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UPGRADE de Leigh Whannell : la critique du film

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Carte d’identité :
Nom : Upgrade
Père : Leigh Whannell
Date de naissance : 2018
Majorité : 03 octobre 2018
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h35 / Poids : 5 M$
Genre
: Action, SF

Livret de Famille : Logan Marshall-Green, Betty Gabriel, Harrison Gilbertson…

Signes particuliers : Une bonne petite série B efficace et pas si bête !

D’HOMME GENTIL A MACHINE À TUER

LA CRITIQUE DE UPGRADE

Résumé : Après la mort de son épouse lors d’une violente agression qui l’a laissé paralysé, Grey Trace est approché par un inventeur milliardaire qui propose de lui administrer un remède expérimental qui va « upgrader » son corps et ses facultés. Désormais doté d’un implant fonctionnant à l’intelligence artificielle, Grey voit ses capacités physiques décuplées et se lance dans une mission vengeresse, afin de faire payer ceux qui ont tué sa femme.

Tout va bien pour Blumhouse et son Jason Blum de patron. Le studio enchaîne les films, les succès et les marques de reconnaissance (le carton mondial de l’oscarisé Get Out trotte encore dans les têtes). Surtout, Blumhouse reste dans sa logique de production où les films de genre prédominent, où les petits budgets sont une méthode, où l’on donne sa chance aux mecs de valeur, et où l’on n’excluent pas quelques aventures illustrant une volonté de diversification (BlacKkKlansman par exemple). Et justement, le petit dernier, Upgrade, est parfaitement rangé dans cette démarche. Réalisation du besogneux Leigh Whannell (créateur des sagas Saw et Insidious) qui s’est approprié un budget de moins de 5 millions, Upgrade est une tentative de thriller de SF drapé dans un esprit de cinoche de genre. L’histoire d’un homme laissé paralysé après une violente agression où sa femme a été assassinée. C’est là qu’entre en scène un inventeur milliardaire qui lui propose d’être le « cobaye » d’une expérience : se faire implanter une puce révolutionnaire qui va upgrader son corps et lui rendre au passage, ses facultés motrices. Grâce à elle, Grey va pouvoir se lancer dans une croisade vengeresse contre les criminels qui ont butté sa bien-aimée.

A la lecture du pitch, on pouvait craindre qu’Upgrade soit un énième et vulgaire vigilante movie de série B avec une énième et vulgaire histoire de croisade vengeresse. En somme, un miséreux Death Wish ou un sous John Wick teinté de science-fiction, le tout alors que le dispensable Peppermint est actuellement en salles. Mais alors que l’immédiate tentation de crier au ras-le-bol pointait le bout de son nez, Upgrade n’allait pas tarder à prendre soin de marquer sa différence en exposant assez vite les qualités qui seront les siennes. Et de fil en aiguille, la petite péloche énervée de Leigh Whannell de trouver le moyen de se hisser vers le sympathique plaisir coupable, régressif et fun, mais surtout vers la bonne surprise relativement classe malgré ses modestes moyens !

Pour la faire courte, Upgrade suit un chemin très balisé au niveau narratif avec une mécanique que l’on connaît tous par cœur. Whannell savait pertinemment qu’il aurait peiné à vouloir révolutionner scénaristiquement un genre sucé jusqu’à la moelle, et ce malgré l’apport d’une touche de science-fiction. De fait, le scénariste-cinéaste va alors s’appliquer à injecter de la personnalité à son métrage en allant puiser ailleurs. Cet ailleurs, c’est dans son esthétique, qui va se mettre au service de l’essence fondamentale de sa série B. Ultra-stylisé et reprenant les codes formels de certains jeux vidéos (Deus Ex notamment), Upgrade échappe au carcan du simple actioner lambda et s’auto-sublime par et pour ses scènes d’action, toutes d’une beauté furieuse foudroyante. Plutôt que de jouer du montage pour surdécouper ses scènes afin de leur insuffler un dynamisme factice, Leigh Whannell privilégie une véritable synergie entre les mouvements de caméra et l’action hard-boiled qu’ils filment. Le résultat graphique, couplé à une violence viscérale, est à la fois détonnant, formellement original et émotionnellement immersif.

Mais si l’on n’est pas prêt d’oublier ces morceaux de bravoure qui tendent à prouver qu’il n’est nul besoin d’avoir des dizaines de millions de dollars pour faire preuve d’inspiration, Upgrade montre aussi que vigilante movie ne rime pas nécessairement avec simple fun soumis à une bêtise assumée. Loin d’être bête, le scénario de Leigh Whannell profite de ce qu’il à offrir pour réfléchir sur le genre et sur les thèmes qui le soutiennent. Exploitant non sans malice son concept d’un homme qui n’est finalement que l’enveloppe d’une intelligence artificielle qui agit à sa place (lui épargnant ainsi la responsabilité de ses actes), Upgrade s’interroge sur la bestialité humaine, ce qu’il reste d’humain quand on est accroc à la violence, et sur le renoncement à toute humanité. Le tout résumé dans un final dont l’amère noirceur amère est aussi incroyable qu’inattendue. Un concentré d’adrénaline jubilatoire, visuellement beau et intelligent ? Que demande le peuple. En tout cas, le cocktail est suffisamment maîtrisé pour que l’on soit indulgent sur les petits défauts comme des personnages secondaires un peu grossiers et une intrigue assez linéaire, typique de ce genre de série B fagotée avec les moyens du bord.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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