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THE UNINVITED – LA FALAISE MYSTÉRIEUSE de Lewis Allen : la critique du film [Blu-ray]

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THE UNINVITED-Packshotnote 3 -5
Nom : The Uninvited
Père : Lewis Allen
Date de naissance : 1944
Majorité : 1er juin 2016
Type : Sortie Blu-ray/DVD
Nationalité : USA
Taille : 1h45 / Poids : NC
Genre : Fantastique

Livret de famille : Ray Milland, Ruth Hussey, Gail Russell, Donald Crisp, Alan Napier, Cornelia Otis Skinner…

Signes particuliers : Un classique oublié du cinéma fantastique des années 40.

UNE HISTOIRE D’AMOUR ET DE FANTÔMES…

LA CRITIQUE

Résumé : Charmés par la découverte d’un manoir surplombant une falaise, Roderick Fitzgerald et sa soeur Pamela décident de l’acheter. mais à peine installés, le calme apparent des lieux est troublé par d’inquiétants sanglots de jeune femme…The_uninvited_2L’INTRO :

Egalement connu sous le titre français La Falaise Mystérieuse, The Uninvited est une sorte de classique oublié, réalisation du peu renommé Lewis Allen, dont c’était là le premier long-métrage, sorti en 1944. Aux côtés de l’illustre Ray Milland, on y retrouve notamment Ruth Hussey (Chantage, Indiscrétions) et surtout Gail Russell, star débutante alors promise à un bel avenir si son alcoolisme chronique n’avait pas contrarié sa future carrière. En adaptant le roman de Dorothy Macardle et en plongeant le spectateur au cœur d’une intrigue pleine de mystères entre romance et fantastique, et dont l’action se déroule dans une vieille bâtisse étrange dressée sur les bords des falaises des Cornouailles britanniques, The Uninvited ne pouvait manquer la comparaison évidente avec Rebecca, le chef-d’œuvre d’Hitchcock sorti quatre ans auparavant. Mais Lewis Allen n’était clairement pas Hitchcock et de toute manière, les deux projets ne reposent pas sur les mêmes intentions. Plus proche de la série B sans grande prétention, The Uninvited n’affichait pas des ambitions élevées et se voulait avant tout, comme un pur film de genre débarrassé de toute intellectualisation.

THE UNINVITED, from left, Alan Napier, Ray Milland, Gail Russell, Ruth Hussey, 1944L’AVIS :

S’il n’est pas forcément resté dans l’histoire du cinéma et a pu s’effacer derrière les chefs-d’œuvre de son époque, c’est très probablement car le film de Lewis Allen est assez oubliable au demeurant, en dépit de quelques qualités indéniables. Davantage bon faiseur, plus que vrai génie virtuose en tout cas, Lewis Allen illustre son histoire avec une mise en scène dès plus classique, sans réelles fulgurances et très souvent factuelle et archétypale de son temps (notamment dans son utilisation des nappes musicales ou dans sa photographie surexposant les scènes romantiques ou jouant des clair-obscur). Devant sa caméra, sa brochette de comédiens cabotine souvent en déclamant des dialogues mécaniques et artificiels, et rien ne vient finalement permettre à ce modeste effort marquant l’arrivée de la Paramount dans le cinéma de genre, de réellement briller au-delà de ce qu’il affiche et propose, à l’inverse d’un L’Aventure de Madame Muir, monument à venir trois ans plus tard auquel on pensera également au détour de quelques scènes. Autre problème rencontré par Lewis Allen, un scénario qui traîne parfois la patte, peinant notamment à monter en puissance pour susciter l’angoisse et se perdant par moments, dans son mariage des registres et des tons. The Uninvited est à la fois un drame, une romance, un thriller à suspens, un film fantastique voulu effrayant de par son intrigue de maison hantée, il se permet aussi quelques incartades humoristiques, mais au final, c’est avec beaucoup de maladresses en cours de route qu’il parvient à bon port, au terme d’une histoire souffrant un peu de sa dynamique en demi-teinte, de sa prévisibilité (surtout pour ceux qui verront venir les twist) et de son hésitation à aller au bout de son postulat inquiétant.uninvited-03Finalement, ce que l’on retiendra le plus du film de Lewis Allen, ce sera ironiquement ses effets visuels matérialisant ses apparitions fantomatiques. Des effets fabuleusement réussis pour l’époque mais qui, ironiquement, sont des rajouts de producteurs, rajouts qui d’ailleurs ne passeront pas le comité de censure en Angleterre. Et si en son temps, certains avaient pu vanter l’intelligence d’Allen d’avoir emballé un film de fantôme pensé dans la suggestion plutôt que dans la monstration (façon La Féline de Tourneur – 1942), ces rajouts participant de renforcer l’ambiance onirique de ce petit film d’épouvante gothique, apparaissent pourtant comme son meilleur visage, notamment pour leur beauté visuelle. Néanmoins, si The Uninvited pourra sembler frustrant sur bien des points, reste une série B assez distrayante pour valoir le détour. Une série B considérée comme l’une des plus effrayantes de l’histoire du cinéma par rien de moins que Martin Scorsese, et dans laquelle on pourra voir quelques traits précurseurs de pas mal de classiques à venir.the_uninvited_blu-ray

L’ÉDITION BLU-RAY

Longtemps invisible et inédit en France, The Uninvited sort enfin dans une édition française -qui plus est digne de ce nom- grâce à Wild Side. L’éditeur propose ainsi de redécouvrir ce classique méconnu grâce à une édition collector de toute beauté (et on ne parle pas que de son visuel magnifique) réunissant le film en Blu-ray et DVD, le tout accompagné d’un superbe livret signé de l’historien Patrick Brion. Agrémenté de nombreuses photos, ce livret revient notamment sur la distribution, sur son auteur Lewis Allen, sur le caractère précurseur du film (pionnier dans le cinéma américain dans le mélange fantôme & épouvante), ou encore sur cette histoire de rajouts « fantomatiques » par les producteurs peu enclins à voir l’œuvre jouer uniquement la carte du pouvoir d »imagination. De la musique à la photo en passant par les décors ou le scénario, Patrick Brion dresse un portrait assez complet de The Uninvited, dans lequel se glisse son rapport personnel à l’œuvre en guise d’analyse. Néanmoins, au-delà de ce livret davantage factuel, les cinéphiles trouveront la meilleure présentation du film du côté des compléments, notamment grâce à un long entretien (près de 50 minutes) avec le metteur en scène Christophe Gans, un amoureux du film de Lewis Allen. En infini passionné qu’il est et avec toute sa connaissance du cinéma, Gans revient plus en détails et en profondeur sur The Uninvited, et le raconte de manière absolument passionnante, revenant sur son histoire, le contexte dans lequel il a été produit, ses différents aspects artistiques etc… Hautement instructif et riche en anecdotes ou en parenthèses sur l’histoire du cinéma (notamment lorsqu’il évoque l’image de la Paramount de l’époque ou qu’il présente le film comme un trait d’union entre les productions Val Lewton des années 40 et les futures œuvres utilisant le registre du film de fantôme de façon sérieuse), cet entretien est du caviar pour les cinéphiles et une vraie balade dans l’histoire du septième art à travers un film.

EXTRAIT :

Par Nicolas Rieux

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