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TROMPERIE de Arnaud Desplechin : la critique du film

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Nom : Tromperie
Père : Arnaud Desplechin
Date de naissance : 2021
Majorité : 29 décembre 2021
Type : sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h45 / Poids : NC
Genre : Biopic, Comédie dramatique

Livret de Famille : Denis PodalydèsLéa SeydouxAnouk Grinberg

Signes particuliers : Insupportable ou brillant, Tromperie hésite…

 

DANS LA TETE DE PHILIP ROTH

NOTRE AVIS SUR TROMPERIE

Synopsis : Londres – 1987. Philip est un écrivain américain célèbre exilé à Londres. Sa maîtresse vient régulièrement le retrouver dans son bureau, qui est le refuge des deux amants. Ils y font l’amour, se disputent, se retrouvent et parlent des heures durant ; des femmes qui jalonnent sa vie, de sexe, d’antisémitisme, de littérature, et de fidélité à soi-même…

 

Arnaud Desplechin s’attaque à Philip Roth. Vaste programme. D’autant quand on connaît l’amour passionné du cinéaste pour l’œuvre du dramaturge américain qu’il a si souvent cité comme inspiration majeure dans son travail. Avec Tromperie, le metteur en scène adapte le roman autobiographique du même nom du célèbre écrivain. Un ouvrage complexe dans lequel Roth livrait une succession de dialogues décousus entre un alter ego littéraire et plusieurs femmes (qui ont marqué sa vie), le tout ressemblant à une investigation à travers son âme et ses plus intimes recoins.

Oui, Desplechin épouse et fait la part belle à la littérature et aux mots/maux de Roth. Oui, il fusionne l’œuvre de l’auteur et son cinéma. Oui, il y a une finesse et une profondeur inouïes dans la virtuosité des dialogues vaporeux et existentialistes que le metteur en scène traduit en images. Oui, Denis Podalydès brille de mille feux dans ce voyage « rothien » tour à tour introspectif, drôle, fiévreux ou émouvant. Mais… Mais qu’est-ce que le résultat est lourd ! Lourd, pompeux, aussi fascinant dans l’idée qu’irritant dans sa retranscription. A travers cette déclaration d’amour qui lui permet d’extirper toutes les grandes thématiques de l’œuvre de Philip Roth, Desplechin étale son cinéma. Trop. Tout le temps. Avec une emphase artistique manquant terriblement d’humilité et de discrétion.

Surtout, Desplechin déroule tous ses codes, ressasse tout ce qu’il a déjà montré au point de rendre insupportable son passionnant sujet, ses passionnants questionnements, ses passionnants personnages. Tromperie s’en retrouve écrasé par sa densité abyssale au point d’être dans un équilibre précaire entre la grâce artistique et l’urticaire philosophico-artistique pas loin de la parenthèse pédante. En plus de se pâmer devant le miroir en se regardant le nombril. Mais n’était-ce pas un peu cela aussi Philip Roth ? Et le spectateur de se dire, le film pouvait-il être autre chose que cela pour être justement pleinement réussi dans ses intentions ? Tromperie est au final l’affaire d’une hésitation entre bijou mal aimable et film mal aimable qui se voudrait être un bijou.

Par Nicolas Rieux

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