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STRONGER de David Gordon Green : la critique du film

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Carte d’identité :
Nom : Stronger
Père : David Gordon Green
Date de naissance : 2017
Majorité : 07 février 2018
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h59 / Poids : NC
Genre
: Drame, Biopic

Livret de famille : Jake Gyllenhaal, Tatiana Maslany, Miranda Richardson…

Signes particuliers : Jake Gyllenhaal est formidable.

L’HISTOIRE D’UN SYMBOLE DE L’AMÉRIQUE FORTE

LA CRITIQUE DE STRONGER

Résumé : En ce 15 avril 2013, Jeff Bauman est venu encourager Erin qui court le marathon : il espère bien reconquérir celle qui fut sa petite amie. Il l’attend près de la ligne d’arrivée quand une bombe explose. Il va perdre ses deux jambes dans l’attentat. Il va alors devoir endurer des mois de lutte pour espérer une guérison physique, psychologique et émotionnelle.

L’Amérique a toujours eu ce besoin d’exorciser ses traumas dans son cinéma, avec un léger temps de latence, généralement plus court que nulle part ailleurs dans le monde. Après le 11 septembre ou la guerre en Irak, c’est au tour des récents attentats qui ont endeuillé et fédéré la nation, de se retrouver propulsés à l’écran. En début d’année, Peter Berg narrait la traque des deux terroristes responsables de l’explosion d’une bombe sur la ligne d’arrivée du marathon de Boston en 2013. Quelques mois plus tard, David Gordon Green (Joe avec Nicolas Cage) lui emboîte le pas avec Stronger, un drame qui prend place dans le même contexte mais en proposant un autre regard. Ici, il n’est pas question de thriller intense relatant le travail des policiers pour capturer les deux ennemis publics, mais des victimes de l’explosion, plus particulièrement d’une victime devenue l’emblème d’un « Boston Fort », et par extension d’une Amérique résistance qui ne se laissera jamais abattre par le terrorisme lâche. Interprété par Jake Gyllenhaal, Stronger se fait le récit du vécu de Jeff Bauman, jeune homme de 28 ans dont les jambes ont été arrachées par la bombe alors qu’il était à proximité du criminel. Son aide apportée à la police, sa ténacité pour survivre et son exposition médiatique en avait fait un héros de la nation. Et comme l’Amérique aime les héros, surtout ceux du quotidien, il n’est étonnant de voir son histoire formulée en film de cinéma.

Stronger fait partie de ces films précédés par des attentes prévisibles. Concrètement, on sait d’avance à quoi s’attendre au moment de mettre un pied dans la salle. On sait qu’il sera question d’héroïsme, de patriotisme, de nation rassemblée autour d’un symbole de la force de l’Amérique, on sait que l’histoire proposée jouera largement la carte de l’émotion, qu’elle sera inspirante et édifiante, et l’on sait que Jake Gyllenhaal sera formidable comme toujours… Et c’est peut-être un peu le problème au final. D’un bout à l’autre, Stronger ne dévie jamais de cette ligne sans surprise et franchit un à un, tous les moments attendus balisant son histoire confectionnée avec un souci permanent d’efficacité émotionnelle, plus que répondant à un souhait de proposer quelque-chose de vraiment original. Si l’on ne pourra que louer l’honnêteté de l’approche cherchant à rendre fidèlement le quotidien de cet homme fauché par le terrorisme, entre moments dramatiques et moments cocasses prenant racine dans la tragédie, reste que le long-métrage de David Gordon Green manque de ce petit plus qui lui permettrait de faire la différence. Peut-être plus de mesure dans son côté mélo, un peu plus de mesure dans sa propension à soulever le patriotisme pour bien marteler son propos rendant hommage à l’Amérique fière, ou peut-être un peu plus de finesse dans son ode à la résilience.

Cédant souvent à la facilité et pas dépourvu d’une pointe de cynisme alors qu’il dénonce la récupération médiatique autour de la figure Jeff Bauman, récupération à laquelle il participe quelque part en tant que long-métrage glorificateur, Stronger a pour lui trois mérites. Le premier se nomme Jake Gyllenhaal qui, comme à chaque fois, pourrait faire un candidat logique et facile à l’Oscar tant sa prestation brille de sincérité. Le second concerne les seconds rôles qui gravitent autour de lui, formidables Tatiana Maslany en compagne courageuse et Miranda Richardson en mère inconsciente de ses actions. Enfin, le troisième est à aller chercher dans la manière dont Gordon Green tente de capter la psychologie fissurée de son personnage, volontaire en façade, ravagé à l’intérieur, et dont la trajectoire va passer par différents états allant de l’autodestruction à la méchanceté en passant par le courage et l’envie. De manière générale, le réalisateur s’applique à ne jamais chercher à rendre ses personnages évidemment sympathiques et les nuances de chacun sont probablement ce que le scénario a de meilleur à offrir. A côté de ça, l’ensemble pèche un peu par sa fadeur et par ses longueurs.

BANDE ANNONCE :


Par Nicolas Rieux

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