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TWIST A BAMAKO de Robert Guédiguian : la critique du film

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Nom : Twist à Bamako
Père : Robert Guédiguian
Date de naissance : 2021
Majorité : 05 janvier 2022
Type : sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 2h09 / Poids : NC
Genre : Drame

Livret de Famille : Stéphane BakAlicia Da Luz GomesSaabo Balde

Signes particuliers : Guédiguian quitte Marseille et plonge dans l’histoire du Mali.

L’HISTOIRE D’UN IDEAL BALAYÉ 

NOTRE AVIS SUR TWIST A BAMAKO

Synopsis : 1962. Le Mali goûte son indépendance fraîchement acquise et la jeunesse de Bamako danse des nuits entières sur le twist venu de France et d’Amérique. Samba, le fils d’un riche commerçant, vit corps et âme l’idéal révolutionnaire : il parcourt le pays pour expliquer aux paysans les vertus du socialisme. C’est là, en pays bambara, que surgit Lara, une jeune fille mariée de force, dont la beauté et la détermination bouleversent Samba. Samba et Lara savent leur amour menacé. Mais ils espèrent que, pour eux comme pour le Mali, le ciel s’éclaircira…

Robert Guédiguian quitte Marseille et s’exile à Bamako le temps d’un twist. Enfin, au Sénégal dans les faits (pour d’évidentes raisons de sécurité, le film n’ayant pas pu être tourné au Mali). C’est une exposition des photographies de Malick Sidibé qui a tout déclenché chez Guédiguian. La beauté et la force de ses clichés montrant une jeunesse dansant sur le twist en portant sur leurs visages souriants, leurs idéaux d’un nouveau départ post période colonialiste a touché le cinéaste qui s’est intéressé à cette bascule en 1962 lorsque le Président Modibo Keita s’est lancé dans une transition vers un vrai socialisme idéologique pour transformer le pays et inspirer l’Afrique. Le regard du réalisateur marseillais contemple cette page de l’histoire à travers le destin de deux jeunes maliens amoureux mais confrontés aux réalités du traditionalisme et de ses lois.
Avec Twist à Bamako, Guédiguian signe un film balancé entre la lumière de l’espoir et la mélancolie d’un échec. Et le spectateur d’être autant emporté par le tourbillon d’une exaltante aventure prometteuse qu’effrayé par ce qui se dessine à l’horizon, assombrissant ce futur tellement souhaité. Ou quand les rêves d’une société idéale s’effrite devant les pieds de complications dessinant une lente marche vers la dictature. Peut-on « imposer la liberté » et comment ? L’oxymore résume bien ce qu’illustre Twist à Bamako, où un coup d’œil sur une page majeure de l’histoire du Mali (et par extension de l’histoire africaine). En 1962, le Mali se destinait à une révolution fantastique. Mais vouloir et pouvoir sont deux choses bien différentes et le pays l’a bien compris quand les idéaux des uns se sont entrechoqués avec le mécontentement des autres. La transition demandait du temps, le pays et une partie de ses concitoyens n’en avaient pas. Au-delà de la tragédie historique sur le Mali changeant des années 60, Twist à Bamako est surtout une réflexion politique inspirée et inspirante sur le socialisme d’abord et sur l’idéal révolutionnaire ensuite. Robert Guédiguian y exprime une idée simple, pour qu’une révolution marche, elle doit frapper vite, fort et ne jamais renoncer à ses bases. Un premier compromis sur les fondations de l’acte est comme un premier ver dans une pomme, avant qu’elle ne pourrisse.
Les grandes destinées au cinéma ont toujours besoin d’un angle intime pour être racontées, de sorte que le public ait une branche à laquelle s’accrocher pour traverser l’Histoire avec un grand H. Guédiguian a choisi une romance, le biais parfait pour illustrer une jeunesse regardant vers l’avenir avec des espoirs radieux. Et une romance tragique en l’occurrence, pour bien souligner le sentiment d’échec cruel. Le mélange narratif fonctionne, Twist à Bamako naviguant entre ses utopies personnelles et générales. On regrettera seulement des comédiens généreux dans l’envie mais pas toujours justes dans le jeu et surtout une lecture un peu trop lisible et didactique, pour ne pas dire cousu de fil blanc.

 

 

Par Nicolas Rieux

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