Carte d’identité :
Nom : Öndög
Père : Quanan Wang
Date de naissance : 2019
Majorité : Prochainement
Type : sortie en salles
Nationalité : Mongolie
Taille : 1h40 / Poids : NC
Genre : Comédie dramatique
Livret de famille : Dulamjav Enkhtaivan, Aorigeletu, Gangtemuer Arild…
Signes particuliers : Splendide, magnétique, mais inégal aussi.
UNE HISTOIRE AUX CONFINS DE LA MONGOLIE
NOTRE AVIS SUR LA FEMME DES STEPPES, LE FLIC ET L’ŒUF
Synopsis : Le corps d’une femme est retrouvé au milieu de la steppe mongole. Un policier novice est désigné pour monter la garde sur les lieux du crime. Dans cette région sauvage, une jeune bergère, malicieuse et indépendante, vient l’aider à se protéger du froid et des loups. Le lendemain matin, l’enquête suit son cours, la bergère retourne à sa vie libre mais quelque chose aura changé.
Non, La Femme des Steppes, le Flic et L’œuf n’est pas le résultat d’une partie intense de Kamoulox, mais le titre d’un film mongol qui avait concouru à la dernière Berlinale sans toutefois séduire complètement le jury puisqu’il en était reparti bredouille. Pourtant, cette nouvelle œuvre du chinois Quanan Wang (La Tisseuse, Apart Together) ne manque pas de qualités mais elles sont dissoutes dans un ensemble inégal. Dans La Femme des Steppes, le Flic et L’œuf, il est question d’un corps retrouvé nu au milieu de la Steppe mongole, d’un jeune policier affecté à sa surveillance le temps que les renforts viennent, et d’une bergère indépendante habituée des lieux qui vient aider le « bleu » à tenir la nuit entre le froid et les loups. On a la femme des steppes, on a le flic et pour ce qui est de l’œuf, c’est à voir plus tard dans l’histoire mais on ne va pas tout vous raconter quand même…
La Femme des Steppes, le Flic et L’œuf est un vrai film pour cinéphiles purs et durs, du genre qui réclame de s’accrocher un peu pour supporter les plus longs plans fixes de l’histoire du plan fixe, avec une utilité franchement douteuse tant on aimerait parfois crier au réalisateur « Allez sors ! Vite, sors, sors ! Mais sooooooors !! » comme si l’on était en pleine épreuve de Fort Boyard, stressé par le sablier qui s’écoule. Oui, Quanan Wang aime poser ses images, les faire durer, il aime filmer le temps et la notion du temps qui s’écoule à un rythme différent dans ces immenses contrées isolées. Surtout, le cinéaste semble avoir envie de repenser le cinéma moderne où « efficacité » et « utilité » sont être devenus les maîtres-mots dictant la norme d’une mise en scène. A la question de si ces interminables plans fixes sont utiles, la réponse pourrait être finalement oui. Quanan Wang aborde et pense le cinéma juste autrement, il filme ce que tout le monde aurait coupé, il montre ce que tout le monde aurait jeté, ces moments d’attente, ces interstices, ces fins de scènes qui n’ont plus le droit d’exister sacrifiées sur l’autel du sacro-saint « rythme ». De cette langueur créée par cette mise en scène abandonnée à une quiétude immuable, naît une forme de poésie enivrante qui vient épouser la splendeur formelle de l’œuvre, l’autre point fort de La Femme des Steppes, le Flic et L’œuf.
Cadrage d’une perfection sidérante, profondeur de champ qui par moments semblerait presque infinie, paysages mongols sublimés, parfum d’ailleurs et d’autrement, atmosphère de douce folie et rythme hors du temps, La Femme des Steppes, le Flic et L’œuf serait presque une oxymore cinématographique, une expérience que l’on pourrait qualifier de « calmement intense » où l’histoire déroute autant que fascine le cadre, cette immense Steppe filmée avec un fabuleux naturalisme enamouré qui lui injecte beaucoup de puissance. Malheureusement, l’entreprise de séduction magnétique ne va durer qu’un temps. Non pas que la langueur va finir par grignoter notre patience, mais le film de Quanan Wang va perdre de sa force dans une seconde partie plus décousue et narrativement moins intéressante, où il s’égare après avoir captivé et semble ne plus trop savoir ce qu’il raconte ou racontait au départ.
BANDE-ANNONCE : Prochainement
Par Nicolas Rieux