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MADAME HYDE de Serge Bozon : la critique du film

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Carte d’identité :
Nom : Madame Hyde
Père : Serge Bozon
Date de naissance : 2018
Majorité : 28 mars 2018
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h35 / Poids : NC
Genre
: Comédie dramatique, Fantastique

Livret de famille : Isabelle Huppert, Romain Duris, José Garcia…

Signes particuliers : Serge Bozon nous a foudroyé d’ennui.

Dr JEKYLL & Mr HYDE REVU ET CORRIGÉ

LA CRITIQUE DE MADAME HYDE

Résumé : Une timide professeure de physique dans un lycée de banlieue est méprisée par ses élèves. Un jour, elle est foudroyée pendant une expérience dans son laboratoire et sent en elle une énergie nouvelle, mystérieuse et dangereuse…Serge Bozon fait partie de ces cinéastes qui ont la carte, qui captent des financements et attirent des stars désireuses de venir se frotter à son cinéma très singulier, loin des sentiers battus d’une industrie formatée. De l’écriture à la mise en scène jusqu’aux images et au jeu des comédiens, tout est différent chez l’iconoclaste Bozon, incarnation de ces artistes dont les films sont comme des œuvres d’art contemporain cherchant à briser des codes. L’ennui, c’est que comme l’art contemporain ou l’art moderne, ses films marchent à l’affinité que l’on va éprouver envers ce qu’ils nous proposent. Certains trouveront ça fascinant de marginalité, d’autres exaspérant de prétention pompeuse. Il ne faudra d’ailleurs que quelques minutes à Madame Hyde pour pousser le public à choisir son camp.

Pour les uns, Madame Hyde sera une petite bulle de drôlerie à prendre avec les pincettes du second degré tant sa proposition radicale s’amuse à gommer les lignes du cinéma classique pour s’aventurer sur les terres d’un ubuesque manipulé avec dérision. Avec pour but d’orchestrer une réflexion sur le système éducatif moderne, ses fractures, sa dureté et ses incompréhensions. Le problème, c’est que cette façade s’effrite très vite devant des intentions qui relèvent quelque peu de la posture élitistico-artistique. Derrière son originalité stylistique revendiquant sa différence de traitement, le film de Serge Bozon n’a pas grand-chose à proposer et faire différent pour faire différent, n’a jamais été une grande idée amenée à réinventer le cinéma. À partir de ce moment-là, Madame Hyde devient une gigantesque conjoncture de choix plus agaçants les uns les autres, que frondeurs.

Du jeu très théâtral des comédiens qui frise le ridicule à la construction chapitrée terriblement maladroite, en passant par son imagerie bizarre plus risible que fascinante, son ton farfelu qui ne trouve aucun ancrage dans l’histoire, ou ses longues tirades assommantes sur la physique, Madame Hyde tourne vite à l’exercice de style d’une vacuité insupportable, venu d’un auteur qui se regarde filmer. Pourtant, il y avait quelque chose de presque attirant dans cet étrange effort de comédie fantastique où Isabelle Huppert hérite d’un mystérieux pouvoir après été foudroyée. Un pitch à deux doigts de la mauvaise blague mais qui amusait d’avance avec cette libre relecture du classique Dr Jekyll et Mr Hyde de Stevenson ancré dans un contexte réel et moderne. Mais le résultat est pénible, d’autant qu’entrer dans l’univers de Serge Bozon requiert un abandon total difficile à mettre en œuvre ici avec un film assez crispant. Au final, seul Romain Duris tire son épingle du jeu dans cette affaire, offrant une prestation savoureuse et drôlissime en proviseur précieux plus préoccupé par son apparence que par les lois de l’éducation nationale. Car son vrai propos de fond, Madame Hyde a bien du mal à le faire exister, trop nébuleux, trop maniéré.

BANDE-ANNONCE :


Par Nicolas Rieux

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