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RENCONTRE AVEC LE RÉALISATEUR STEPHEN DALDRY POUR « FAVELAS »

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Nous avons eu la chance de nous entretenir avec le réalisateur anglais Stephen Daldry (Billy Elliot, The Hours, Extrêmement Fort et Incroyablement Près), de passage à Paris pour la promotion de son nouveau long-métrage, Favelas. Adapté d’un roman anglais, Favelas narre l’histoire étonnante de trois gamins embarqués dans une folle aventure sur fond de corruption de la police et du pouvoir (lire notre critique du film ici). Le scénario a été coécrit par le cinéaste Richard Curtis (Quatre Mariage et Un Enterrement, Love Actually, Good Morning England)photo[1]

Comment avez-vous pris part à ce projet ?

Je suis impliqué dessus depuis plusieurs années. J’avais reçu le livre, Richard Curtis aussi. Il avait été écrit par une institutrice anglaise qui avait passé beaucoup de temps au Brésil pour y enseigner et notre premier voyage là-bas remonte à trois ou quatre ans. L’histoire est une fable. Bien sûr, c’est aussi un récit d’aventure mais c’est avant tout une fable. Et quand on était au Brésil, on s’est senti connecté à une sorte d’incroyable optimisme, d’espoir, malgré les conditions terribles dans lesquelles certaines personnes vivent. Malgré ça, il y avait vraiment ce sentiment d’espoir qui se dégageait de ce pays et qui affectait cette histoire que portent littéralement les enfants. On a donc commencé à travailler avec des enfants, on a fait des auditions… L’avantage, c’est qu’on a collaboré sur place avec Fernando Mireilles, qui nous a aidé à travailler avec une vraie structure autour de nous. Surtout que les enfants du film n’ont jamais joué la comédie avant. Et on voulait raconter cette histoire à travers leur regard, c’est ce qu’on a fait.

Généralement, les réalisateurs n’aiment pas trop les comparaisons mais je vais en tenter une. Qu’en pensez-vous si l’on définit votre film comme une sorte de croisement entre Slumdog Millionaire et La Citée de Dieu, justement de Fernando Mireilles ?

Vous avez raison, on n’aime pas entendre ce genre de choses ! Je n’y ai pas trop pensé en le faisant. C’est un film qui raconte une aventure complètement improbable pour de si jeunes personnes. On a essayé avant tout de capter les rêves et l’humeur de ces enfants et au Brésil, le film a été perçu comme une comédie. Les enfants y sont très drôles, la façon dont ils parlent, la façon dont ils sont. Donc c’est vraiment une comédie malgré l’horrible situation, le contexte et l’histoire qu’ils vivent.favelas

Vous avez fait des films très différents jusqu’ici. Celui-ci a été un challenge ?

Oui, ça a été un vrai challenge.

Comment avez-vous trouvé ces enfants ?

On a passé beaucoup de temps sur place, dans différentes communautés. On n’a pas cherché des enfants qui correspondaient vraiment à ceux du livre. On a essayé de chercher des enfants intéressants. Mais au final, les enfants vraiment intéressants ressortent toujours du lot. En tout cas, ça a été un processus assez long.

Comment en êtes-vous arrivé au choix de Rooney Mara et Martin Sheen, pour les rôles secondaires ?

Déjà parce que ce sont de grands acteurs. Mais en plus, Martin Sheen a pu nous faire profiter de son expérience de ce genre d’endroits. Quand il a eu fini Apocalypse Now, il a passé beaucoup de temps dans les environs très pauvres des Philippines. C’est un catholique très engagé qui a vécu énormément d’expériences et il a été un choix plein de sens. Rooney Mara, elle, a passé pas mal de temps dans les environs de Nairobi. Elle avait aussi sa propre expérience de l’enseignement, et de la vie au milieu de populations très pauvres (elle a fait partie d’une organisation humanitaire – ndlr). Donc, d’une certaine manière, c’était facile pour moi car j’avais la somme de toutes ces expériences pour raconter cette histoire.Rooney-Mara favelas

Le ton du film est très particulier parce que c’est un film assez dur et dans le même temps, c’est un vrai feel good movie avec beaucoup d’énergie et de positivisme. Comment avez-vous fait pour équilibrer la balance entre ces tonalités, la dureté, la comédie, le récit d’aventure ?

