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THE GUILTY de Gustav Möller : la critique du film

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Carte d’identité :
Nom : Den skyldige
Père : Gustav Möller
Date de naissance : 2018
Majorité : 18 juillet 2018
Type : Sortie en salles
Nationalité : Danemark
Taille : 1h25 / Poids : NC
Genre
: Thriller

Livret de famille : Jakob Cedergren, Jessica Dinnage, Omar Shargawi…

Signes particuliers : Terriblement efficace !

UN THRILLER TÉLÉPHONIQUE HALETANT !

LA CRITIQUE DE THE GUILTY

Résumé : Une femme, victime d’un kidnapping, contacte les urgences de la police. La ligne est coupée brutalement. Pour la retrouver, le policier qui a reçu l’appel ne peut compter que sur son intuition, son imagination et son téléphone.

Premier long-métrage du réalisateur danois Gustav Möller, The Guilty s’était fait remarqué au dernier festival du film policier de Beaune, d’où il était reparti avec le Prix de la Critique. Dans ce thriller tendu comme une corde à linge, un policier travaillant au standard téléphonique de la police de Copenhague prend l’appel d’une femme chuchotant qu’elle vient d’être enlevée. La communication coupe assez rapidement et Asger Holm va devoir se lancer dans une course contre la montre pour aider à la retrouver. Court sur pattes (1h25) mais d’une extrême efficacité, The Guilty est un huis-clos qui ne quittera jamais le bureau du central d’appel où son héros suspendu à son téléphone sera quasiment l’unique protagoniste visible du film.

The Guilty, ou quand un concept périlleux se transforme en réussite audacieuse. Sur le papier avec son parti pris narratif assez singulier, bien des dangers guettaient le film de Gustav Möller. Tenir un long-métrage tout entier sur une seule personne au téléphone pendant une heure et demi n’allait-il pas se transformer en fausse bonne idée plombée par sa redondance ? L’idée n’allait-elle se retourner contre le film en l’enfermant dans son postulat trop restrictif ? Le concept allait-il tenir la distance sur la durée ? Ne risquait-il pas de sombrer dans la lassitude et la frustration de ne pas en voir plus ? Ou encore, l’intrigue parviendrait-elle à trouver les moyens d’évoluer avec le seul hors-champs sonore pour l’épauler ? La réponse est simple, The Guilty évite quasiment tous les écueils qui se dressaient face à lui, et s’il ne réinvente fondamentalement rien en matière de cinéma (dans un registre très différent, l’excellent Buried avait déjà réalisé un exploit similaire), Gustav Möller parvient à signer une petite claque dont l’effet se prolonge encore après la séance.

En effet, le cinéaste manie son postulat faussement réducteur avec une formidable dextérité cinématographique et en exploite les moindres possibilités pour déployer un suspens terriblement haletant, jouant à merveille avec le champ (cet homme agrippé à son téléphone) et le hors-champs (ses interlocuteurs invisibles), tous créant ensemble un pur thriller téléphonique tournant autour de l’impuissance désespérée d’un homme face à une situation l’impliquant complètement dans une tension incontrôlable. Une situation statique que le cinéaste va rendre follement mobile, à la fois dans sa mise en scène grâce à un sens aigu du montage dynamisant et du découpage aiguisé, et dans son écriture avec des rebondissements qui ne manqueront pas de retourner le spectateur autant que l’intrigue. The Guilty est un pari gagné sur toute la ligne, sorte de thriller dramatico-familial oppressant, comme si l’évoqué Buried rencontrait le récent Jusqu’à la Garde.

Mieux, au-delà de la pure tension viscérale qu’il orchestre autour de son héros fabuleusement interprété par un grand Jakob Cedergen qui porte littéralement le film sur ses épaules au sens littéral comme au sens figuré, Gustav Möller réussit même à injecter des thématiques sous-jacentes qui se dessinent sous le poids d’une histoire pourtant simple et basique. The Guilty est d’une certaine manière, un film sur les mécanismes de communication, la manipulation, les faux semblants et les fantasmes qu’ils peuvent créer. Mais on évitera d’en dire davantage pour mieux vous laisser le plaisir d’un film sacrément prenant et surprenant.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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