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MALVEILLANCE (critique)

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Carte d’identité :
Nom : Malveillance
Parents : Jaume Balaguero
Livret de famille : Luis Tosar, Marta Etura, Alberto San Juan,Petra Martinez, Carlos Lasarte, Pep Tosar, Margarita Roset, Iris Almeida…
Date de naissance : 2011
Nationalité : Espagne
Taille/Poids : 1h42 – 16 millions €

Signes particuliers (+) : Flippant, tendu, stressant, diabolique et machiavélique. Sophistiqué. Fonctionne comme une toile d’araignée prenant sa proie au piège. Une construction intelligente. Un renvoi au cinéma du maître Hitchcock.

Signes particuliers (-) : –

ET VOUS, AVEZ-VOUS CONFIANCE EN VOTRE CONCIERGE ?

Résumé : César est un concierge serviable, poli et efficace dans un immeuble barcelonais. Il connaît toutes les petites habitudes des habitants et plus particulièrement celles de la belle Clara, joli brin de femme heureuse malgré le harcèlement qu’elle subit de la part d’un maniaque…

Figure de la nouvelle génération espagnole et spécialiste du film de genre et notamment du fantastique à ambiance, Jaume Balaguero, après la parenthèse zombiesque Rec, s’attaque cette fois-ci au thriller psychologique avec Malveillance, film précédé d’excellents retours lors de ses diverses projections en festivals. Et il n’y a pas à dire, les très bons échos n’étaient usurpés.


De ses expériences récentes, Balaguero garde clairement le meilleur à commencer par sa formidable capacité à créer une ambiance glaçante et oppressante, plongeant le spectateur dans un univers duquel il aura du mal à rester détaché. De Rec, le cinéaste garde également le côté huis-clos, son récit étant toujours confiné au sein d’un immeuble, à la différence près que cette fois-ci, la menace n’aura rien de surnaturelle ou de fantaisiste mais au contraire de diaboliquement réelle et humaine. S’entourant d’un casting parfait, Balaguero confie le rôle principal majeur pour la réussite de l’entreprise car sur qui repose tout le métrage, à l’excellent Louis Tosar, impressionnant dans le récent thriller carcéral Cellule 211. Du film de Daniel Monzon, il reprend également la pimpante Marta Etura, actrice à la grâce et au charme indéniable et qui retranscrira ces qualités à merveille ici. Et pour le jeu, quelques petits clins d’oeil à Rec avec le réemploi de Carlos Lasarte campant un voisin désagréable, un rôle proche de celui qu’il tenait dans Rec où il se prénommait « César » du nom du héros de Malveillance ainsi qu’une introduction posant le titre original et le contexte, « pendant que tu dors », évoquant lui le nom de l’émission tournée par la jeune journaliste dans le dit film d’horreur.


Malveillance tranche clairement avec le précédent film du metteur en scène. Si d’aucun s’attendait à un film d’horreur, qu’on se le dise, ce n’est pas le cas. Prodigieux thriller glaçant, film psychologique pervers et effrayant de noirceur, Malveillance est une petite merveille de malice atroce, un film épouvantable d’ingéniosité malsaine où l’espagnol s’amuse à déconstruire ce que l’on prend pour acquis, à faire mentir l’image par une construction redoutablement tordue et d’une grande intelligence nous amenant progressivement vers l’effroi le plus absolu. Au jeu du chat et la souris, une pauvre petite femme va se retrouver entre les griffes d’un prédateur avançant masqué, avec une perfidie rare, un vice qui n’a d’égal que la folie de son auteur.


Sophistiqué, millimétré, la mise en scène de Balaguero use à merveille du lieu dont il dispose (et c’était déjà le cas sur Rec) et sert une progression clouant le spectateur sur place, le prenant aux tripes sans jamais relâcher la tension palpable qui se dégage ce cette œuvre forte, preuve que le cinéma espagnol est doté d’une vitalité exceptionnelle. Basé sur une mécanique huilée, Malveillance transpire la terreur et toute l’horreur et le sadisme de son histoire où l’empathie fonctionne à la perfection tout en étant pourtant brouillée par le point de vue adopté. Sans jamais juger, en restant dans une position de sobre retrait, voici un bijou à l’ambiance pesante, lourde et inconfortable de suffocation et d’oppression dont on ressort chamboulé et mis à mal.


En virtuose qu’il est, Balaguero montre un nouveau visage depuis Rec abordant ses films avec un sens du rythme et de la construction retrouvé. Usant de ses références cinéphiliques qu’il aime à nous montrer avec amusement (le plan sur le livre des œuvres de Bergman), on pense cette fois-ci au Locataire de Polanski bien sûr, mais aussi à Shining ou Terreur sur la Ligne et à Hitchcock évidement (dont le cinéaste est un adepte convaincu). Mais Malveillance n’est pas un resucé pour autant. C’est un joli petit tour de force lançant parfaitement cette année 2012 (même si le film est sorti à la toute fin 2011)… Les apparences sont trompeuses et ce petit jeu diabolique est un régal surprenant.

Bande-annonce :

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