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MARIA de Pablo Larrain : la critique du film

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Nom : Maria
Père : Pablo Larrain
Date de naissance : 05 février 2025
Type : sortie en salles
Nationalité : USA, Chili, Allemagne, Italie
Taille : 2h03 / Poids : NC
Genre : Biopic, Drame

Livret de famille : Angelina JoliePierfrancesco FavinoAlba Rohrwacher

Signes particuliers : Encore un biopic d’une grande intelligence pour Pablo Larrain.

Synopsis : La vie de la plus grande chanteuse d’opéra du monde, Maria Callas, lors de ses derniers jours, en 1977, à Paris.

 

MARIA DERRIERE CALLAS

NOTRE AVIS SUR MARIA

Parmi les cinéastes les plus passionnants du moment, Pablo Larrain est l’un des rares metteurs en scène a suscité l’excitation quand il se frotte au registre pourtant si redouté du biopic. Parce qu’il a prouvé à maintes reprises son intelligence dans l’exercice. De Neruda à Spencer en passant par Jackie, Larrain ne fait pas comme les autres et si ses biopics s’éloignent parfois de la plus stricte réalité, c’est pour mieux capturer l’essence et l’authenticité profonde du sujet qu’il porte à l’écran. Cette fois, c’est en l’immense Maria Callas que le cinéaste chilien a vu quelque chose de pertinent à raconter. Maria s’attarde sur les derniers jours de la légendaire cantatrice, à Paris en 1977.
En parcourant la liste des nommés aux Oscars 2025, une absence a étonné, celle d’Angelina Jolie, la Callas de Pablo Larrain. Surprenant tant la comédienne livre une performance époustouflante et absolument remarquable de mimétisme et de sobriété dans un long-métrage par ailleurs globalement ignoré par l’Académie (une nomination pour sa photo). Pourtant, elle a appris l’italien et l’histoire de l’opéra, elle a longuement travaillé la gestuelle et la stature charismatique de la Callas et elle s’est entraînée durant sept mois pour maîtriser le chant et ainsi performer en live sur le plateau où sa voix était mixée en direct avec celle de la cantatrice. Angelina Jolie était méritante, pas seulement pour le travail fourni mais surtout parce qu’à l’écran, elle ne personnifie pas la Callas, elle est la Callas, de la pointe de ses cheveux à la démarche de ses pieds. Mais bon, qu’importe les statuettes, la reconnaissance viendra autrement. Car quand des partitions parfaites s’accordent ensembles, cela donne des films comme Maria, des pures merveilles où tout est juste, tout est brillant, où un grand Pablo Larrain filme une grande Angelina Jolie.

Avec Maria, Larrain complète sa trilogie sur des figures féminines marquantes du XXème siècle, après Jackie Kennedy et Lady Diana. Et encore une fois, le cinéaste signe un film fascinant qui célèbre autant le mythe de l’icône qu’il transperce sa coquille pour pénétrer en profondeur dans son âme et ses tourments. Tout fait sens dans un film splendide et d’une rare intelligence. Larrain scrute la Maria qui s’est oubliée derrière la Callas. Alors que la fin est proche, qu’elle a conscience de l’imminence du dernier tombé de rideau, le cinéaste montre une femme qui évolue dans sa propre réalité, qui ne s’alimente plus que de cachets, qui vit recluse avec son fidèle majordome et sa cuisinière, qui chante pour elle-même après avoir tant chanté pour les autres, et qui divague dans ses souvenirs. Cette langueur mélancolique dans la fin de l’automne d’une vie bien remplie, Larrain la traduit formellement par une mise en scène inspirée, puissamment délicate et noblement contemplative, épousant ce rythme méditatif à travers une composition artistique éminemment réfléchie entre jeux de formats (35 mm, 16 mm et Super 8), jeux de couleurs (une photo aux teintes tantôt automnales ou hivernales, semi-chaudes en intérieur, plus froides en extérieur) ou recours à un noir et blanc très expressif pour illustrer certains flash-back…
C’est un portrait élégiaque d’une grâce émouvante que consacre Larrain à la grande Callas, montrant une femme qui existe dans les souvenirs de ce qu’elle a été et qui se perd entre le vrai de son état et le faux de ses mémoires. Comme ce fut le cas pour Jackie et Spencer, Maria donne à voir une femme qui se libère de l’enfermement que lui a imposé son existence mais qui demeure hantée. La trilogie est d’une grande cohérence. Alors qu’elle aimerait faire résonner sa voix une dernière fois, Maria Callas erre dans Paris, piégée par l’effet des médicaments et les réminiscences de sa vie passée, son adolescence difficile, sa détermination à réussir, son statut de diva, son défunt grand amour Aristote Onasis (qui sera aussi le mari de Jackie Kennedy). Et alors que l’urgence de la mort imminente se fait pesante, le récit romancé adopte un rythme calme, poétiquement crépusculaire, décortiquant avec adresse toute la complexité d’une femme illustre qui n’a eu de cesse d’être La Callas au point de ne plus savoir qui était Maria.

 

Par Nicolas Rieux

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