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DETECTIVE DEE, LE MYSTÈRE DE LA FLAMME FANTÔME – critique (policier)

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note 6.5
Carte d’identité :
Nom : Di renjie zhi tongtian diguo
Pères : Tsui Hark
Livret de famille : Andy Lau (Dee), Carina Lau (Impératrice), Li Bingbing (Shangguan), Tony Leung Ka Fai (Shatuo), Chao Deng (Pei)…
Date de naissance : 2010
Majorité au : inconnue
Nationalité : Chine
Taille : 2h03
Poids : 20 millions $

Signes particuliers (+) : Tsui Hark revient au grand film épique un peu fou narrativement et visuellement, avec une superbe enquête policière historique traversée de moments talentueux. Et ça fait du bien.

Signes particuliers (-) : Une semi-réussite qui laisse un sentiment d’inabouti, teintée de défauts structurels et handicapée par des nombreux effets d’une laideur sans nom.

 

BIZARRE, BIZARRE, COMME C’EST BIZARRE…

Résumé : Au temps de la dynastie Tang et alors que tous les regards sont braqués sur le colossal chantier qui occupe mainte et mainte ouvriers pour la construction d’une statue immense de bouddha face au palais impérial, d’étranges cas de combustions spontanées ont lieu à quelques jours du sacre de la première Impératrice de l’histoire de la Chine. Le Juge Dee, tombé en disgrâce pour sa contestation et sa rébellion face à cette succession qu’il considère indigne, la très prochaine impératrice ayant selon lui assassiné son époux, est emprisonné depuis plusieurs années. Mais ses compétences en investigation vont l’amener à être libéré pour enquêter sur ces phénomènes étranges…

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L’INTRO :

Dire que le retour du génie Tsui Hark à la tête d’un projet ambitieux pouvant lui permettre d’exploiter pleinement son talent était attendu, serait un doux euphémisme au regard de l’impatience trépignantes de ses fans. Depuis son dernier chef d’œuvre en date, Seven Swords, le réalisateur hongkongais avait du mal à trouver un nouveau souffle comme en témoignaient ces récents échecs cinématographiques : Missing, All About the Woman ou son fort mauvais segment de la réalisation chorale, Triangle. Verdict ? La meilleure façon de définir ce Détective Dee serait : l’inaccomplissement. Un terme qui a lui seul, résume à peu près tout un film qui fait preuve de qualité incontestable sans pour autant emporter totalement l’adhésion. Car si en effet, Tsui Hark semble revenir avec force sur le devant de la scène asiatique avec un film bien meilleur que ces derniers travaux, on est toujours assez loin du glorieux passé du cinéaste qui avait pourtant une première fois démontré avec Seven Swords, qu’il était encore capable de clouer le bec à ses détracteurs après une première période de doute, puisque cinq années étaient passées entre le virevoltant Time and Tide et ce dernier. Cinq années où émergeaient un piètre Black Mask 2 et un poussif Legend of Zu, séquelle tentant vainement de renouer avec l’un des illustres chefs d’œuvre de jeunesse. Passé ce coup d’éclat, Tsui Hark semblait replonger à nouveau. Et voici venir Détective Dee

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L’AVIS :

Détective Dee est donc indéniablement plus ambitieux et digne du talent d’un réalisateur qui reste aujourd’hui encore, comme l’un des meilleurs de sa génération en Asie (avec Johnnie To). Hark renoue également avec le gros film épique et c’est pas pour nous déplaire. Mais sa nouvelle oeuvre n’est qu’une semi réussite partielle. « Semi » seulement, car par ailleurs inaccomplie et pas totalement aboutie, chacune des réelles qualités du film étant à double tranchant.

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Tsui Hark développe une intrigue typique du cinéma asiatique faite de complots, de trahisons, d’amour et d’honneur, de légendes et de mythes, d’histoire, de bravoure et d’héroïsme… Sur le mode du film d’investigation, son personnage du détective Dee se retrouve avec une enquête complexe à élucider sur les bras, aidé par deux acolytes, une proche de la future reine et un enquêteur fin limier. L’inaccomplissement se situe ici, dans ces personnages et plus particulièrement son héros campé par l’excellent Andy Law. Un héro qui manque souvent de profondeur, d’une aura charismatique à l’instar de, par exemple, Jet Li dans la saga légendaire des Il Etait une Fois en Chine. Un Andy Law qui apparaît presque un peu fade, non pas en raison de sa prestation mais plus de l’écriture du rôle qui lui est confié, trop superficiel, trop peu étudié, approfondi, trop mécaniquement présent, existant uniquement par l’histoire contée et jamais en dehors.

