[Note spectateurs]
Carte d’identité :
Nom : Ready Player One
Père : Steven Spielberg
Date de naissance : 2018
Majorité : 08 août 2018
Type : Sortie Blu-ray/DVD
Nationalité : USA
Taille : 2h20 / Poids : NC
Genre : SF
Livret de famille : Tye Sheridan, Olivia Cooke, Ben Mendelsohn, Lena Whaite, Simon Pegg, Mark Rylance…
Signes particuliers : Un film de science-fiction bourré de fulgurances… et de petits défauts.
STEVEN SPIELBERG IMAGINE LE MONDE EN 2045
LA CRITIQUE DE READY PLAYER ONE
Résumé : 2045. Le monde est au bord du chaos. Les êtres humains se réfugient dans l’OASIS, univers virtuel mis au point par le brillant et excentrique James Halliday. Avant de disparaître, celui-ci a décidé de léguer son immense fortune à quiconque découvrira l’œuf de Pâques numérique qu’il a pris soin de dissimuler dans l’OASIS. L’appât du gain provoque une compétition planétaire. Mais lorsqu’un jeune garçon, Wade Watts, qui n’a pourtant pas le profil d’un héros, décide de participer à la chasse au trésor, il est plongé dans un monde parallèle à la fois mystérieux et inquiétant…
À peine sorti de la tournée promo de son salué Pentagon Papers qu’il aura mené jusqu’aux Oscars, Steven Spielberg était déjà de retour avec son second long-métrage de l’année, le très attendu Ready Player One. Et en parlant de retour, cette ambitieuse adaptation d’un roman homonyme d’Ernest Cline marque également le grand comeback de papa à la science-fiction, treize ans après La Guerre des Mondes. À 72 ans bien sonnés, Spielberg montre qu’il est encore plus moderne et dans le coup que bien des cinéastes actuels. Objet geek par excellence et fier défenseur des couleurs de la pop culture, Ready Player One embarque le spectateur dans un univers partagé entre une triste réalité dystopique et une évasion pop-rock dans un imaginaire de jeu vidéo 3.0. à base de réalité virtuelle, distraction perçue comme un échappatoire au spleen d’un monde futuriste chaotique. Directement ou indirectement, le concept a souvent exploité au cinéma (de Matrix à Avalon en passant par le plus récent Virtual Révolution, Tron ou Passé Virtuel) mais Spielberg le remodèle pour livrer une curiosité excitée, Ready Player One s’offrant au public comme un pur ofni complètement délirant et dénué d’autres limites que celles qu’il entend s’imposer à lui-même. Tout est permis dans le surnommé RPO et c’est ce qui va en faire toute la saveur !
Dès son introduction au son du Jump de Van Halen, Ready Player One annonce la couleur. Le film sera une grosse distraction cool et débridée, une sorte de gigantesque madeleine de Proust caressant la culture eighties chère aux nombreux geeks que nous sommes. D’entrée dynamique et trépidant, Ready Player One s’annonce surtout aventureux, coloré, complètement fou et immersif dans un univers fourmillant d’idées, de détails, de références et d’infinies possibilités. Puis vient très vite son premier morceau de bravoure, une course de bagnoles virtuelle absolument démente. C’est bien simple, il y a plus de cinéma en 5 minutes de Ready Player One, qu’en une filmographie entière de bien des tâcherons hollywoodiens. Pour ouvrir son bal pensé dans l’extraordinaire et le fabuleusement ludique, Ready Player One nous offre un petit monument de cinéma à travers un grand moment de cinéma. Jubilatoire.
POUR. Et Ready Player One de s’aligner sur son entame tonitruante sans jamais lâcher la rampe d’un rythme fonçant à toute berzingue dans son univers artificiel incroyablement dense et magique. Fascinant d’audace et de créativité, le film de Steven Spielberg est une claque ahurissante doublée d’une déclaration d’amour au cinéma venue de l’un de ses plus nobles représentants, et d’une autre déclaration au monde du jeu vidéo, dont il reprend la construction, la méthodologie et les codes sans jamais sombrer dans les défauts des habituelles adaptations car il le fait avec une approche intelligente et hautement cinématographique. Énorme kiff pour tous les amateurs de pop-culture alors qu’il aligne les références ciné, BD ou jeu vidéo, Ready Player One régale, captive, amuse, électrise, misant sur un production design maîtrisé, sur une B.O géniale, sur un récit mené tambour battant et sur une mise en scène hallucinante d’inventivité et de virtuosité (la séquence hommage à « Shining » est instantanément culte). Pourtant, Spielberg se frotte à ce que beaucoup de ses confrères font dans le Hollywood actuel. Une débauche de SFX, un montage très découpé, une narration qui va vite, peu de répit dans le rythme et beaucoup d’action à l’image. Mais quand le maître entre en piste pour donner la leçon, les élèves se taisent et apprennent. En l’occurrence, Spielberg réussit là où d’autres échouent, transformant en qualités ce qui généralement s’abîme en défauts.
