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LE HOBBIT : UN VOYAGE INATTENDU – critique (fantastique, aventure)

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Mondo-mètre :
note 7
Carte d’identité :
Nom : The Hobbit : An Unexpected Journey
Père : Peter Jackson
Livret de famille : Martin Freeman (Bilbo), Ian McKellen (Gandalf), Richard Armitage (Thorin), Ken Stott (Balin), Graham McTavish (Dwalin), William Kircher (Bifur), James Nesbitt (Bofur), Stephen Hunter (Bombur), Ian Holm (Bilbo âgé), Elijah Wood (Frodon), Hugo Weaving (Elrond), Cate Blanchett (Galadriel), Christopher Lee (Saroumane), Andy Serkis (Gollum)…
Date de naissance : 2012
Nationalité : USA, Nouvelle-Zélande / Taille/Poids : 2h45 – 150 millions $

Signes particuliers (+) : Une nouvelle technologie bluffante redéfinissant le mot « cinéma ». Un spectacle grandiose et palpitant mariant effets spéciaux fantastiques et imaginatifs et sens de l’épique.

Signes particuliers (-) : Un scénario moins dense, plus léger et mécanique. Quelques longueurs et passages désordonnés.

 

IMMERSION AU MILIEU DE LA TERRE.. DU MILIEU

Résumé : Bilbon est un simple hobbit rêvant d’aventure mais n’ayant jamais quitté le confort de sa chaumière. Le jour où l’occasion se présentera, il surmontera ses hésitations et partira pour un périple extraordinaire en compagnie de 13 nains et de Gandalf, un magicien. L’objectif est d’aider le peuple nain à reconquérir leur royaume, pris il y a des années par un terrible dragon…

Prouesse technologique démente ? Vile exploitation purement commerciale d’un filon très lucratif ? Véritable odyssée sensationnelle ou délire mégalo ? On ne sait même pas par où commencer pour aborder le chapitre Le Hobbit : Un Voyage Inattendu, nouvelle « saga » en deux volumes signée Peter Jackson, s’inscrivant dans la galaxie mythologique du Seigneur des Anneaux de J.R.R. Tolkien. Se fera, se fera pas, sera plus ou plus tard, on aura été balloté pendant des années quand à la confection de cette nouvelle épopée réunissant Hobbit, nains, Magiciens, Orques, Elfes etc… Dès la fin de la première trilogie, au lendemain du Retour du Roi, est née l’idée d’un prolongement à l’une des plus fabuleuses, mythiques et réussies sagas des années 2000. Pourquoi ne pas adapter The Hobbit, autre ouvrage de Tolkien narrant des péripéties en Terre du Milieu ? Mais le projet a été furieusement malmené, sans cesse reporté, tour à tour maintenu ou annul…reporté pardon. On n’y croyait presque plus jusqu’à ce que Peter Jackson finisse par céder, reprenant les commandes d’un embryon de film agonisant. Car après plusieurs réalisateurs murmurés (David Harry Potter Yates, Brett (sic) Ratner ou encore Neill District 9 Blomkamp), après plusieurs qui jetèrent carrément l’éponge (Sam Raimi puis Guillermo Del Toro, à qui il en faut pourtant beaucoup pour qu’il se décourage et abandonne quelque chose), la seule issue possible pour que tout cela se termine bien, était bel et bien le retour du fils prodigue sur ses terres. Des mésententes pécuniaires, des problèmes de droits, la grève des scénaristes en 2008, l’effondrement de la situation financière de la MGM… The Hobbit a eu tellement de bâtons dans les roues, qu’à l’instar du Don Quichotte de Terry Gilliam, on devrait faire un film sur ses coulisses (façon Lost in la Mancha) ! Mais le plus important est la finalité. Et la finalité, c’est qu’en 2010, Peter Jackson finit par accepter de revenir sur son passé, de reprendre le projet The Hobbit et de conduire tout cela à bon port…

