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VAL de Leo Scott et Ting Poo : la critique du film

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Spectateurs

 

Nom : Val
Pères : Leo Scott et Ting Poo
Date de naissance : 2021
Majorité : 20 janvier 2022
Type : sortie VOD
Nationalité : USA
Taille : 1h49 / Poids : NC
Genre : Documentaire

Livret de Famille : Val Kilmer, Jack Kilmer…

Signes particuliers : Hugh Jackman avait tweeté sur le documentaire pour dire tout le bien qu’il en pensait. Il avait raison. Val est magnifique ! 

VAL KILMER SE RACONTE

NOTRE AVIS SUR VAL

Synopsis : Pendant plus de 40 ans, Val Kilmer, icône rebelle du cinéma (Top Gun, The Doors, Batman…), a filmé sa vie. Ses archives inédites dévoilent les coulisses d’Hollywood : tournages mythiques, séquences avec Marlon Brando, Sean Penn… Sans concession, ce documentaire dresse le portrait poignant d’un artiste libre et passionné.

Val. Juste Val. Tout simplement. Le titre est sobre. Et il illustre à la perfection ce qu’il annonce, une sorte d’autoportrait profondément sincère et émouvant d’un Val Kilmer qui se raconte en toute modestie (ou presque). L’acteur culte starifié par les succès de Top Gun, Willow, The Doors, Tombstone ou Batman & Robin a eu une caméra quand il était très jeune. Elle ne l’a jamais quitté, elle ou ses successeurs. Boulimique du souvenir, fasciné par l’image, Val Kilmer va filmer quasiment toute sa vie. Une vie qui tenait jusqu’ici dans des cartons soigneusement rangés dans un entrepôt. Aujourd’hui, c’est une légende malade qui a exhumées ces K7 pour les confier au duo Leo Scott et Ting Poo. Ensemble, ils les ont visionnées, dérushées, triées, compilées. La star d’hier n’est aujourd’hui plus qu’un fantôme balayé par un terrible cancer de la gorge. Val Kilmer est marqué par ce trou dans la gorge qui lui sert pour respirer, manger et s’exprimer non sans difficultés. C’est donc son fils qui lui prête sa voix pour réciter en off le texte de sa vie.
Dans ces bandes digitalisées, toute une carrière, toute une vie donc. Des premiers films en super 8 tournés avec son frère aux images de coulisses de tous les gros films dans lesquels il a joué en passant par ses débuts, sa famille, ses enfants, son existence d’aujourd’hui entre douleurs, nostalgie et conventions où il signe des autographes, tout Kilmer est dans Val. Dans ce portrait d’acteur, dans ce portrait d’une existence « magique » marquée par des hauts, des bas, des réussites, des échecs, des certitudes, des doutes, des espoirs transformés ou encore en attente.

 

Le plus fascinant dans Val, c’est de voir à quel point le documentaire saisit avec une extrême subtilité les différentes facettes d’un artiste que l’on pensait connaître… et que l’on ne connaissait finalement pas si bien que ça. De Val Kilmer, on avait cette image d’un acteur emblématique d’une époque, mais dont la carrière a fini un peu en eau de boudin. On avait l’image souvent relayée d’un acteur insupportable, compliqué à gérer, difficile sur les tournages, sans cesse en conflit avec ses réalisateurs ou ses partenaires. John Frankenheimer exprimera son désir de ne plus jamais avoir affaire à lui. Jim Carrey dira, post-Batman, qu’il a été l’une des pires personnes avec qui il ait pu travailler. Le tournage avait été un calvaire. Comme celui de L’île du docteur Moreau. Comme celui de Red Planet. Le point commun ? On vous le donne en mille. Val Kilmer ou un acteur infernal à l’ego surimposant ? C’est ce que l’on a souvent pensé, c’est ce que les médias « gossipeurs » ont souvent étalé. Et s’il y avait autre chose ? Quelque-chose de plus profond ? Quelque-chose de plus intéressant à creuser ? Val répond à cette interrogation en dressant le portrait d’un homme extrêmement intelligent, extrêmement cultivé, qui rêvait sûrement de bien plus que ce que sa carrière l’a amené à faire. Il avait étudié à la prestigieuse école Julliard, il aimait le théâtre, l’art, Kubrick et Mark Twain. Quand on est un jeune premier, Batman, « ça ne refusait pas » dit-il. Mais avec le recul, était-ce ce dont il rêvait vraiment ? Son modèle était Marlon Brando. Il aura la chance de le rencontrer. Et la malchance que ce soit sur une production catastrophe et catastrophique. Encore un rêve gâché. Comme celui de réaliser un film sur l’écrivain Mark Twain basé sur une pièce qu’il a écrite, portée, jouée, avant que le cancer ne mette fin à son projet pour lequel il avait vendu ses biens les plus précieux.
Il y a de nombreux moments forts dans Val. Comme cette convention au Texas où l’acteur se retrouve face à un public fan de ce qu’il a été dans le passé et qu’il ne peut plus être aujourd’hui. Déchirant. Comme ce Comic Con où, très affaibli, il tente de faire bonne figure. Comme ces images de coulisses du tournage de Top Gun, sa vraie première rencontre avec Joanne Whalley ou encore ce final dans lequel on le voit à la poursuite d’un rêve inachevé. Le montage très intelligemment mené par le duo Leo Scott et Ting Poo, le texte parfois très poétique de Val Kilmer, les instants de grande fragilité, l’émotion qui se dégage constamment d’un film qui en dit plus qu’il n’y paraît, Val est un bijou dressant le portrait d’une icône qui voulait être libre, peut-être un peu trop dans un Hollywood qui n’aime les francs-tireurs, les belles gueules savantes et les rebelles insoumis. Et c’est très probablement ce qui a précipité sa chute.
Et l’honnêteté du regard dans tout ça ? Dans certains recoins nichés du film, dans des bouts de réflexions existentielles, dans des souvenirs embués, Val Kilmer exprime une grande sincérité, une volonté d’expliquer pourquoi il a pu être ce qu’il a été. Son désir de liberté s’est parfois maladroitement traduit, son amour de l’art noble l’a parfois poussé à être trop exigeant avec ses collaborateurs, davantage par volonté de tirer vers le haut les projets sur lesquels il travaillait que par réelle méchanceté. Sauf qu’à Hollywood, quand vous êtes payés pour prêter votre nom, votre statut et votre belle gueule, on ne veut pas vous entendre l’ouvrir sur comment faire ci ou ça. Et ça, c’était Val Kilmer. Néanmoins, il passe sous silence sa haine pour Jim Carrey sur Batman (endossant au passage le rôle de la victime). Il n’a pas été exempte de tout reproche sur L’île du Docteur Moreau… Et rappelons, pour l’anecdote amusante (qui n’est pas dans le documentaire), qu’à l’âge de 12 ans, il a quitté le plateau d’une publicité pour des hamburgers parce qu’il ne parvenait pas à « trouver l’essence de son personnage ». Ca plante un caractère quand même. Où est la frontière du vrai et de la perception ? Val laisse songeur par moments. Mais on en retient surtout un formidable moment tendre, drôle et bouleversant, partagé en compagnie d’un comédien finalement plus riche, plus marginal et plus inclassable qu’on ne le pensait.

 

 

Par Nicolas Rieux

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