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DOGMAN de Matteo Garrone : la critique du film [Cannes 2018]

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Carte d’identité :
Nom : Dogman
Père : Matteo Garrone
Date de naissance : 2018
Majorité : 11 juillet 2018
Type : Sortie en salles
Nationalité : Italie
Taille : 1h42 / Poids : NC
Genre
: Drame, Thriller

Livret de famille : Marcello Fonte, Edoardo Pesce, Alida Baldari Calabria…

Signes particuliers : Prix d’interprétation masculine pour Marcello Fonte.

UN DRAME QUI A DU CHIEN

LA CRITIQUE DE DOGMAN

Résumé : Dans une banlieue déshéritée, Marcello, toiletteur pour chiens discret et apprécié de tous, voit revenir de prison son ami Simoncino, un ancien boxeur accro à la cocaïne qui, très vite, rackette et brutalise le quartier. D’abord confiant, Marcello se laisse entraîner malgré lui dans une spirale criminelle. Il fait alors l’apprentissage de la trahison et de l’abandon, avant d’imaginer une vengeance féroce…

Prix d’interprétation masculine au dernier festival de Cannes, Marcello Fonte est bel et bien la principale attraction de ce drame aux accents de thriller intimiste où la petite criminalité se mêle au terne quotidien des oubliés d’une Italie marginale. Tout commence par un plan sur un chien qui sort les crocs quand il se sent menacé par le jet d’eau d’un toiletteur bienveillant qui le force à se plier à sa volonté. Une scène d’introduction très évocatrice de ce que va nous proposer Dogman, plongée amère dans la destinée nihiliste d’un petit commerçant médiocre dont la vie stable et tranquille va se déliter sous ses yeux impuissants, menacé par une brute épaisse dominante qui va le forcer à opérer sa mue. Poussé à bout et habitué à être traité comme un chien, le soumis Marcello va devoir sortir lui-aussi ses crocs, si tant est qu’il en ait les moyens. Car contrairement à un pitbull enragé, Marcello est frêle, timide, discret. L’archétype même de l’anti-héros absolu.

Après sa formidable embardée fantastique avec le mésestimé Tale Of Tales, l’italien Matteo Garrone revenait à Cannes, mais surtout revenait à ses premiers amours. Plus proche de Gomorra (le film qui l’a révélé internationalement) alors qu’il illustre comment la petite criminalité galopante s’infiltre dans le quotidien des petites gens d’une Italie pauvre, loin de l’éclat des cartes postales romaines, Dogman revisite le mythe de Faust dans un drame social âpre et parfois brutal. Marcello est ce Faust faible et gentil couillon qui va offrir son âme à son « ami » Simone, un Méphistophélès en forme de brute épaisse qui terrorise tout son quartier. Un acte qui va provoquer sa déchéance.

Époustouflant de conviction, de vie et de fragilité, le jusqu’alors inconnu Marcello Fonte porte à bout de bras ce récit aux accents néo-réalistes qui part du drame pour se laisser aspirer par les codes du thriller à la violence métaphorique, posant la question de la sauvagerie des rapports humains et la réponse que l’on peut y apporter, et discourant sur l’universel concept que tout choix amène des conséquences et que notre vie ne sera qu’une entreprise de démolition de notre innocence originelle. La violence déshumanisée est-elle la seule réponse possible à la violence déshumanisée, quand on est démuni et à la merci d’une autorité répressive ? Notre animalité profonde est-elle l’unique garante de notre survie en cas d’extrême acculement ? Matteo Garrone ne cherche pas à se poser en dictateur de pensée et de fait, ne cherche pas à répondre à ce questionnement selon un jugement moral catégorique. Le cinéaste italien se garde bien de tomber dans cette facilité et préfère exposer, laissant au spectateur le choix de se forger ensuite sa propre opinion. Mais clairement, il y a un propos sous-jacent très social et politisé dans ce bouleversant Dogman, intense exploration intimiste basée sur un lointain fait divers romain au début des années 80, fait divers que Garrone a extrapolé pour déployer une remarquable parabole sur la survie au quotidien.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

One thought on “DOGMAN de Matteo Garrone : la critique du film [Cannes 2018]

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