Pas loin de 300 millions de dollars (on évoque la somme de 270 millions mais hors coût de promotion) auront été nécessaires pour reproduire la méthode de tournage du Seigneur des Anneaux auquel sont venues s’ajouter de nouvelles contraintes. La même méthode dans le sens où, comme la première trilogie auparavant, Peter Jackson se sera lancé dans un tournage fleuve de plus de 260 jours étalés sur près d’un an et demi, mettant en boîte non pas seulement un film mais les deux qui constitueront le diptyque The Hobbit, d’une durée titanesque. Rien que le premier volet, dans sa version courte cinéma (pas de doute que nous aurons droit à une version longue en DVD/Blu-Ray collector) d’environ 2h45. Les nouvelles contraintes ? Le cinéaste, avide de nouvelles technologies, aura alors décidé d’expérimenter. On le sait un peu taré le Jackson mais à ce niveau là ! Déjà que son entreprise est titanesque, lourde à gérer, il ne trouve rien de mieux à faire que de venir compliquer les choses en poussant le vice technologico-avant-gardiste à fond. Tournage en 3D et surtout en HFR (High Frame Rate) soit en 48 images / seconde. Le cinéma a adopté depuis des décennies le standard de 24 images / sec. (25 pour la télé en Europe et 30 aux USA). Jackson décide d’offrir à son public un spectacle complètement innovant, époustouflant, ébouriffant et immersif. Pour pousser le réalisme à son paroxysme, il invite donc la fameuse 3D et double le nombre d’images que percevra l’œil par seconde d’où une impression de netteté superbe et surtout que l’œil accède à la totalité de la décomposition de chaque mouvement.

Alors, simple prouesse technique ou véritable odyssée magistrale ? Les deux, mon Capitaine. Techniquement, The Hobbit propose un spectacle comme on en a rarement vu au cinéma. Un spectacle qui, en prime, se démultiplie au fur et à mesure. D’une part, le HFR rend un image tout simplement impressionnante. La possibilité est donnée à l’œil de profiter d’une fluidité de l’image sans précédent, sans saccade, sans bug, sans soubresauts. Chaque mouvement est totalement décortiqué, soigneusement développé dans toute sa splendeur. Une technologie qui vient s’accoquiner à une autre, la 3D, qui sans être la plus somptueuse jamais vue (Avatar tient encore la corde dans ce domaine là) est tout de même magnifique et renforce la grandeur et la majestuosité des sublimes images et décors filmés par Peter Jackson. Ensemble et avec le talent de son auteur, The Hobbit déroule alors son sens de l’épique. Beau à en crever, le film est un spectacle total, au moins du point de vue technique tellement tout frise la perfection. Perfection des effets spéciaux, à la fois imaginatifs (crédit à Jackson mais surtout à Tolkien quand même, pour l’inventivité des séquences) et incroyablement mis en images, perfection des plans, du cadrage à la lumière, du mariage entre le naturel de la Nouvelle-Zélande et l’informatiquement créé, magnifiant une histoire pleine de rêve et d’aventures extraordinaires. On sent de toute manière, un souci de perfection permanent dans chacun des plans de The Hobbit, où le moindre rayon de soleil semble avoir été calculé après des centaines et des centaines de revisionnages des rushes. Une fois de plus, Jackson créé. Et sa création n’est pas sans nous rappeler une certaine trilogie qui nous avait déjà scotché dans nos fauteuils par sa qualité.

Si l’on quitte deux minutes la forme sur laquelle de toute façon on ne peut rien redire tellement elle est impressionnante, abordons la question du film en lui-même. La bande-annonce tant attendue avait à la fois déçu et enthousiasmé les plus confiants. Certains y voyaient les premiers frissons de quelque chose de grand, d’autres pressentait la chose longue et ennuyeuse à mourir. Bilan ? Probablement que les avis divergeront mais cette fameuse longue bande-annonce n’était qu’un pré-signe annonciateur, comme un bruit sourd avant l’éboulement.

