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BABYGIRL de Halina Reijn : la critique du film

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Nom : Babygirl
Mère : Halina Reijn
Date de naissance : 15 janvier 2025
Type : sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h48 / Poids : NC
Genre : Thriller, Erotisme

Livret de Famille : Nicole KidmanHarris DickinsonAntonio Banderas

Signes particuliers : « Éprouvantable »

Synopsis : Romy, PDG d’une grande entreprise, a tout pour être heureuse : un mari aimant, deux filles épanouies et une carrière réussie. Mais un jour, elle rencontre un jeune stagiaire dans la société qu’elle dirige à New York. Elle entame avec lui une liaison torride, quitte à tout risquer pour réaliser ses fantasmes les plus enfouis…

L’EMPIRE DES SENS

NOTRE AVIS SUR BABYGIRL

Remarquée en 2022 avec le film d’horreur Bodies Bodies Bodies, la réalisatrice néerlandaise Halina Reijn passe à tout autre chose avec Babygirl, un thriller dramatique sulfureux porté par une Nicole Kidman récompensée du prix de la meilleure interprétation féminine à la dernière Mostra de Venise. Mérité à titre individuel au regard de sa performance courageuse qui vient s’inscrire dans une continuité audacieuse et de mise en danger après Eye Wide Shut ou Paperboy. Mais sa prestation saluée est l’arbre qui cache la forêt. Car malgré ses velléités de film progressiste post #MeToo participant à l’élan féministe actuel, Babygirl est un film qui évolue sur le fil du rasoir entre le mal-aimable et le détestable.
D’un film d’horreur à un film horrible, voilà la trajectoire de Halina Reijn. Thriller érotique aux allures de version choc et pseudo-auteuriste de 50 Nuances de Grey, Babygirl porte des thématiques fortes sur le désir féminin et les rapports de pouvoir. Mais la cinéaste les noie littéralement dans un discours lourdingue porté par une morale dénuée de toute subtilité. Il n’y avait que ça à dire sur le sujet en 2024 ? Audrey Diwan vient de prouver que non avec sa réappropriation d’Emmanuelle.
L’idée d’Halina Reijn était de centrer son film sur une femme écrasée par la pression familiale et sociale. Parce qu’elle est une mère qui doit tenir son rang, parce qu’elle est une cheffe d’entreprise qui doit entretenir sa position dominante et sa respectabilité, parce qu’elle est une épouse qui doit ménager son couple. Romy étouffe, Romy voudrait lâcher prise, Romy voudrait avoir le droit de s’avilir. Romy domine et aimerait être dominée si ça lui chante. L’occasion lui en sera donnée par un jeune stagiaire qui va faire déraper sa vie organisée et la libérer de ses chaînes. Comme une chienne qui se libère de sa laisse qui la tient et qui se laisser dompter par qui elle veut. La métaphore est grossière, n’est-ce pas ? C’est pourtant bien celle que nous donne à avoir (réellement – pas de blague) Halima Reijn. Véritable torture qui tourne en rond sur elle-même en répétant les mêmes idées et les mêmes motifs, Babygirl n’a de cesse de descendre de plus en plus bas jusqu’à toucher le fond avec cette métaphore imageant si peu subtilement ce que l’on avait tous très bien compris depuis longtemps.
Sous l’œil d’une caméra pseudo-frondeuse, Nicole Kidman donne. Beaucoup. Presque trop parfois. Mais son étourdissante prestation pleine d’engagement alors que trop rares sont les occasions de jouer ce type de personnages pour les femmes de plus de 50 ans (généralement invisibilisées au cinéma) est gâchée par un film qui ne parvient jamais à tenir sur le mince filin où il évolue. Trop souvent, Babygirl tombe et s’égratigne dans le grotesque. Comme ces fameuses scènes érotiques caricaturales. Comme la gestion du mari (un touchant Antonio Banderas) qui part lire la bible pour atténuer son chagrin (pitié !). Comme ce stagiaire troublant auquel on ne croit jamais.
De toute évidence, Babygirl se croit très intelligent. L’est-il vraiment ? On repense à Eye Wide Shut, on repense à La Secrétaire de Steven Shainberg, on repense au récent Emmanuelle… Et le film d’apparaître comme une bafouille désordonnée aussi complexe qu’un dessin d’enfant de maternelle. Une femme qui a l’habitude de dominer (dans son foyer comme à son travail) voudrait qu’on la domine un peu pour changer. Quitte à se répéter, c’est vraiment tout ce qu’il reste à dire du désir féminin en 2024 ? Visiblement il est de bon ton de dire que c’est génial. Ok. Sauf que ce n’est pas parce que c’est plus (faussement) cru, subservif ou pseudo impertinent, que le propos dépasse le ras du sol où reposent en paix les âneries comme Fifty Shades.

 

 

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