Mondo-mètre :
Carte d’identité :
Nom : Clash of the Titans 2 Warth of the Titans
Parents : Jonathan Liebesman
Livret de famille : Sam Worthington, Liam Neeson, Ralph Fiennes, Edgar Ramirez, Toby Kebbell, Rosamund Pike, Bill Nighy, Danny Huston, John Bell…
Date de naissance : 2012
Nationalité : États-Unis
Taille/Poids : 1h39 – 150 millions $
Signes particuliers (+) : Quelques fulgurances visuelles aussi belles et inspirées que brèves.
Signes particuliers (-) : Nul. Bête à manger du foin. Rien d’appris sur les cendres du désastre du premier. Une surenchère numérique permanente dans la démonstration de la maîtrise des SFX. Inutile. Une 3D à chier.
LA BÊTISE DES TITANS
Résumé : Plusieurs années après avoir vaincu le Kraken, Persée vit désormais de la pêche avec son fils Hélios. Il va pourtant être obligé de reprendre les armes et de repartir au combat alors qu’une guerre fratricide se trame au royaume des dieux…
Deux ans après le naufrage artistique du très critiqué Le Choc des Titans par le français Louis Leterrier, sabré au montage et amputé d’une demi-heure avant de sortir dans une version médiocre et d’un ennui mortel, s’appuyant sur un script déplorable sacrifiant ses valeurs en oubliant toute notion d’épique, de mythologie et de trajectoire fantastique et initiatique des personnages, les exécutifs de la Warner Bros lancent la production d’un second volet consécutif à l’étonnant succès commercial d’un premier pourtant en inadéquation totale avec les retours bien négatifs d’un public affligé par tant de nullité. Mais au royaume de la finance hollywoodienne, un projet à 125 millions de dollars en rapportant près de 500, mérite amplement de se voir complété d’une séquelle dans ce qui semble tout droit se diriger vers une trilogie évidente. Après Leterrier, c’est au nouveau chouchou prometteur d’Hollywood, Jonathan Liebesman, qu’est confié cette suite. Le cinéaste, qui a prouvé récemment qu’il était tout à fait capable de diriger d’impressionnantes fresques spectaculaires à gros budget avec son film de guerre science-fictionnel World Invasion : Battle Los Angeles, n’en est pas à son premier exercice dans le registre de la séquelle puisqu’il avait signé en 2006, l’honnête préquelle du revival de Massacre à la Tronçonneuse. Mais Liebesman se retrouve surtout avec une forte pression sur les épaules, devant rehausser le niveau après le piètre premier volet qui a provoquer non pas la colère des Titans mais celle des fans de mythologie grecque, dépité devant un métrage sans saveur, sans souffle et d’une totale indigence aussi bien scénaristique que dans la générosité du spectacle proposé. Prudente, la maison Warner ne lui alloue que le même budget que pour son prédécesseur avec comme mot d’ordre de faire mieux et plus intense, en corrigeant les défauts constatés sur le premier volume.
Liebesman part dans la bonne direction, semble t-il. De l’aveu du cinéaste, il souhaite que son film se réclame davantage d’un Gladiator de Ridley Scott, exaltante épopée épique foisonnante, dans un univers grandiose et rendant justice à toute la richesse de la mythologie grecque. Mais les problèmes vont survenir assez rapidement avec une nouvelle polémique autour de l’utilisation de la 3D à la mode. Alors que le premier avait été converti à l’arrachée en post-production pour un résultat honteux, cette séquelle est d’abord annoncée comme tournée entièrement en 3D avant une machine arrière radicale. Le film sera, comme son prédécesseur, converti après tournage. Ou comment ne pas retenir la leçon de ses erreurs…
Visiblement, Jonathan Liebesman a décidé de corriger un grand nombre de points négatifs du premier volume. Trop chiant, trop peu généreux, à l’arc narratif mal exploité, le premier volet de Leterrier manquait cruellement de beaucoup de choses pour en faire le spectacle dantesque espéré. Liebesman part donc dans la direction opposée. Sauf qu’au lieu de rechercher un certain équilibre idéal mais si difficile à trouver, entre ode au dépassement de soi dans une destinée incroyable et combats épiques bluffants, le cinéaste vire complètement de bord et vient placer son film à l’autre extrême de son « rival ». D’un film morne et peu emballant oubliant de se vouloir intelligemment spectaculaire, on se retrouve cette fois-ci avec une œuvre dopée aux SFX incessants, enchaînant scène d’action sur scène d’action avec une boulimie fatigante voire exténuante pour un spectateur qui, au lieu d’être scotché dans son fauteuil, est tout simplement assommé et abasourdi par un film d’action informe zappant complètement de se doter d’un scénario en dehors de son principe de départ d’une guerre et rébellion au Royaume des dieux. Enorme gloubiboulga sans âme, La Colère des Titans délaissent ses personnages, oublie de se ménager des moments intimistes construisant une histoire dramatique au sein de ceux de bravoure et devient un actionner en perpétuel mouvement, ballotant en permanence son auditoire, secoué entre effets visuels démesurés et régurgité en masse et action tonitruante mal dosée et soûlante. Les 1h39 du film se vivent alors comme deux longues heures épuisantes où l’on cherche à nous en mettre plein la figure sans jamais octroyer à un scénario linéaire, des moments de vie faisant exister des personnages d’une terrible fadeur, noyés dans un univers se préoccupant plus de restituer la générosité absente du premier que de soigner son aventure.
Malgré quelques plans visuellement superbes et bien conçus ou imaginés (le labyrinthe en mouvement, l’apparition de la créature finale, les guerriers tri-corps massacreurs) La Colère des Titans est un bide à la hauteur du film dont il prend la suite mais pour d’autres raisons, pour des raisons diamétralement opposées. D’un triste spectacle peu palpitant conférant au ridicule chez Leterrier, on passe à une surenchère en forme d’overdose chez Liebesman pour un blockbuster tout aussi dénué de souffle épique, la faute à justement trop vouloir le rechercher mais dans la mauvaise direction. Il serait temps de comprendre une bonne fois pour toute qu’action démesurée ne rime pas forcément avec œuvre épique puissante. Le récent et modeste Chronicle de Josh Trank, dans un tout autre genre, en était l’exemple parfait. Dans cet amas sans âme laissant plus penser à un énième film d’action sans saveur, on ne retrouve à aucun moment la richesse d’une mythologie grecque décidément sérieusement malmenée au cinéma, si ce n’est récemment avec le fabuleux The Immortals de Tarsem Singh. C’est certainement pas avec un Persée interprété de façon fadasse par Sam Worthington, ni même avec une brochette de personnages secondaires tout aussi nullement écrite (même si la sexy Rosamund Pike/Andromède porte bien son armure moulante) que dans le premier volet et encore moins avec ses dieux minables habillés comme des souillons et affublés de barbes en paille qui impressionnent pas grand monde.
La mythologie grecque est non pas assimilée et digérée mais littéralement engloutie et vomie dans un blockbuster abrutissant, ne sauvant pas une franchise qui touchait déjà le fond et qui n’en sort toujours pas. Liebesman ne fait ni pire ni mieux que Leterrier, il fait juste mauvais différemment à trop vouloir rattraper les carences de son prédécesseur en jouant la carte de la surenchère gonflante en ratatinant le cerveau de ses spectateurs à grand coup d’action et d’effets spéciaux non-stop. On est sort au bord de l’agonie, aveugle et sourd.
Bande-annonce :
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