Mondo-mètre :
Carte d’identité :
Nom : Casse-tête chinois
Père : Cédric Klapisch
Livret de famille : Romain Duris (Xavier), Audrey Tautou (Martine), Cécile de France (Isabelle), Kelly Reilly (Wendy), Sandrine Holt (Ju), Margaux Mansart (Mia), Pablo Mugnier-Jacob (Tom), Flore Bonaventura (Isabelle, la baby-sitter), Benoît Jacquot (le père de Xavier)…
Date de naissance : 2013
Majorité au : 04 décembre 2013 (en salles)
Nationalité : France
Taille : 1h54
Poids : 17 millions €
Signes particuliers (+) : Klapisch retrouve Xavier, son personnage à la vie si compliquée que l’on a tant aimé suivre depuis L’Auberge Espagnole. Toujours avec la même affection envers cet attachant héros noyé par sa propre existence bordélique, le cinéaste passe la barrière de la quarantaine et entre dans la maturité avec un film qui conjugue folie et sérieux plus posé. Par son entremise, Casse-Tête Chinois brasse des thématiques diverses et variées mais garde en lui toujours ce même enchantement drolatique dès qu’il s’agit de souligner les petites turpitudes qui forment les grands tracas de la vie.
Signes particuliers (-) : Le temps d’arrêter ? Casse-Tête Chinois est en tout cas le moins bon volet de cette désormais trilogie. Plus confus, la fraîcheur ternie, il s’en dégage moins de maîtrise et de truculence, comme si Klapisch avait du mal à quitter le temps de l’adulescence tout en essayant de se résoudre à le faire. Le résultat est parfois maladroit ou redondant, un peu trop long et moins savoureux.
MA VIE, MON BORDEL
Résumé : Xavier a maintenant 40 ans. Et sa vie ne s’est pas forcément rangée et tout semble même devenir de plus en plus compliqué. Désormais père de deux enfants, son virus du voyage l’entraîne cette fois à New York, au beau milieu de Chinatown. Dans un joyeux bordel, Xavier cherche sa place en tant que fils, en tant que père… en tant qu’homme en fait ! Séparation. Famille recomposée. Homoparentalité. Immigration. Travail clandestin. Mondialisation. La vie de Xavier tient résolument du casse-tête chinois ! Cette vie à l’instar de New York et de l’époque actuelle, à défaut d’être cohérente et calme vient en tout cas nourrir sa plume d’écrivain…
Douze ans après L’Auberge Espagnole et neuf après Les Poupées Russes, c’est avec émotion que Cédric Klapisch renoue avec Xavier, son attachant personnage de banal paumé confronté aux turpitudes d’une existence sans dessus dessous, et dont on a suivi l’évolution depuis sa jeunesse étudiante en Erasmus à Barcelone. On l’avait alors découvert sympathique jeune homme gentiment immature s’ouvrant au monde, avant de le retrouver trentenaire angoissé toujours aussi perdu dans sa vie dans le second chapitre. Dix ans plus tard, le voilà désormais quarantenaire et les choses ne sont pas davantage fixées pour lui, au contraire, puisque sa vie semble être plus compliquée que jamais. Et il n’y a pas que Xavier que le cinéaste retrouve puisque ce troisième volet de la série est l’occasion pour lui de collaborer avec l’essentiel de sa distribution originelle, son comédien fétiche Romain Duris en tête, une fois de plus entouré de ses belles, Kelly Reilly, Audrey Tautou et Cécile de France. Casse-Tête Chinois (un titre qui veut tout dire) est donc la suite des aventures de la vie de Xavier. Un dernier volet pour boucler la boucle ? Qui sait de quoi sera fait l’avenir dans dix ou vingt ans, mais en tout cas, on tient là désormais une trilogie sur l’incongruité de l’existence et des multiples événements qui la forment. La vie est un bordel, oui, mais un joyeux bordel et c’est ce qui fait son charme.
Délocalisation vers New-York cette fois-ci, pour une saga qui aura pris un plaisir fou à voyager au gré des pérégrinations de son héros. Après Paris, l’Espagne et Barcelone, l’Angleterre et la Russie avec Londres et Saint-Pétersbourg, c’est dans la grande pomme que le cinéaste et sa joyeuse bande posent leurs valises pour poursuivre l’histoire de l’alter ego cinématographique du metteur en scène toujours au centre de mille histoires, entre Isabelle, sa meilleure amie lesbienne qui veut un enfant, son ex Martine qui ne cesse de ressurgir dans sa vie et bien entendu, la belle britannique Wendy avec laquelle il avait trouvé l’amour…
Crise de la quarantaine, complexité des vies de divorcés, homoparentalité, immigration… Casse-Tête Chinois porte bien son titre. Dans ce joyeux bazar comico-dramatique, Cédric Klapisch brosse quantité de sujets tous bien ancrés dans l’évolution logique de son, ou plutôt de ses personnages. La trilogie aura été une perpétuelle remise en question soulignant le bordel qu’est la vie quand on la couche à plat. En croisant cette thématique jalonnant l’évolution de son personnage avec la dite crise synonyme de moment de faire le point sur le passé et le présent, Klapisch signe un film qui s’apparente quelque part au film de la maturité. Plus posé, moins fou. Âge oblige. Plus sérieux et adulte, moins drolatique aussi, la sérénité remplaçant l’insouciance. En fond, l’immaturité de Xavier que l’on aimait tant transpire, même si elle est un peu plus effacée. Probablement ce qui rend ce dernier chapitre peut-être moins plaisant que les autres, de même que la vie est peut-être elle-même moins plaisante à quarante ans comparée à la folie nostalgique des années adulescentes.
Klapisch s’essouffle t-il avec ce retour ? Difficile a dire. Il y a du bon et du moins bon dans ce Casse-Tête Chinois qui cela dit, apparaît comme plus poussif que ses prédécesseurs, en même temps qu’il semble moins « chouette ». Mais quelque part, le cinéaste offre un pétillant prolongement plein de sens à sa fresque générationnelle avec son fil conducteur qui a su évoluer en même temps que son héros au lieu de rester coincé dans un passé qui n’aurait plus vraiment de logique aujourd’hui. Avec toujours beaucoup de tendresse et de chaleur, Klapisch jonglent avec ses personnages, jonglent avec leurs vies, jonglent avec leurs problèmes et essaient de nous régaler avec amusement, bienveillance et souci de résonnance. Le film parlera peut-être davantage à certains qu’à d’autres, mais le résultat ne manque pas de charme malgré ses longueurs et une certaine forme de facilité d’écriture.
Casse-Tête Chinois se place un cran en-dessous des deux premiers volets. Malgré toute sa générosité et celle de son quatuor de comédiens, le cinéaste se révèle moins habile à générer folie et énergie maîtrisée, de même que les enjeux décuplés s’entremêlent dans une certaine confusion narrative qu’il ne tient moins bien avec un scénario parfois paresseux. Klapsich continue pourtant de capter avec justesse les petits riens de la vie qui façonnent ce que l’on appelle communément les « tracas de l’existence ». Mais le metteur en scène paraît plus en difficulté dans sa façon de les agencer avec fraîcheur pour recréer le charme et la saveur des précédents. Reste un joli moment lui aussi casse-tête parfois désordonné, tour à tour léger, sérieux, jovial, mélancolique, débridé ou au contraire sans surprise, mais généralement un brin trop fastidieux pour convaincre pleinement.
Bande-annonce :
Par Nicolas Rieux