico…
Signes particuliers : L’ultime film posthume de l’italien Claudio Caligari. Un drame dans l’esprit du Accatone de Pasolini.
QUELQUE PART DANS LA BANLIEUE ROMAINE D’HIER ET D’AUJOURD’HUI…
LA CRITIQUE
Résumé : 1995, près de Rome. Vittorio et Cesare qui se connaissent depuis 20 ans, sont comme des frères inséparables. Leur quotidien se résume aux discothèques, à l’alcool et aux trafics de drogues … Mais ils paient cher cette vie d’excès. Après avoir rencontré Linda, Vittorio semble vouloir changer de vie. Cesare lui, plonge inexorablement…L’INTRO :
Rien à voir avec le premier film de Billy Wilder coréalisé en 1934. Rien à voir non plus avec le thriller de Melvyn LeRoy sorti en 1956. Mauvaise Graine est un drame italien tout ce qu’il y a de plus actuel, une chronique criminelle prenant place dans la banlieue romaine des années 90, suivant le parcours de deux amis d’enfance confrontés aux limites de leur vie faite d’excès et de petite délinquance. C’est aussi le dernier long-métrage du réalisateur transalpin Claudio Caligari, décédé alors que son film était en fin de montage. C’est son producteur/ami/acteur Valerio Mastandrea qui se chargera de le terminer pour lui. Présenté à la Mostra de Venise sous une grande émotion, Mauvaise Graine est fort logiquement dédié à son auteur.L’AVIS :
Avec Mauvaise Graine, Claudio Caligari n’a jamais caché ses inspirations renvoyant directement au Accatone de Pasolini, et plus lointainement au Mean Streets de Scorsese. Si la référence au second se fait davantage par ce ton capturant la rue bouillonnante et le quotidien de cette petite criminalité désœuvrée incarnée par des jeunes sans repères, c’est surtout au premier que l’on pense à chaque instant, tout au long du visionnage de ce drame construit autour d’une amitié quasi-fraternelle. Comme Pasolini en 1961, Caligari s’est éloigné de toute imagerie carte-postale de la banlieue romaine et a tenu à mettre en avant son côté social et sociologique prononcé, qui vibre au cœur de son portrait illustrant l’explosion de la criminalité liée à la drogue dans ces banlieues ouvrières atones, en proie au chômage et à l’inactivité. Et comme l’un des personnages le clame haut et fort, il est impossible de mettre un terme à ce business « qui fait vivre trop de gens ». En une phrase, Caligari résumerait presque son effort tout entier. A travers la destinée de ses deux personnages (brillamment interprétés), Mauvaise Graine montre la quasi-impossibilité tragique d’échapper à cette délinquance dans ces zones défavorisées où elle n’apparaît presque plus comme un fléau ou une option, mais un passage obligé pour survivre. Le constat est sombre, amer, et il ne manque pas de trouver une certaine résonance contemporaine dans certaines contrées de l’Italie actuelle.Mais si les intentions de Claudio Caligari sont bonnes et si son Mauvaise Graine ne manque pas de susciter l’intérêt, notamment quand la folie s’invite dans ses images d’errances nocturnes d’âmes perdues, reste que le film peine à tenir la distance sur la longueur. Car Caligari pèche sur plusieurs points. Mauvaise Graine s’avère peu percutant, redondant, déséquilibré, et tourne beaucoup autour de son sujet sans trop savoir quoi en faire, ou plutôt, sans trop savoir comment raconter quelque-chose de fort et de nouveau au-delà de la fougue de ses protagonistes qui semblent devoir supporter le film tout entier sur leurs épaules. Alors que des enjeux arrivent tardivement lorsque le récit embrassera un virage à mi-parcours, Caligari tente enfin de faire avancer son histoire qui jusque-là, se contentait de faire dans la chronique pertinente mais un peu vaine à la longue. Sauf que dans sa seconde moitié, Mauvaise Graine ennuie légèrement, peine à se transcender, et surtout, souffre d’une émotion qui ne parvient pas à se déployer autour de l’opposition de ses deux anti-héros attachants. En résulte une œuvre érigée sur de bonnes bases (bien que sans originalité marquée), mais narrativement inaboutie, finalement plus intéressante dans le fond que sur la forme, pas forcément passionnante pour son intrigue mais appréciable pour le regard posé sur cette autre Italie, qu’elle scrute non sans amertume doublée d’un léger pessimisme. Enfin, Mauvaise Graine aurait peut-être gagné à affirmer un caractère plus rugueux, ses quelques aspérités sonnant parfois comme des tentatives superficielles de faire battre un cœur qui lentement, voit sa rythmique décliner.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux