Mondo-mètre :
Carte d’identité :
Nom : Holy Rollers
Père : Kevin Asch
Livret de famille : Jesse Eisenberg (Sam Gold), Justin Bartha (Yosef), Ari Graynor (Rachel), Danny A. Abeckaser (Jackie), Q-Tip (Ephraïm), Mark Ivanor (Mendel), Elizabeth Marvel (Erika)…
Date de naissance : 2010
Nationalité : Etats-Unis
Taille/Poids : 1h29 – 1 million $
Signes particuliers (+) : La performance de Jesse Eisenberg. Le mélange des univers.
Signes particuliers (-) : Un film qui ne repose que sur le décalage des univers en présence. Inspiré d’une anecdote réelle transformée en thriller pauvre, la trame présente des coutures grossières et usités.
ARNAQUES, CRIMES ET SHABBAT
Résumé : Sam Gold, jeune juif orthodoxe issu d’un milieu très pratiquant, refuse la voie qui lui a été toute tracée par sa famille et accepte une proposition de son voisin Yosef. Il entre dans un important réseau de trafic de « médicaments » de la Hollande vers New York. Mais Sam n’est pas idiot et comprend vite que les dits médicaments sont en fait des pilules d’ecstasy. Attiré par l’appât du gain, des femmes et de tout un nouveau monde s’offrant à lui, Sam plonge dans le crime…
Inspiré de faits réels sur les prémices du trafic d’ecstasy dans les années 90 où de jeunes juifs orthodoxes étaient utilisés comme mules sans avoir réellement conscience de ce qu’ils transportaient, Jewish Connection (le jeu de mot n’est valable qu’en français puisque le titre en VO est Holy Rollers) emprunte la structure classique de bons nombre de films de trajectoire ascensionnelle précédent la déchéance avec ou sans rédemption à la clé, avec montée vers les sommets avant la chute inévitable. Un canevas de base de la plupart des films sur le crime et magnifié par le chef d’œuvre de De Palma, Scarface. Et si certains ont usé de cette structure très classique avec talent, si d’autres n’ont fait que la recycler maladroitement sans y apporter le moindre élément additionnel, elle reste en tout cas l’une des quelques trames privilégiées pour dépeindre les notions de succès foudroyant, d’envie et l’attirance pour les milieux riches brillant de mille feux où l’argent coule à flot mais aussi pour évoquer les histoires de trahisons, d’égoïsme cupide etc.
Dans le cas de Jewish Connection, l’utilisation de ce schéma narratif habituel trouve son originalité et, soyons honnêtes, le seul intérêt d’existence et marketing du film, dans sa transposition dans l’univers plus discret et intimiste des juifs new yorkais. Cette approche atypique, permet au cinéaste Kevin Asch de croiser convictions profondes et valeurs religieuses avec le crime organisé pour une confrontation idéologique et de principes diamétralement opposés. Ce angle permet ainsi, à l’inverse d’un Tony Montana dans Scarface, d’appuyer les problèmes de conscience d’un homme ayant grandi et évolué avec des valeurs qui à la fois le dérange dans son nouveau milieu et à la fois l’y pousse, y voyant presque une libération d’un carcan familial étouffant où toute sa vie à comme été décidé par avance sans vraiment que son avis ne soit pris en compte. Si la peinture du quartier juif avec ses coutumes et son mode de fonctionnement est plutôt bien vu et retranscris à l’image, en partie du au fait que le cinéaste, juif lui-même, connaisse et maîtrise cet environnement, Jewish Connection ne parvient pas pourtant çà s’imposer dans la cour des grands.
Sympathique petit thriller dont le seul intérêt réside dans la transposition d’un canevas éculé dans un milieu original et plus minimaliste, Jewish Connection ne développe jamais en profondeur les thématiques à sa disposition évoquées ci-dessus et se contente de les aborder de façon superficielle sans creuser vraiment au-delà. Ce sont les pressions familiales trop fortes qui finalement poussent Sam Gold dans la direction opposée à celle vers laquelle il était conduit etc. Autant d’explications sur les motivations du personnage qui manquent de profondeur au-delà de la simple exposition.
Finalement, c’est essentiellement pour son récit inspiré d’évènements réels que vaut ce Jewish Connection trop modeste et manquant de caractère pour prétendre à plus qu’à être une petite série B discrète. Honnête sans parvenir à se hisser, à se transcender plus haut que la simple originalité de son étonnante transposition éclairant sur des faits méconnus, Jewish aurait pu manque de consistance autant qu’il ne manque de caractère personnel. Reste la performance d’un Jesse Eisenberg qui a toujours cette faculté étonnante de systématiquement bonifier par seule présence, tout film dans lequel il se trouve.
Bande-annonce :
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