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ASTEROID CITY de Wes Anderson : la critique du film [Cannes 2023]

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Nom : Asteroid City
Père : Wes Anderson
Date de naissance : 2022
Majorité : 21 juin 2023
Type : sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h45 / Poids : 30 M$
Genre : Comédie 

Livret de Famille : Jason SchwartzmanScarlett JohanssonTilda Swinton, Tom Hanks, Matt Dillon, Jeff Goldblum, Rupert Friend, Adrien Brody, Bryan Cranston…

Signes particuliers : Visuellement beau, émotionnellement froid. 

Synopsis : Asteroid City est une ville minuscule, en plein désert, dans le sud-ouest des États-Unis. Nous sommes en 1955. Le site est surtout célèbre pour son gigantesque cratère de météorite et son observatoire astronomique à proximité. Ce week-end, les militaires et les astronomes accueillent cinq enfants surdoués, distingués pour leurs créations scientifiques, afin qu’ils présentent leurs inventions. À quelques kilomètres de là, par-delà les collines, on aperçoit des champignons atomiques provoqués par des essais nucléaires.

CONFINEMENT DESERTIQUE

NOTRE AVIS SUR ASTEROID CITY

Encore une fois, ça s’est bousculé au portillon pour rejoindre les rangs de la bande à Wes Anderson. Asteroid City ce sont des habitués et quelques nouveaux dans une (vaste) réunion de stars comme on en voit pas si souvent dans ce genre de film (en gros loin des superproductions Marvel). Visez un peu, Tom Hanks, Scarlett Johansson, Steve Carell, Jeff Goldblum, Tilda Swinton, Jason Schwartzman, Liev Schreiber, Matt Dillon, Adrien Brody, Edward Norton, Margot Robbie, Jeffrey Wright, Bryan Cranston, Willem Dafoe, Maya Hawke, Damien Bonnard (si, si, le français des Intranquilles) et on en passe… La plupart ont déjà (beaucoup) tournés pour Anderson. Parmi les bleus pour qui c’était la première fois : Tom Hanks et Steve Carell notamment (ce dernier ayant remplacé l’habitué Bill Murray qui avait le Covid selon la version officielle). L’histoire maintenant de ce onzième long-métrage du plus français des réalisateurs anglo-saxons, Anderson étant parisien depuis un bout de temps. Une pièce de théâtre est en cours de création. Elle s’appelle « Asteroid City » et narre la folle histoire d’un groupe d’hommes et de femmes hétéroclite coincés dans un ville en toc au milieu du désert, confinée après l’apparition d’un extraterrestre. On sent le poids du récent confinement dans la tête du cinéaste. Des gamins surdoués, un cratère de météorite, des essais nucléiares visibles à l’horizon, une célèbre actrice, un père et ses enfants endeuillés… Ca fuse au scénario, ça fuse devant la caméra joyeuse de Wes Anderson.
Présenté en compétition officielle à Cannes, Asteroid City ne va pas changer la règle quasi immuable qui accompagne le cinéma de Wes Anderson depuis des lustres. Ceux qui adorent son style vont se régaler devant cet énième douce folie loufoque, ceux qui peinent à accrocher à son cinéma resteront à quai devant un train qui démarre sans eux. Avec toute sa verve onirique, Anderson met en scène une mise en abîme du processus créatif et déploie une réflexion profonde (plus qu’il n’y paraît en tout cas) dans un ofni balancé entre le sérieux théorique et l’amusement décalé. Et c’est justement un peu à l’image -et au détriment- du film. Il est « balancé », formulation polie pour ne pas dire « inégal ». Que l’on va quand même dire en fait. Quand il est dans ce désert aux couleurs pastels, illustration dans la pièce Asteroid City qui est en cours de création, Wes Anderson amuse. Parce que l’on est séduit par ses images sublimes à la symétrie parfaite. Parce que l’on se régale des jeux de comédiens qui prennent un plaisir évident. Parce que l’on est bercé par la musique festive de Alexandre Desplat. Parce que l’on est embarqué par la chatoyante déraison lunaire du cinéma de Wes Anderson.
Et puis il y a ces allers-retours dans la « réalité », hors de la pièce, comme un jeu de va-et-vient entre un diégetique et un extra-diégétique. Et là, Anderson nous perd. Exit le pastel rétro si charmant pour un noir et blanc radical. Exit le scope donnant une sensation d’air pour un format carré et une imagerie plus étouffante. Exit le charme doux-dingue pour un sérieux plus pompeux esquissant les ambitions de fond. En plus de casser la rêverie fantaisiste, ces moments tuent une émotion qui avait déjà du mal à se formuler car le film s’y prête peu. Et Asteroid City de devenir par intermittence un objet froid, un trip concept un peu bancal, ponctué cela dit de moment de grâce (comme les passages impliquant Scarlett Johansson). Et en creux, un second discours sur la schyzophrénie d’une Amérique des 50’s à deux visages, d’un côté portée par son libéralisme triomphant, de l’autre inquiète par le spectre de la guerre froide.

 

Par Nicolas Rieux

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