C’est une bonne question. Le film est une fable. C’est une histoire improbable. Et en travaillant dessus avec les enfants, on était sans cesse soucieux de voir comment ils répondaient à elle, comment ils réagiraient dans de telles circonstances. Au centre du film, il y a la question de la justice, de la moralité, ce qui est juste et ce qui est mal. Et tout venait d’eux. Ils se sont appropriés ce sens de l’amitié, de la foi en Dieu, etc… Et au final, ils ont complètement affectés l’histoire, son énergie, son message d’espoir, son humeur par rapport à la situation malgré les terribles circonstances qu’ils connaissent. Et j’aime vraiment le résultat de ce mélange des genres. Comme je vous le disais, au Brésil, le film est vu comme une comédie. Nous, on pourrait se dire « oh mon dieu, quelles conditions de vies horribles ». Mais ce n’est pas un documentaire ou un film politique, en tout cas. C’était très clair au début du tournage.

Avez-vous tourné dans des décors réels ? Les favelas ou ce site incroyable de la décharge…

On a tourné tout autour de la ville (Rio de Janeiro – ndlr). Par contre, on a dû construire le site de la décharge pour des questions légales et pour des raisons sanitaires et de sécurité. Il y aurait trop de risques de contaminations, avec des déchets toxiques etc…favelas

Le film réunit pas mal d’acteurs tous très différents. Quelle a été l’ambiance sur le plateau ?

Encore une fois, l’atmosphère du plateau a été dictée par les enfants. Ils avaient une telle énergie incroyable, un peu chaotique aussi, mais elle contaminait le tournage et on s’est servi de ce chaos. Mais sinon, on avait une super équipe et j’ai vraiment aimé le temps passé avec elle.

C’est amusant parce que vous parlez avec beaucoup de tendresse de ces enfants. Pourtant, généralement, les réalisateurs ont souvent un peu peur de tourner avec des enfants…

Je pense que l’avantage de ce film et la distribution que l’on avait, c’est que tout reposait sur les enfants, rien n’avait de sens sans eux. Donc, on a vraiment libéré les enfants, on ne leur disait pas quoi faire mais on s’adaptait à eux. Et c’était très fun. Et je ne parle pas seulement de ce qui était bien pour eux dans l’histoire mais aussi sur le tournage au jour le jour. De toute façon, si vous voulez que les enfants vous donnent quelque-chose, c’est mieux de ne pas leur dire quoi faire.FavelasVous prenez beaucoup de temps entre chaque film. Vous attendez à chaque fois d’avoir un vrai feeling avec un script ? Quel est le déclencheur pour que vous vous lanciez dans un nouveau projet ?

Vous savez, un film représente plusieurs années de votre vie. Et je ne suis pas un réalisateur qui aime enchaîner les films les uns derrière les autres. Je fais des films parce que le sujet m’intéresse et m’importe. Pour ce film là, j’avais envie de faire un film d’aventure et il fallait passer beaucoup de temps au Brésil. C’était une bonne combinaison. En plus, l’histoire et ce pays dégageaient une telle énergie communicatrice, un tel sentiment d’espoir, que cela tranchait vraiment avec le pays d’où je viens, l’Angleterre, où l’on ressent la pression, la colère, le désespoir… Le Brésil était un bel endroit pour passer quelques années de ma vie. Et la direction que va prendre le film est ce qu’il y a de plus important pour moi. Est-ce que cela va marcher ou pas ? Puis il y a les circonstances dans lesquelles vous allez faire le film. Dans le cas précis de Favelas, les enfants et le Brésil ont été les principaux moteurs pour que je le fasse. Il y a beaucoup de bonnes idées dans le monde, beaucoup de raisons pour lesquelles vous allez aimer les choses. Mais vous savez qu’en faisant un film, vous allez y passer plusieurs années. Ici, c’était vraiment les enfants qui m’ont donné envie.

Quel sera votre prochain projet ?

J’avais fait une pièce de théâtre l’an passé, écrite par Peter Morgan. Elle a été ensuite jouée à Broadway. Et là, on va la développer sous forme de série télévisée. Ca va s’appeler The Crown (sur la vie de la Reine Elizabeth II – ndlr).

Bande-annonce de Favelas :

Merci à Stephen Daldry, Universal Pictures, Florence, Dora et Sylvie.

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