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SCREAM VI de Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett : la critique du film

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Spectateurs


Nom : Scream VI
Pères : Matt Bettinelli-Olpin, Tyler Gillett
Date de naissance : 2023
Majorité : 08 mars 2023
Type : sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 2h04 / Poids : NC
Genre : Thriller, Slasher, Horreur

Livret de Famille : Roger JacksonMelissa BarreraCourteney Cox, Jenna Ortega, Hayden Panettiere…

Signes particuliers : N’aurait-on pas un peu fait le tour du sujet ? 

Synopsis : Après avoir frappé à trois reprises à Woodsboro, après avoir terrorisé le campus de Windsor et les studios d’Hollywood, Ghostface a décidé de sévir dans Big Apple, mais dans une ville aussi grande que New-York personne ne vous entendra crier…

 

LES AVENTURES DE GHOSTFACE A NEW-YORK

NOTRE AVIS SUR SCREAM VI

Et la franchise de prendre une vilaine tournure. Jusqu’à présent, la décision avait été prise de ne pas essorer la saga pour qu’elle ait toujours quelque chose à dire en sous-texte de son jouissif festival slasheresque. Passée la trilogie originelle, Wes Craven avait attendu 11 ans avant de faire Scream 4. Derrière, il avait fallu patienter de nouveau onze ans avant d’avoir Scream V. Cet espacement permettait à la série de se ressourcer entre deux saillies et d’avoir à chaque fois un commentaire pertinent sur les codes de son temps. Mais Scream VI intervient un an à peine après son prédécesseur, avec le risque de voir la franchise tomber dans la pure exploitation commerciale. C’était craint, c’est arrivé.
Toujours réalisé par le duo Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett, Scream VI déplace son action à New-York. Un nouveau terrain de jeu, plus grand, plus dense, avec plus de possibilités. L’idée était excitante et augurait un peu d’originalité dans le traitement des carnages de Ghostface. Et si elle nourrit effectivement quelques bonnes séquences à fort effet horrifique, elle ne suffit malheureusement pas à compenser la dérive d’une saga qui est en train de se perdre dans ce qu’elle croit dénoncer. Il va peut-être falloir se faire une raison et admettre un jour… qu’on a un peu fait le tour du sujet Scream. Plus qu’aucun autre opus, Scream VI trahit le fait que la franchise tourne en rond, d’autant qu’elle n’a pas vriment de nouveaux terrains thématiques à explorer après le trop récent cinquième opus. Vidée d’une réelle substance méta pour asseoir son intrigue, il ne lui restait qu’à dérouler un programme de slasher moderne efficace. Et si efficacité il y a (indéniablement le film est rondement mené et jamais avare en spectacle horrifique), reste qu’il est probablement l’opus le plus cynique dans ce côté méta, aussi le plus écrit et le plus fabriqué selon les codes d’une recette. Scream VI s’amuse de la tournure des franchises à rallonge tout en faisant ce qu’il critique. Résultat, on ne jubile que peu face à la « mise en scène de l’état du cinéma horrifique actuel », pas plus qu’on ne jubile devant la nouvelle histoire racontée. Le précédent se tenait même s’il était un peu tiré par les cheveux (en même temps, ça fait un moment que c’est le cas). Scream V était malgré tout une très bonne surprise en dépit de l’absence de Wes Craven aux commandes. Le scénario imaginé à cheval entre passé et modernité était plutôt cohérent, la mise en scène bougrement efficace et les nombreux easter egg régalaient les fans de la première heure. Mais là, Scream VI ne parvient jamais à faire autre chose que reproduire la formule. Pire, il en devient presque prévisible.
La force des Scream a toujours été de nous mener en bateau en ouvrant mille pistes au point d’embrouiller le spectateur dans sa quête de l’identité du tueur. Parfois, on devinait juste. Parfois, on était à côté de la plaque. Le jeu. Mais Scream VI a ce problème de vouloir refaire le coup classique de l’énumération des règles du film d’horreur (pour aider les protagonistes et le spectateur dans ses recherches) tout en appuyant un peu trop sur les indices et pistes qu’il nous brandit sous le nez. Cette fois, le crédo répété est que le tueur sera forcément loin de ce à quoi on s’attend. Pas de bol, on l’a vu venir, et de loin justement. Peut-on imputer au film le fait d’avoir eu du flair une fois ? Bien évidemment que non. On peut aussi crier au coup de bol. Le problème est ailleurs. Il est dans cette écriture branlante et grossière qui trahit trop facilement ses failles, car après cinq films on a un peu compris la méthodologie. Mais admettons…

L’autre vrai souci (peut-être le plus gros) est que Scream VI cumule trop de choses risibles qui affaiblissent considérablement l’immersion dans le cauchemar partagé. Difficile de frémir de terreur quand on est occupé à pouffer de rire. Car entre des personnages d’une bêtise atterrante dont les actions sont systématiquement stupides, des twists complètement grotesques et une scène finale qui pousse involontairement au fou rire tant elle est couillonne, Scream VI donne pas mal de raisons de sourire, et achève de faire pencher la balance du côté de l’opus « plus faible ». Plus faible que le 5, plus faible que le 4, évidemment plus faible que le 1er et plus faible que le second. Reste le 3 éventuellement, qu’il peut tenter de tutoyer. Néanmoins, si l’on ne veut pas tout voir en noir, on dira que Scream VI est certes une petite déception, mais qu’il a au moins le mérite de fournir les marqueurs élémentaires. Du Ghostface à gogo, du rythme, des meurtres bien sauvages (c’est d’ailleurs assez gore pour un -12 ans), des passages obligés, plein de références aux précédents (dans les personnages, dans la B.O etc.) et l’imaginaire de la saga avec les p’its nouveaux et des anciens (en l’occurrence une Courtney Cox qui n’a plus que ça de toute manière pour exister comme le lui rappelle aimablement le film).

Au fond, Scream VI fait le job… à condition de ne pas lui réclamer une trop grosse exigence. Mais il laisse derrière lui, l’impression d’une redite du 5 dans un autre décor. On en revient alors à la question de depart : est-ce qu’on n’aurait pas un peu fait le tour du sujet ?

 

Par Nicolas Rieux

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