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PETITE NATURE de Samuel Theis : la critique du film

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Nom : Petite Nature
Père : Samuel Theis
Date de naissance : 2021
Majorité : 09 mars 2022
Type : sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h35 / Poids : NC
Genre : Drame

Livret de Famille : Aliocha Reinert , Antoine Reinartz , Mélissa Olexa…

Signes particuliers : Un miracle de cinéma.

Synopsis : Johnny a dix ans. Mais à son âge, il ne s’intéresse qu’aux histoires des adultes. Dans sa cité HLM en Lorraine, il observe avec curiosité la vie sentimentale agitée de sa jeune mère. Cette année, il intègre la classe de Monsieur Adamski, un jeune titulaire qui croit en lui et avec lequel il pousse la porte d’un nouveau monde.

PETITE NATURE, GRANDES EMOTIONS

NOTRE AVIS SUR PETITE NATURE

Que dire ? On reste sans voix. Pour son premier film en solo (huit ans après la coréalisation Party Girl), Samuel Theis signe un petit bijou, une perle délicatement posée dans un nid d’intelligence. L’histoire de l’éveil à la sexualité d’un enfant qui projette son désir sur un adulte était pourtant casse-gueule, périlleuse même. Beaucoup s’y seraient abîmés les dents en sombrant dans le sensationnalisme, le voyeurisme, le scabreux ou les trois. Mais Samuel Theis esquive tous les obstacles avec une grâce digne d’un ballet. Certes, les plus mesquins pourront toujours arguer que le sujet était presque un peu « facile ». Parlez de l’enfance maltraitée et la moitié du chemin vers l’émotionnel est déjà faite. Mais d’une part le cœur du sujet n’est pas là et d’autre part, il y a l’art et la manière. Et celle de Samuel Theis est brillante. Cette histoire d’un amour enfantin envers son professeur, le cinéaste n’en fait jamais un instant de malaise ou l’embouchure d’un film polémique. Au contraire, le cinéaste semble guidé par une conviction profonde en la sincérité de sa démarche, celle de présenter un enfant en mal de repères qui, du haut de son innocence, confond amour et besoin d’amour. En quête d’une main tendue pour échapper à un quotidien écrasant et un destin dans l’impasse, le petit Johnny trouve en son maître, la figure paternelle (et paternaliste) qu’il n’a pas. Mais parce qu’il n’a jamais eu les codes du monde qui l’entoure, parce qu’il n’a comme seul modèle une mère « compliquée », le gamin aux longs cheveux blonds est troublé par la rencontre avec une figure tutélaire salvatrice dont l’équilibre lui entrouvre les portes d’un monde jusqu’alors inconnu. Le revers de ses actes logiquement rejetés par son pourtant compréhensif professeur est d’autant plus déchirant que l’on comprend sa volonté, que l’on perçoit sa détresse, que l’on ressent son besoin. Et de se dire que le joli môme risque à l’avenir d’être d’autant plus isolé dans le drame de sa vie dont les murs se dessinent progressivement.

Avec une immense finesse, avec tact et sensibilité, Samuel Theis dresse le portrait d’une « petite nature » trop fragile pour l’existence qu’il est en train de vivre entre une mère instable et lunatique (tantôt aimante, tantôt intraitable), des responsabilités trop lourdes pour lui et un milieu social difficile. Cette « petite nature » est incarnée avec une puissance hallucinante par le tout jeune Aliocha Reinert, enfant magnétique qui vampirise l’écran comme un très très grand.

Par Nicolas Rieux

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