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GODZILLA II – ROI DES MONSTRES de Michael Dougherty : la critique du film

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La Mondo-Note :

Carte d’identité :
Nom : Godzilla : King of the Monsters
Père : Michael Dougherty
Date de naissance : 2018
Majorité : 24 mai 2019
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 2h12 / Poids : 200 M$
Genre : Fantastique, Action

Livret de famille : Vera Farmiga, Kyle Chandler, Millie Bobby Brown, Ken Watanabe, Sally Hawkins, Zhang Ziyi, Charles Dance, O’Shea Jackson Jr…

Signes particuliers : L’inverse total du premier film.

UN MAX DE MONSTRES, UN MAX DE SPECTACLE

LA CRITIQUE DE GODZILLA II

Synopsis : L’agence crypto-zoologique Monarch doit faire face à une vague de monstres titanesques, comme Godzilla, Mothra, Rodan et surtout le redoutable roi Ghidorah à trois têtes. Un combat sans précédent entre ces créatures considérées jusque-là comme chimériques menace d’éclater. Alors qu’elles cherchent toutes à dominer la planète, l’avenir même de l’humanité est en jeu… 

Passée et digérée la frustration du premier Godzilla de Gareth Edwards, splendeur esthétique qui ne nous offrait qu’une dizaine de minutes de monstres à l’écran sur 2h de film (un parti pris audacieux mais un peu trop poussé à l’extrême), l’heure était venue de retrouver le célèbre lézard géant pour une suite qui allait enfin convoquer tout le bestiaire de la mythologie godzillesque avec les Ghidorah, Mothra, Rodan et consorts. Exit la patte classieuse d’Edwards, bienvenue à l’amoureux du cinoche de genre qu’est Michael Dougherty (Trick ‘r Treat, Krampus), et le bodybuildé Godzilla II Roi des Monstres avec ses 200 M$ de budget de s’élancer pleinement au cœur de la bataille des créatures titanesques pour dominer la planète. Il y a cinq ans, Godzilla sortait des entrailles de la Terre, aujourd’hui, place à l’affrontement épique entre monstres. Et le résultat de s’inscrire aux antipodes de son prédécesseur. Il aurait même été impossible de faire plus différent.

Beaucoup ont reproché au premier film de Gareth Edwards de manquer d’images du monstre. Godzilla II fait le contraire. Beaucoup ont reproché au film d’Edwards de manquer d’action. Godzilla II fait le contraire. Et beaucoup ont reproché au film d’Edwards de rechercher constamment le beau plan au lieu d’être efficace. Godzilla II fait encore le contraire. Malheureusement, la victime de ce revirement total sur l’autre extrême du spectre cinématographique, c’est le spectateur qui n’aura jamais eu la joie de connaître deux vrais bons films pleinement satisfaisants. A chaque seconde de son entreprise, Dougherty a imaginé un blockbuster par essence frère ennemi de son aîné. Et comme le dit l’adage, il n’y a jamais rien de bon qui sort des extrêmes. Avec cette suite, le spectateur va pouvoir se rassasier après la frustration. Dès la première seconde, le cri surpuissant de Godzilla fracasse les enceintes de la salle. Le ton est donné. Derrière, Godzilla II accumule les monstres, enchaîne les couches d’action, déploie une montagne d’effets spéciaux, s’ingénie à faire de l’efficacité un moteur unique et vecteur de spectacle et oublie le côté presque « auteuriste » de son aîné pour en foutre plein les yeux aux fans impatients. Sauf que de pas assez, on bascule dans le trop. Trop de monstres empilés, trop d’action frénétique, trop d’effets digitaux, trop de spectacle massif. Et à côté de ça, moins d’efforts de mise en scène stylisées, peu de tension palpable et moins volonté d’allier distraction et génie cinématographique. Le film de Dougherty fait davantage dans le basique régressif pour en mettre plein la vue en jouant la carte de la quantité parfois au détriment de la qualité. Si le premier brillait par la beauté de sa mise en scène, ici tout est beaucoup plus fonctionnel. Si le premier essayait d’être audacieux (quitte à l’être un peu trop), celui-ci est au contraire très simple, pour ne pas dire simpliste. Et si le premier tentait de faire exister ses personnages dans le chaos, ils sont souvent des faire-valoir mécaniques d’un récit cousu de manière industrielle autour d’un seul but : des monstres, des monstres et des monstres. Oui mais des japo-niaiseries !

Quelque part, on est presque gêné de s’en plaindre. Car au moins, la tambouille concoctée par Dougherty envoie le pâté à défaut d’être toujours belle et agréable à l’œil avec ses SFX et son production design intermittents, capable de la meilleure élégance comme de la pire des bouillies quand il fait dans la surcharge proche de la surchauffe. A certains égards, Godzilla II est au premier ce que Pacific Rim 2 a pu être au film de Del Toro. Ou plutôt ce que certains Transformers ont pu être au fil de la saga de l’ami Bay. En gros, moins fin, moins esthétique, moins travaillé, plus simpliste et visant essentiellement le bourrinage boudiné. L’ensemble est au final un peu lourd et parfois fatiguant du haut de ses 2h15 déversant de l’action incessante, boutiquée dans un script pas toujours très recherché. Certes, il divertit un peu et s’efforce de satisfaire le besoin de générosité des fans de Kaiju Eiga. Mais à force de sur-générosité pour rassasier son public assoiffé, il franchit par moments la ligne jaune de la plâtrée hollywoodienne et vient flirter avec le too much boulimico-gargantuesque où tout déborde de partout. D’autant plus fastidieux que le film se prend très au sérieux contrairement à un Kong : Skull Island par exemple, qui régalait par sa générosité fun et fendarde. Godzilla II en devient alors presque indigeste et semblable à une purée de pois cassés digitale balancée sur grand écran, ce qui a pour effet de désamorcer l’impact de ses plus beaux plans iconiques qu’il tente pourtant de mettre en valeur. L’élégance frustrante d’abord puis la surdose efficace ensuite, voilà ce que nous a proposé jusqu’ici la nouvelle saga Godzilla version Hollywood. Et sinon, on pourrait avoir un jour la rencontre des deux styles pour un film 100% abouti ? Qui sait, peut-être un jour sur un Kong vs Godzilla par exemple, le fantasme de la rencontre entre les deux monstres cultes.

Dernière chose, restez bien jusqu’au bout du générique histoire de ne pas manquer la p’tite scène cadeau-bonus-additionnelle cachée au bout d’un générique à rallonge !

BANDE-ANNONCE :

Par David Huxley

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