Spectaculaire et effervescent, Ready Player One devient vite la grande aventure qu’il espérait faire vivre, emmené par un Spielberg au top de sa forme qui s’éclate (et nous éclate) à jouer avec la pop culture. Des clins d’œil et références, on pourrait en dénicher 5 à 10 à la minute tellement Ready Player One en est bourré. Certaines sont évidentes et très visibles, d’autres plus discrètes voire bien cachées. De même, certaines sont faciles et immanquables (la DeLorean ou quantité d’apparitions comme Batman, Freddy, Jason, King Kong et on en passe), d’autres extrêmement pointues et réservées aux plus fins connaisseurs (des affiches au deuxième voire troisième plan, des motifs ou bruitages évocateurs ou la tirade sur John Hugues). Ready Player One, un film uniquement pour geek qui étale sa culture juste pour se montrer ? Non. C’est même là l’un des nombreux traits de génie de Spielberg, qui ne fait jamais dans la gratuité référentielle car toutes sont cohérentes avec l’univers. Ainsi, inutile de les appuyer au marqueur pour s’abaisser au pur fan-service crapuleux, elles existent, certains s’amuseront à les dénicher en prenant le film à la fois comme une œuvre cinématographique et un grand jeu vidéoludique de chasse aux easter eggs, d’autres ne s’y intéresseront pas et se contenteront de vivre une formidable aventure de cinoche.
CONTRE. L’ennui, c’est que tout cela est bien fun mais avec une limite. Sur la longueur, d’autant qu’il s’étend sur près de 2h20, Ready Player One finit par souffrir un peu de sa propre densité. L’univers est très riche, le rythme frénétique, le cerveau est sans cesse sollicité par l’abondance des informations, effets, motifs et autres ruses ou clins d’œil à capter, et l’on en vient à fatiguer, à flirter avec le trop-plein, comme si l’on avait trop mangé dans un grand restaurant étoilé. Le surdécoupage excité et l’absence de temps mort accentuent cette sensation d’exténuation, laquelle commence à se manifester lorsque le film se met à tourner un peu en rond, se répétant lui-même comme son univers. Peut-être que Spielberg aurait gagné à jouer davantage la carte des allers-retours dans la réalité. Fou amoureux de son univers virtuel bourré de possibilités et de pistes à explorer, le cinéaste s’enferme un peu dans les murs de celui-ci, ce qui l’empêche d’exploiter parallèlement le potentiel de la réalité qu’il présente, un univers dystopique mélancolique que l’on aurait aimé voir davantage montré. Et Ready Player One de louper le coche du chef-d’œuvre absolu, faute d’une générosité débordante aussi extrême qu’excessive, et de quelques facilités scénaristiques aussi qui tranchent avec la complexité formelle de l’édifice. Une chose est sûre, des Ready Player One, il n’y en a pas des tonnes chaque année. La proposition est osée, limite radicale, et difficile de prédire le succès que rencontrera le film, tout comme l’éventail du public qu’il saura attirer.
LE TEST BLU-RAY DE READY PLAYER ONE
Un film aussi fou que Ready Player One demandait une édition aussi folle que lui. Et warner Bros l’a compris en soignant son bébé. Techniquement, l’image est juste démente, d’une qualité proche de la perfection. Il fallait bien cela pour aider le spectateur à s’immerger complètement dans le film et pour l’aider à y déceler les innombrables références qui bordent sa fantastique densité. netteté, piqué, étalonnage parfait et respect des couleurs sont au rendez-vous d’une galette somptueuse. Rien à reprocher aux pistes son, si ce n’est quelques menus détails remarquables seulement par les personnes équipés en Atmos, ce qui n’est finalement pas courant. Côté suppléments, Warner se devait de faire les choses bien. Et le studio a fait les choses bien avec près de deux heures de bonus… sur la version Blu-ray. Attention, le DVD n’offre qu’une petite featurette sur l’inspiration des années 80 au centre du film. décevant. Le Blu-ray en revanche, est une explosion de joie : Du making of, des entretiens avec toute l’équipe du film, un morceau de taille sur les effets spéciaux, un module sur le son, un autre sur la musique mené par une rencontre avec Alan Silvestri, et un sujet intitulé L’Excellente aventure d’Ernest et Tye où l’on retrouve l’auteur Ernest Kline et Tye Sheridan dans le garage du premier, pour une discussion sur leur collaboration avec Spielberg et la passion de Kline pour la culture eighties. Que du bonheur.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux