NOTRE CORPS de Claire Simon : la critique du film

Côté pile, la fiction. Côté face, le documentaire. La réalisatrice Claire Simon navigue entre les deux registres depuis longtemps. L’an passé, c’était la fiction avec le très beau Vous ne désirez que moi sur Marguerite Duras et Yann Andréa. Cette année, elle revient au documentaire avec Notre Corps, l’exploration des couloirs d’un hôpital empruntés par des parcours de femmes. Certaines viennent avorter, d’autres gérer les affres de cancers, certaines suivent un protocole de transition identitaire, d’autres accouchent. Tant de chemins divers et variés et une même idée, le corps des femmes marqués par des épreuves de joie ou de détresse. Ces lieux deviennent un carrefour pour des existences confrontées à la peur, la maladie, le bonheur. Claire Simon filme des destinées toutes singulières car chacune a son histoire personnelle. Des destinées soumises à un impératif non-maîtrisable : la vie. Pour preuve, quand la réalisatrice prend elle-même la place des patientes qu’elles filmaient jusque-là. A mi-parcours, on lui diagnostique un cancer du sein. « Leurs Corps » devient « Notre Corps » et le film d’ajouter encore un peu plus d’émotion à ce qu’il proposait déjà aux contours de ces histoires intimes bouleversées ou renversées.

On reprochera seulement à Claire Simon d’avoir eu du mal à trier et ordonner toute sa matière emmagasinée. Notre Corps fait 2h48. C’est long, très long, un peu répétitif, parfois inutilement trop frontal (les longues scènes d’opérations ont du mal à passer à une séance à 10h du matin post-petit déj) et surtout l’ensemble manque un peu de narration et de dialogue interne entre des séquences pour donner du volume à tout cela au lieu de le laisser vivre en roues libres comme une suite de séquences simplement alignées les unes derrière les autres. En bref, beaucoup de matière passionnante mais un manque d’écriture documentaire et de synthétisation.