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D’ailleurs et comme c’est souvent le cas pour des réalisateurs en peine d’inspiration, le film tend parfois à montrer que Tsui Hark tente de renouer justement avec sa mythique saga, Détective Dee prenant souvent des allures d’Il était une fois en Chine des années 2000. La reconstitution historique, le souffle épique, un personnage central intelligent, cultivé, brave, droit et fidèle, fin et légendaire et entouré par des compères qui ne se contentent pas de faire de la figuration, sont autant d’éléments abondant dans ce sens. Mais malgré ses qualités certaines, Détective Dee peine à se hisser au niveau de la saga en question, la perfection de la série (6 opus au total) étant difficile à atteindre. Détective Dee s’en approche mais sans parvenir à réellement reproduire la recette. A ce propos, ce n’est pas la seule source d’auto-inspiration reprise par le cinéaste qui puise dans sa propre filmographie, certains passages comme la séquence dans la forêt entre le détective et Jing’er, la fidèle servante de l’impératrice, prend des allures de Histoires de Fantômes Chinois par ses couleurs, son atmosphère onirique…

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Reste les combats ? Sammo Hung se chargeant de chorégraphier ces derniers, on ne pouvait qu’attendre du bon sur ce point. Et une fois encore, un léger sentiment d’inaccomplissement vient pointer le bout de son nez. Certains sont remarquables (le combat dans le temple sacré, celui au marché fantôme ou encore celui de fin dans le Bouddha). Mais tous n’ont pas la même saveur et surtout, dans l’ensemble, tous manquent d’une petite touche qui les rendraient à la fois moins mécaniques et moins froids.

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Contrairement à la saga des Once Uppon a Time in China, Tsui Hark a désormais l’outil numérique à sa disposition. Et il l’utilise ! De tout temps, le visionnaire hongkongais aura cherché à évoluer visuellement, à maîtriser les technologies nouvelles, à innover plastiquement. Détective Dee n’est pas en reste et fait la part belle aux effets spéciaux. Et même constat de semi-réussite. Certains sont de toute beauté (les combustions spontanées, les scènes avec le Bouddha géant et plus particulièrement vers la fin du film qu’il serait dommage de dévoiler pour ceux ne l’ayant pas vu). Mais à côté de ces réussites, certains sont d’une indigence dommageable à l’ensemble (les cerfs numériques, les incrustations sur fond vert). Paradoxe de la chose : la séquence de combat au temple sacré entre notre détective et le grand prêtre. Si toute la scène est magnifiquement imaginée et réalisée, les trucages numériques viennent presque gâcher le spectacle. Les fameux cerfs en CGI font plus penser à un film d’animation qu’à un film live, le « dragon en tissu rouge » est visuellement superbement pensé mais graphiquement mal conçu. Une fois de plus, triste constat d’inabouti dommageable.

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Mais malgré tout, Détective Dee est un film qui donne de l’espoir. L’espoir de continuer à suivre pour encore un moment l’un des réalisateurs les plus passionnant au monde. Tsui Hark est toujours là, présent, et conserve le potentiel pour nous bluffer encore et encore. On peut seulement regretter que sa rage filmique, sa folie visuelle et sa maîtrise ne soient pas totalement au rendez-vous de ce nouveau métrage. Détective Dee est un film plaisant, un cru bien au-dessus de ses récents travaux. Mais l’on sait pertinemment que le cinéaste est capable de bien mieux. Capable en tout cas de rendre une copie sans les défauts que présente celle-ci. Il l’a prouvé il n’y a pas si longtemps avec Seven Swords. Mais même si pour cette fois, le rendu n’est pas à la hauteur des attentes, Tsui Hark ayant peut-être placé la barre trop haute dans son œuvre foisonnante depuis des lustres, Détective Dee est un cru plus que correct montrant qu’il n’est pas sur une pente descendante si glissante que cela. On en connaît qui souffrent ou qui ne se sont jamais remis de leur baisse de régime (Dario Argento est à l’agonie, Tim Burton est en chute libre, Brian de Palma est à la peine, John Carpenter nous fait peur, Coppola de même…). Et bien au moins, ce n’est pas encore le cas de Tsui Hark !

Bande-annonce :

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