Mondo-mètre :
Carte d’identité :
Nom : THe Heat
Père : Paul Feig
Livret de famille : Sandra Bullock (Ashburn), Melissa McCarthy (Mullins), Demian Bichir (Hale), Marlon Wayans (Levy), Michael Rapaport (Jason Mullins), Spoken Reasons (Mme Mullins)…
Date de naissance : 2013
Majorité à : 21 août 2013
Nationalité : USA
Taille : 1h57
Poids : 43 millions $
Signes particuliers (+) : Une bonne comédie hilarante avec Sandra Bullock (si, si ça existe) qui joue à fond sur son humour trash et son duo « que tout oppose ». Sympathique et divertissant à défaut d’être bien exécuté, un bon moment de rigolade complètement inattendu et appréciable.
Signes particuliers (-) : Pas très finaude avec son script indigent, cette production estivale est cinématographiquement épouvantable, un poil trop longue, parfois excessive et poussive quand elle se met à en faire des caisses, et a quelques soucis de gestion de la durée de ses gags. La VF est calamiteuse.
DEUX FLIQUETTES AMIE-AMIE
Résumé : Contrainte et forcée, la frigide agent du FBI aux dents longues Sarah Ashburn doit faire équipe avec une détective des quartiers chauds de Boston, Shannon Mullins. Tout les oppose. L’une est rigoureuse, ultra respectueuse du règlement, propre sur elle et stricte, l’autre est vulgaire, rentre-dedans et fait tout « à sa manière ». Ensemble, elles vont devoir faire tomber un mystérieux et dangereux parrain du crime…
Aux Etats-Unis où sa côte de popularité ne se dément pas avec les années, un nouveau film de la comédienne Sandra Bullock est toujours un événement. Pas forcément un « heureux » événement pour les cinéphiles, mais un événement quand même pour le grand public. L’insupportable « Miss Comédie de l’Amérique » fait en tout cas son come-back après quelques années de discrétion sur les écrans. Après son second rôle dans le magnifique Extrêmement Fort et Incroyablement Près de Stephen Daldry, Les Flingueuses (le titre français bien miteux de ce nouveau film de Paul Feig) marque donc la réapparition de Bullock dans un premier rôle, ce qu’elle n’avait plus tenu depuis 2009 et The Blind Side, qui n’avait même pas connu les honneurs d’une sortie ciné chez nous malgré les prix glanés par l’actrice pour son rôle émouvant. Une Bullock qui ne va cependant pas être seule en tête d’affiche puisqu’elle va partager le sommet du générique de ce buddy movie féminin avec une autre comédienne spécialisée dans la comédie, la singulière Melissa McCarthy, sorte de Kathy Bates de l’humour sans l’élégance et en plus bourrue. Découverte par la série Gilmore Girls, McCarthy a par la suite connu un beau début de carrière au cinéma, travaillant pour Seth Gordon, Apatow ou Todd Phillips, avec comme consécration une nomination à l’Oscar du meilleur second rôle en 2011 pour sa prestation dans Mes Meilleures Amies, justement du même Paul Feig.
Le cinéaste visiblement enchanté par sa collaboration avec l’actrice, rempile donc avec elle en dirigeant cette comédie policière débridée et trash mettant aux prises un duo de fliquettes que tout oppose et des gangsters dealers patibulaires mais presque. On ne vous cachera pas que le scénario de ces Flingueuses est probablement le plus stupide de l’année. Un script que l’on pourrait aisément résumer d’un lapidaire « passez votre chemin, y’a rien à voir » tant il se contente d’aligner bêtement des séquences bâtissant un canevas respectant les conventions et les codes du genre les plus éculés qui soient, avec une rare indigence. Écrit par la scénariste la plus mignonne d’Hollywood, Katie Dippold (les séries MADtv et Parks and Recreation) The Heat (son titre moins débile en VO) est construit sur un arc dramatique qui est un cliché usé à lui seul et s’alimente de banalités presque grotesques à la limite de la caricature parodique. En gros, deux femmes flics aussi opposées que le sont le nord et le sud, n’auront pas d’autre choix que de collaborer ensemble. Inenvisageable au départ, obligatoire par la suite, avant que leur guéguerre ne se transforme en grande histoire d’amitié et de respect mutuel. On connaît la rengaine par cœur pour l’avoir vue et revue mainte et mainte fois. D’un côté, il y a l’agent du prestigieux FBI (Bullock), bon chic bon genre, coincée, frigide, chichiteuse, élégante, mince, mignonne, prétentieuse, arrogante, timide, un poil faux cul et toujours polie et respectueuse des règles. De l’autre, il y a la simple flic de quartier, mal fagotée, décomplexée, extravertie, enveloppée, moche, fringuée comme un sac, grossière comme un putois, directe et rentre-dedans, sans respect pour aucun règlement mis à part le sien, ignorante de la politesse élémentaire, castagneuse… Bref, deux opposés qui vont former un tandem dans la grande tradition du buddy movie.
Des comédies débilitantes sans originalité comme The Heat, on en a vu des caisses à double-fond. La présence de Sandra Bullock en tête d’affiche, ne faisait qu’accroître notre envie de fuir dans la direction opposée au cinéma le plus proche. Pourtant, un seul et unique discret élément allait faire tiquer dans ce paysage réglé comme du papier à musique. Les Flingueuses est classé « R » aux États-Unis soit affligé d’une interdiction aux moins de 16 ans !? Un signe affirmant que le film ne s’embarrasse pas de la bonne morale américaine ? Les Flingueuses serait-il une bonne grosse comédie trash et grasse à souhait avec tout ce qu’il faut de putassier au passage ? Hollywood nous avait fait le coup il y a deux ans avec le Bad Teacher de Jake Kasdan, mené par la belle Cameron Diaz. Certes, le film essayait d’être gentiment trash mais c’était encore bien soft et insuffisant. De même l’an passé, les Sex Friends et autre Sexe entre Amis avaient pour eux quelques gags un poil impertinents mais rien de bien choquant non plus. Les Flingueuses va venir réparer ce tort quitte à en faire des tonnes.
