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LE BON APÔTRE de Gareth Evans : la critique du film

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La Mondo-Note :

Carte d’identité :
Nom : The Apostle
Père : Gareth Evans
Date de naissance : 2018
Majorité : 12 octobre 2018
Type : Sortie Netflix
Nationalité : USA
Taille : 2h09 / Poids : NC
Genre : Thriller

Livret de famille : Dan Stevens, Michael Sheen, Lucy Boynton…

Signes particuliers : Un socle en or mais des murs qui s’effritent.

DANS STEVENS SE FROTTE À LA FOLIE HUMAINE

LA CRITIQUE DE LE BON APÔTRE

Synopsis : Un homme se rend sur une île lointaine à la recherche de sa soeur, kidnappée par une dangereuse secte.

On était très impatient de voir comment Gareth Evans allait rebondir après son double exploit sur la saga The Raid. Et finalement, ce n’est pas sur grand écran que le cinéaste gallois a signé son retour mais du côté de Netflix, avec le thriller de genre Le Bon Apôtre emmené par Dan Stevens, Michael Sheen et Lucy Boynton. A la découverte du film, on comprend vite et bien le choix du metteur en scène. Car Le Bon Apôtre est un long-métrage hybride, sorte de projet viscéral aux allures d’expérience cinématographique fiévreuse aussi tarée que violente et iconoclaste, mêlant univers historique, drame mystique, thriller fantastique et cauchemar hard-boiled à la lisière de l’épouvante. Un projet qu’il aurait compliqué, voire impossible de monter pour le cinéma compte tenu de la frilosité du marché actuel face à tout ce qui sort des sentiers battus. Et c’est là que Netflix apparaît comme un formidable el dorado pour les auteurs voulant tenter des choses différentes, audacieuses, originales ou radicales. La liberté qu’accorde la plateforme américaine à ses auteurs explique à n’en pas douter son succès et sa popularité auprès des artistes, autant qu’elle explique pourquoi tant de projets s’y montent et pourquoi le résultat est souvent très intéressant pour les cinéphiles. Le Bon Apôtre suit Richard (Dan Stevens), un homme qui avait disparu des écrans radar aux yeux de sa famille. Quand il réapparaît, c’est pour aller chercher sa sœur, enlevée par une dangereuse secte vivant en autarcie sur une île éloignée, et dirigée par l’autoproclamé prophète Malcolm (Michael Sheen). Le voyage sauveur de Richard va basculer dans le sang et la violence la plus extrême.

Si le film n’est pas toujours totalement convaincant ou si certains de ses choix sont discutables, Le Bon Apôtre témoigne d’une volonté d’intransigeante bousculade du spectateur, d’une volonté de le malmener au nom d’un cinéma pensé comme une expérience avant tout. C’était déjà l’une des forces du diptyque The Raid et en ce sens, Gareth Evans s’inscrit dans la continuité d’une œuvre jusqu’ici cohérente. D’un bout à l’autre, on pense à plein de choses face au cauchemar orchestré de manière très immersive par le cinéaste. On pense parfois au Silence de Scorsese, à l’excellent The Sacrament de Ti West, au classique The Wicker Man, voire pour les plus connaisseurs au britannique La Nuit des Maléfices que le réalisateur tient en haute estime. Mais pardessus tout, on pense surtout à Safe Haven, le segment coréalisé par Evans pour l’anthologie V/H/S, où une équipe de tournage infiltrait une secte indonésienne aux activités mystérieuses. C’est de là qu’est venue l’inspiration première pour confectionner ce brûlot énervé qui, en creux, extirpe une certaine modernité de son récit historique, parlant avec une énergie incisive et corrosive, de la manipulation des masses par un beau parleur qui tire de la faiblesse humaine de quoi ériger une « religion » bête et disciplinée.

Frontal alors qu’il ne recule pas devant une violence ultra-graphique dont la brutale barbarie se traduit par quelques supplices bien dégueulasses, Le Bon Apôtre est une virée hallucinée sur des terres voulues comme un paradis terrestre mais devenues le sol d’un enfer à ciel ouvert. Gareth Evans y plonge son héros vengeur et construit son film en deux temps très marqués. Certains préfèreront la première moitié, poisseuse, oppressante, sous tension, et qui évolue dans l’ombre. D’autres s’éclateront davantage devant la seconde, plus remuante et spectaculaire, lâchant les vannes d’un gore quasi grand-guignolesque. Ensemble, ces deux parties forment un voyage horrifique sondant les dangers du communautarisme extrême, de l’adoration béate et de la tyrannie de la pensée. Ensemble, elles font aussi passer le film du thriller d’époque rageur au film de genre jusqu’au-boutiste, le tout avec une certaine grâce horrifiante. Mais là où le bât blesse et va heurter cette belle cohérence esthétique et narrative, c’est quand Evans va inviter dans la danse le fantastique. Pourquoi ? Outre sa mauvaise imbrication dans le récit, son utilité va non seulement être très questionnable à rebours une fois le film terminé, mais pire, son injection flingue sur place tout ce que le film avait de meilleur et s’évertuait à raconter sur l’humain et sur cette communauté aveuglée dont les idéaux ont dégénéré en dogmatisme dangereux. Sans lui, Le Bon Apôtre aurait peut-être été un sans faute. Sans lui et peut-être sans Dan Stevens aussi, qui a toujours la finesse d’une essoreuse à salade.


BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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