[Note spectateurs]
Carte d’identité :
Nom : Mademoiselle de Jonquières
Père : Emmanuel Mouret
Date de naissance : 2018
Majorité : 12 septembre 2018
Type : Sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h49 / Poids : NC
Genre : Drame
Livret de famille : Cécile de France, Edouard Baer, Alice Isaaz, Laure Calamy…
Signes particuliers : L’un des plus beaux films français de l’année.
LA LIAISON DANGEREUSE
LA CRITIQUE DE MADEMOISELLE DE JONQUIÈRES
Résumé : Madame de La Pommeraye, jeune veuve retirée du monde, cède à la cour du marquis des Arcis, libertin notoire. Après quelques années d’un bonheur sans faille, elle découvre que le marquis s’est lassé de leur union. Follement amoureuse et terriblement blessée, elle décide de se venger de lui avec la complicité de Mademoiselle de Joncquières et de sa mère…
Mademoiselle de Joncquières est le neuvième long-métrage du réalisateur Emmanuel Mouret et curieusement, son premier film en costumes. Pourtant, le style du metteur en scène et les thématiques qui ont toujours jalonné son cinéma en faisant le candidat parfait pour le registre, lui qui aime les histoires de marivaudages, de tromperies et autres badinages amoureux, lui qui aime autant Guitry que Woody Allen ou Rohmer, les trois influences lui ont toujours été prêtées. Avec Mademoiselle de Joncquières, adaptation d’un récit de Diderot, Emmanuel Mouret trouve le prolongement idéal à son cinéma de toujours, et signe sans doute son plus beau film.
Contrairement à Robert Bresson qui s’était déjà intéressé au même écrit il y a 73 ans en le transposant dans son époque (Les Dames du Bois de Boulogne), Emmanuel Mouret reste fidèle à l’ouvrage de Diderot et garde son contexte du 18e siècle. Un choix qui lui permet de sublimer l’étonnante modernité de l’histoire. En effet, trois siècles nous séparent du cadre de l’action de Mademoiselle de Jonquières et pourtant, les thématiques défendues par le récit sautent au visage par leur intemporalité. Le désir, les sentiments et leur déraison, le besoin de conquête, la tromperie affective, les blessures, aimer sans être aimé, la soif de vengeance de l’être humilié, les positions de l’homme joueur et de la femme trahie, le clivage entre les libertins et les romantiques, tout ce que raconte Mademoiselle de Jonquières est saisissant d’universalité et surtout de modernisme, et le fait de l’ancrer dans un film d’époque est comme un moyen de faire jaillir cette formidable intemporalité. Mouret ne va d’ailleurs pas s’en priver, et tout en respectant les codes du film d’époque, le cinéaste va laisser transpirer en filigrane cet état de fait qu’entre ce lointain 18e siècle et notre époque, les choses n’ont finalement que peu changé. L’histoire de Mademoiselle de Jonquières pourrait très bien être racontée au 18e siècle, en 2018 comme dans un postulat futuriste, qu’importe.
Derrière cette volonté qui dirige son entreprise, Emmanuel Mouret va ensuite s’appliquer à déjouer les travers du film en costumes. Et il va y parvenir avec un brio qui ne fera qu’un peu plus embellir sa formidable ritournelle tragique. Beaucoup tombent dans le piège de l’impossibilité de déroger à une mise en scène au classicisme statique pour illustrer un film d’époque, comme si le respect dû aux histoires d’un autre temps devait forcément se traduire par une conduite au maniérisme poussiéreux. Sans adopter non plus une démarche au style tranchant et anachronique façon Sofia Coppola pour son Marie-Antoinette, Emmanuel Mouret surprend par la vie qu’il parvient à insuffler tant à son film qu’à sa mise en scène à la fois classique, posée et soignée, mais dans le même temps dynamique et jamais ampoulée. Une antinomie artistique que le réalisateur maîtrise avec une grâce folle, renforçant encore un peu la fascination que l’on éprouve pour sa balade tragico-romanesque qui flirte avec Les Liaisons Dangereuses. Car il est impossible de ne pas penser au roman de Choderlos de Laclos avec son intrigante Madame de Merteuil qui manipule à tout-va pour appliquer ses plans. Comme elle, Madame de Pommeraye (Cécile de France) va échafauder un plan machiavélique pour se venger d’un homme qui lui a fait croire en son amour avant de la laisser blessée et humiliée, elle qui pourtant refusait auparavant les faiblesses de l’amour. Sauf que ce serait se tromper lourdement que de voir en ce Mademoiselle de Jonquières, une sorte de relecture des Liaisons dangereuses. Au fond, une différence majeure les oppose. Contrairement à De Laclos, il n’y a aucun cynisme chez les personnages de Diderot, aucun manichéisme, rien qui nous pousserait à les juger. Cette finesse psychologique est parfaitement restituée par Emmanuel Mouret dans son drame soyeux comme du lin, capable d’être aussi drôle qu’émouvant, et surtout magistralement porté par Cécile de France et Edouard Baer, dont le jeu tout en exquise éloquence maniérée est un pur régal pour les oreilles.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux
La seule erreur de distribution, Edouard Baer – pas assez grand, pas assez élégant, pas assez distingué. IL porte mal le costume du XVIIIème s., marche comme un homme du XXème, n’est pas coiffé/attifé/poudré, comme devrait l’être un marquis Des Acis.
En revanche, Cécile de France est parfaite: classe, grâce, élégance, costumes sans anachronisme.
De la grâce de l élégance de la beauté une diction impeccable moins scéniques que ses concurrents anglais mais plus frais moins ampoulé
Un sujet indémodable
Une Cécile de France juste magnifique
Voilà qui nous change des platitudes d un certain cinéma français où la diction n a plus aucune importance où le sujet n est que l adoration d une minorité sans intérêt acclamé par des journaleux médiocres
Bravo à ce cinéma français
Oui Baer est le seul personnage anachronique de ce casting, son naturel joueur de poker, à la Patrick Bruel, en cravate déstructurée comme son costume et sa dégaine sortie de bistrot avec des copains qui ne se connaissent pas mais sont potes avec ce même naturel.com ; roulage de mécaniques, très mec fin XX ème siècle ; quelques fautes de français dans cette belle langue qu’il « boule » comme on dit au théâtre (c’est de ça dont je vous parle)
Non c’est sans doute une marionnette pour les médias faute de monstres, on use du vulgaire
Faites lui jouer du Djian ou du d’Ormesson : il n’y a rien ; il le jouera très bien.
Ne confondez paz jouer dans une adaptation de Diderot et incarner ses propos !
Combien ont lu Les liaisons dangereuses… et ont pratique un peu les auteurs ; n parlons pas de ceux des lumières. Avec ce cinéma on est ébloui par des chandelles.
Si ça lui suffit…
Magnifique ! Grand moment de cinéma. La langue française somptueuse, les joutes oratoires, les acteurs parfaits.
Un grand moment de cinema d’Emmanuel Mouret avec un magnifique duo d’acteurs et des décors somptueux…
On attend avec impatience la prochaine production dans la même veine…
Merci..Merci..
un film d’une grande élégance, la mise en scène et la distribution sont tellement justes, c’est un moment de pur bonheur et d’intelligence.