Aussi incroyable que cela puisse paraître, le film de Paul Feig va être effectivement la comédie trashissime de l’année. Impertinente à souhait, bourrée de gags bien gras, graveleux, grossiers et souvent hilarants, cette « Bullockerie » insipide dans sa structure et son histoire, va pourtant s’avérer être un sympathique moment comique réussissant à nous tirer plusieurs éclats de rire efficaces et surtout, chose rare, à une fréquence suffisamment régulière pour que l’ensemble passe sans trop de peine, faisant d’un film dont on attendait rien, un petit plaisir coupable régressif pas désagréable. Soyons bien d’accord, Les Flingueuses n’est pas une comédie de génie, ni même un très bon film. On pourrait même aller jusqu’à parler de mauvais cinéma sur le plan artistique. Absence totale d’écriture, actrices et acteurs souvent en roues libres, personnages secondaires aléatoirement exploités, passages et gags lourdingues, scènes aberrantes voire navrantes d’idioties, ralentissement du rythme par des séquences comiques étirées en longueur au lieu de rester dans la concision la plus efficace possible… On ne compte même plus les défauts d’un film qui est sur le fond, une authentique purge effroyable de nullité cinématographique. Mais… Parce qu’il y a un mais. Ce qui le sauve des abysses du nanardesque, devenant finalement sa force motrice, son principal argument de vente et son élément de singularité dans un paysage du genre surchargé, c’est de loin cet humour « trash » et impertinent compensant la médiocrité esthétique de l’ensemble en équilibrant la balance avec une hilarité générale qui fait la blague et redresse le cap du métrage vers le bon sens. Même s’il est un peu trop surexploité, glissant parfois vers le forcé ridiculement poussif (en même temps, mieux vaut trop que pas assez), son efficacité donne au film de Paul Feig une certaine fraîcheur agréable reléguant les défauts au second plan pour privilégier l’essentiel à savoir qu’on se marre. Les dialogues des Flingueuses misent à outrance sur l’exploitation de son choix d’un comique bien gras et vulgaire et en résulte à la surprise générale, un amoncellement de scènes franchement débridées et tordantes jouant pour la plupart soit sur la relation d’opposition entre les deux personnages principaux, soit sur les envolées verbales fleuries sortant de la bouche d’une Melissa McCarthy qui joue bien son rôle avec un maximum d’exagération assumée. Les Flingueuses a certes tendance à trop forcer le trait au point d’en devenir parfois balourd et saoulant, mais force est d’avouer que les dégâts d’un film qui ne donnait franchement pas envie sur le papier, sont considérablement limités. Dialogues trash, cul, hyper-grossiers, vannes à la louche bien senties et pas piquées de vers, gags débiles mais qui fonctionnent, Les Flingueuses fait mouche malgré sa longueur un poil excessive (1h57) et sa stupidité narratives. Attention, on n’ira pas jusqu’à affirmer qu’on tient là une incontournable comédie à voir impérativement, mais pour être honnête, l’affaire de Paul Feig est suffisamment distrayante et truffée de gags idiots mais drôles, de répliques efficaces pour le travail des zygomatiques et de dérives impertinentes défiant la gentille morale policée.
Autant Les Flingueuses est un mauvais moment de cinéma, autant il est un bon moment de franche rigolade à condition de bien vouloir accepter de se laisser entraîner dans cette ânerie qualitativement exécrable mais généreuse en humour, dans laquelle on se surprend à rire après avoir essayé de se contenir quelques minutes pour ne pas à avoir à dire : « oui, j’ai ri comme une baleine devant un Sandra Bullock ». La réalité est que c’est peut-être son meilleur film, du moins pour les gags et la rigolade déjantée, même si tout y est très attendu. En somme, ne pas y aller pour l’histoire, le suspens ou les qualités cinématographiques sonne comme une évidence. Par contre, pour le reste… Ces gentils messieurs de la commission de censure américaine n’ont toujours pas dû s’en remettre et les « ça me brise les ovaires » à répétition doivent encore résonner dans leurs têtes ! Les Flingueuses n’est pas le film de l’année, mais si vous passez devant un cinoche, si vous avez raté les autres séances, si vous vous faites royalement chi** chez vous, si contrairement à nous vous adorez Sandra Bullock ou si tout simplement vous avez le rire facile et un grand besoin de vous détendre un peu, alors oui, tentez le coup. Car ce carton au box office américain est vraiment drôle et devrait arriver à dérider même les plus blasés. Enfin, on l’espère car pour notre part, c’était pas gagné et on se préparait d’avance à tirer à boulets rouges sur la chose. Et parce qu’il ne faut jamais dire « fontaine, je ne boirais pas de ton eau », on se doit de l’avouer, on s’est laissé prendre par cette mascarade quelque part entre le médiocre et l’hilarant, réussissant le plus important (et le plus difficile) pour une comédie : être drôle. Dernier conseil avisé, privilégiez la VO car les voix de la VF sont au-delà des limites du supportable.
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