Peter Jackson débarque à nouveau en force avec une odyssée fantastique royale, foisonnante, magistrale. Si The Hobbit n’a pas forcément la même tenue et perfection que Le Seigneur des Anneaux avant lui, si certains rares passages sont un peu maladroits (toute la séquence dans le village des Gobelins par exemple, parfois brouillon), il n’empêche que ça y est, il signe le grand retour de la mythologie de Tolkien, une épopée de grande classe, spectaculaire, magique, tonitruante et grandiose. Splendeur visuelle étonnante, Le Hobbit : Un Voyage Inattendu a une force épique à couper le souffle qui lui permet de s’imposer comme un must du divertissement de qualité regorgeant de scènes tour à tour féériques, bluffantes, intelligentes ou grandiloquentes. Les collines de pierre vivantes, les armées d’orques surmontant des créatures terrifiantes, les aigles géants, les villages d’Elfes à l’aura lumineux, les batailles à suspens, les chants de la Terre du Milieu… Un imaginaire visuel fantastique en tout point de vue se met en ordre de marche dans une superproduction artistiquement magnifique au brio indéniable. On pourra reprocher au film (comme certains l’ont fait pour Avatar de James Cameron) un scénario moins dense, plus simple et mécanique (un point de départ, un point d’arrivée en ligne de mire et des péripéties diverses et variées en cours de route) moins sombre et par logique plus léger, mais Peter Jackson redessine une fois de plus en lettres dorées les contours des mots « septième art ». Et même si The Hobbit sent le remake plus ou moins déguisé de sa première fabuleuse saga, l’esprit homérique qui s’en dégage justifie à lui-seul que l’on reprenne une part de ce gâteau à la recette si délicieuse. Vivement la suite qui s’annonce (merci au plan final exaltant) encore plus intense ! The Hobbit est vertigineux, aidé d’une part par le talent de conteur et de faiseur de son auteur et d’autre part, par les innovations techniques qu’il propose. La HFR, on signe tout de suite. Si l’œil met quelques minutes à s’habituer à ce mode de restitution inhabituel de l’image, une fois le cap passé, il est clairement l’avenir d’un cinéma total.

 

AVIS NUANCÉ APRÈS SECONDE VISION EN BLURAY :
The Hobbit est bel et bien une incroyable aventure foisonnante et riche en moments magiques et dépaysants, nous invitant à nouveau dans la profonde Terre du Milieu. Certaines évidences perdurent à la seconde vision comme sa beauté esthétique et la minutie de sa mise en scène léchée, bien aidées il faut le dire par une superbe édition Bluray soignée qui rend parfaitement le travail esthétique proposé. Sauf que la magie entrevue au cinéma prend du plomb dans l’aile. A sa seconde vision, The Hobbit nous aura paru plus longuet (même très longuet), plus poussif également, traversé de moments de gras appesantissant fortement le rythme. Comme pour sa saga du Seigneur des Anneaux, Peter Jackson prend son temps pour construire son univers (que l’on connaît déjà plus ou moins d’ailleurs) sauf que cette fois-ci, il pèche par excès de zèle en voulant recréer la recette initiale qui aura fait son triomphe, celle du profond respect vis-à-vis du matériau d’origine. Il a beau s’acharner à élaborer la même richesse dans l’univers présenté, l’exercice est plus maladroit, de nombreuses séquences s’éternisant terriblement en longueur (le passage de la rencontre avec Golum est à ce sujet criant tant il paraît interminable). Autant à sa découverte, The Hobbit passait comme une lettre à la poste malgré sa durée imposante, autant la seconde vision fut plus douloureuse voire parfois ennuyeuse. Il faut que les conditions au cinéma n’étaient pas les mêmes. 3D ultra-immersive, ambiance du grand écran, du beau son pur, de la salle berceuse… Finalement, The Hobbit nous aura apparu comme une réussite nuancée. Un film souvent magistral mais dans le même temps, un film terriblement cinématographique, trop cinématographique, requérant des conditions trop particulières. plus clairement, The Hobbit semble être un film à voir au cinéma et qui rend un effet d’intensité la première, peinant davantage à la seconde, une fois passée la magie de la découverte. Le film n’est pas devenu mauvais pour autant mais ce chapitre introductif avant les deux autres volets, manque de rythme, de concision et s’égare parfois dans des chemins sinueux au lieu de prendre le chemin le plus direct et le plus efficace. Une sensation que l’on avait pas tant ressentie lors des presque 3h00 en salles. Définitivement, l’objet n’a pas le même impact chez soi devant sa télévision ou son vidéoprojecteur et surtout, il souffre faiblement du syndrome de la vision unique.

Bande-annonce 1 :

Bande-annonce 2 :

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