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KILLERS OF THE FLOWER MOON de Martin Scorsese : la critique du film

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Nom : Killers of the Flower Moon
Père : Martin Scorsese
Date de naissance : 18 octobre 2023
Type : sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 3h26 / Poids : 200 M$
Genre : Drame, Polar, Thriller

Livret de Famille : Leonardo DiCaprioLily GladstoneRobert De Niro, Jesse Plemons, Brendan Fraser, John Lithgow…

Signes particuliers : Un très grand Scorsese.

Synopsis : Au début du XXème siècle, le pétrole a apporté la fortune au peuple Osage qui, du jour au lendemain, est devenu l’un des plus riches du monde. La richesse de ces Amérindiens attire aussitôt la convoitise de Blancs peu recommandables qui intriguent, soutirent et volent autant d’argent Osage que possible avant de recourir au meurtre…

SCORSESE EN EMPORTE LE TEMPS

NOTRE AVIS SUR KILLERS OF THE FLOWER MOON

De Niro-Di Caprio-Scorsese. Quel cinéphile ne rêvent pas devant un trio pareil. Pour son grand retour au cinéma après la parenthèse The Irishman sur Netflix, l’immense Marty a vu les choses en grand. En très grand même si l’on s’en tient à la durée de sa fresque policière. Près de 3h30, c’est ainsi que s’étend le fleuve Killers of the flower moon, un drame policier adapté d’un roman de David Grann paru en 2017. Le film retrace une histoire vraie survenue dans les années 20. Après la découverte de gisements de pétrole sur les terres qui leur ont été données, les indiens Osages sont devenus riches. Quand une vague de meurtres endeuillent leur communauté, ses membres réclament une aide du gouvernement fédéral. Des agents du tout jeune FBI de J. Edgar Hoover sont dépêchés sur place pour enquêter et vont croiser la route d’indiens et de blancs, de William Hale, un homme d’affaire très influent de la ville, de son neuveu Ernest Burkhart, un vétéran pas très malin, de Mollie, une riche Osage atteinte de diabète etc…

Fallait-il réellement 3h45 pour raconter cette histoire assez méconnue ? Compte tenu du résultat, on pourra dire que oui. Certes, Scorsese se permet quelques longueurs par-ci par-là, mais globalement sa fresque se tient avec une intensité suffisamment haletante pour que le long moment passé en compagnie de ses amérindiens, de ses blancs cupides et de ses crapules de bas étage, ne se fasse pas trop sentir. Surtout qu’il y a tant de choses à admirer durant cette longue aventure relevant du grand cinéma.

80 ans et encore un génie intact. On a pu douter un instant de la fin de carrière de Martin Scorsese au lendemain de son Irishmen qui passait plus pour une caricature grossière de ses meilleurs travaux que comme la réussite espérée d’un film crépusculaire. Ce n’était finalement qu’un faux pas, et encore façon de parler car il y avait quand même des instants de magie cinématographique. Mais avec Killers of the flower moon, Martin Scorsese, plus vif que jamais, prouve encore une fois qu’il est un cinéaste majeur qui dure dans son temps. Ou dans « ses temps » tant il en a traversédu haut de ses 60 ans d’activité.
A la fois drame, polar, fresque criminelle, film policier, film noir, tragédie romanesque ou encore néo-western, Killers of the flower moon ne passe pas loin du chef-d’œuvre épique. Un film qui contemple droit dans les yeux la décrépitude ténue d’une nation aux idéaux érigés dans la violence, l’égoïsme, la cupidité. Scorsese parle du capitalisme sans parler du capitalisme. Il exprime toute l’horreur indicible d’une société qui n’a eu de cesse de grandir et de se forger dans la plus grande des violences, humaine et sociale. Et ce depuis toujours. Et pour toujours ? Il y a une notion de rédemption qui se dégage de cette odyssée terrible, comme le besoin de dire que l’Amérique a nécessité de prendre conscience que sa marche à contresens passera par une prise de conscience collective. Celle que trop de petits citoyens sont manipulés par des puissants qui exploitent leur naïveté, que le peuple est le jouet de ces manipulateurs qui n’agissent même pas dans l’ombre. Tout le monde le sait, personne ne pipe. Jusqu’au jour où.

 

Porté par une distribution de gala, d’un De Niro qui fait oublier les médiocres comédies dans lesquelles il s’est compromis ces derniers temps et rappelle pourquoi il est l’un des plus grands de l’histoire du septième art, à un Di Caprio phénoménal (reprenant à son compte le jeu de Brando dans Le Parrain) en passant par une bouleversante Lily Gladstone, Killers of the flower moon est l’incarnation de la puissance du cinéma. Un film total, vertigineux, minutieux, souvent en retenue pour mieux laisser exploser ses plus fabuleux moments de bravoure. Comme si la grandeur clinquante d’un Casino rencontrait la virtuosité apaisée d’un Silence. C’est beau, c’est captivant, c’est viscéral, c’est grandiose. L’œuvre majestueuse d’un maestro qui a su conquérir la sauvagerie du roman et de l’histoire, pour en tirer un bijou mêlant le film-dossier et son univers aux gangsters charismatiques. Monstrueux au sens littéral comme au sens figuré, Killers of the flower moon est d’une intensité, d’une richesse et d’une perfection qui donne le tournis, d’une entame fascinante jusqu’à un final aussi malin qu’original !

 

 

Par Nicolas Rieux

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